Plaidoyer pour un Plan d'épargne immobilière populaire

La pierre papier continue de se développer. Cette année, aux cotés des anciennes SCPI, les sociétés civiles de placements immobiliers, vont être lancées les nouvelles OPCI, les organismes de placements collectifs immobiliers. Pour encore élargir et démocratiser l'accès à cet investissement, Serge Blanc , spécialiste de la pierre papier *, imagine un plan d'épargne immobilière populaire.

Dans le cadre des échéances électorales de 2007, les bribes de programmes politiques rendues publiques à ce jour sont muettes sur un sujet qui devrait cependant à plus d'un titre faire l'objet de la plus grande attention.

Il est en effet avéré que les besoins de la France en matière de construction sont énormes. D'autre part, pour des raisons démographiques admises par tous les partis, chacun est désormais appelé à épargner pour sa retraite. Nos concitoyens y-compris les candidats à l'élection présidentielle savent que le déséquilibre des régimes par répartition doit conduire les pouvoirs publics à encourager un troisième pilier basé sur la capitalisation. Dans ce contexte de gestion d'actifs, l'immobilier trouve naturellement sa place au côté de l'assurance vie et des formules liées à la Bourse. Enfin, le bâtiment est une formidable machine à créer des emplois.

La notion d'immobilier couvre ici tout un volet de notre économie qu'il est indispensable de soutenir au moyen d'une politique volontariste visant à la réorientation de l'épargne. Il englobe le secteur privé avec l'habitat et l'immobilier commercial (bureaux, locaux d'activité) et comprend également le secteur public, para-public et social : crèches, hôpitaux, maisons de retraite, collèges, lycées, universités ... Quelques chiffres officiels donnent la mesure des besoins : la France doit construire environ 500 000 logements par an ; la rénovation des bâtiments publics nécessite plusieurs dizaines de milliards d'euros ; l'échelle de grandeur dans le domaine des maisons de soins et de retraite est également le milliard d'euros ; dans l'habitat social, la seule démolition-reconstruction devrait concerner plus de 30 000 lots par an.

En l'absence de ressources financières publiques suffisantes, encourager l'épargne privée immobilière est d'autant plus indispensable qu'à l'heure des délocalisations assumées ou rampantes, en achetant une action cotée à Paris on ne peut toujours être certain de contribuer à l'accroissement de l'activité ou au développement de l'emploi en France. En revanche, l'investissement dans la construction d'un supermarché ou la rénovation de logements, implique un "contrat social" porteur de fruits sur l'emploi. Lorsque vous achetez une part de SCPI vous contribuez directement à assurer plusieurs dizaines d'emplois tout au long d'une chaîne qui va du conseiller qui recueille votre souscription à l'apprenti qui posera la moquette dans un des locaux que vous financez.

Deux pistes au moins peuvent être explorées.

La première ne nécessite qu'une minime adaptation fiscale : étendre à la pierre-papier le bénéfice du micro-foncier (abattement de 40% sur les revenus fonciers) actuellement réservé aux seuls propriétaires de biens immobiliers en dur. La "veuve de Carpentras" qui n'a investi que quelques centaines d'euros en parts de SCPI est exclue de ce dispositif avantageux. Est-il bien juste et équitable de favoriser ceux qui ont les moyens d'investir d'importants capitaux ?

La seconde mesure consisterait à créer, à l'image du PEA, le plan d'épargne immobilière populaire (PEIP). En contrepartie d'un engagement de conservation des parts de SCPI ou de FPI (les fonds de placement immobilier à revenus fonciers) acquises dans ce cadre le titulaire bénéficierait d'exonérations au titre des revenus et des plus-values.

La mise en oeuvre du PEIP est à notre portée. Les instruments juridiques et les supports collectifs de placement immobilier existent d'ores et déjà. Il reste à l'exécutif d'inscrire l'épargne en immobilier au rang des grandes causes nationales, et à intégrer à la réflexion l'ensemble des intervenants : fédérations du bâtiment, des travaux publics et de l'artisanat, associations d'épargnants (APPSCPI, l'association des porteurs de SCPI), instances du 1%, organismes HLM, ASPIM, voire collectivités intéressées par la formule du partenariat public-privé.


* Président du Conseil de surveillance de GénéHabitat, membre de divers conseils de surveillance de SCPI, gérant de AAAZ SCI.

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