Allemagne : le destin politique d'un ex-rival de Merkel se joue cette semaine

A la fois président de la Bavière depuis 1993 et patron de la CSU, alliée de la CDU, Stoiber pourrait tout perdre dans les prochains jours. Le départ forcé de cette figure marquante de la politique outre-Rhin faciliterait le travail de la chancelière à Berlin.

Edmund Stoiber rêverait d'un plébiscite à la Sarkozy venant de ses propres troupes. Mais rien n'est moins sûr, l'avenir du chef du parti chrétien-social CSU et ministre-président de la puissante Bavière étant aujourd'hui plus que jamais compromis. Ce personnage influent de la politique fédérale est, à 65 ans et après quatorze années de règne depuis Munich, victime d'une usure du pouvoir accélérée. Il va jouer à compter de demain son va-tout dans la petite ville thermale de Wildbad Kreuth qui accueille comme de tradition chaque mois de janvier le séminaire des groupes parlementaire CSU au Bundestag et au parlement régional.

Une réunion qui devrait décider si Stoiber brigue ou non un quatrième mandat à la tête du land de Bavière, dont le parlement régional doit être renouvelé l'an prochain. Ces derniers jours, plusieurs hauts responsables du parti et membres de son gouvernement se sont rangés derrière l'homme au cheveux d'argent.

Mais la critique qui sourd depuis la base des députés pourrait le contraindre à s'en aller. Sans parler véritablement de putsch, l'entreprise de déstabilisation interne de Stoiber a pris un coup d'accélérateur depuis que des reproches lui ont été faits d'avoir tenté d'obtenir des informations sur la vie privée d'une femme, Gabriele Pauli, menant la ligne d'opposition dans le parti.

"Je me bat pour mes objectifs, pour le succès de la Bavière et de la CSU", a simplement déclaré Stoiber, aujourd'hui très occupé par la préparation de la réunion cruciale de demain. Pas facile de jeter l'éponge en étant à la tête du parti politique le plus performant d'Europe. La CSU a obtenu 60% des voix aux dernières élections de 2003 et règne sans partage sur la Bavière depuis 50 ans. Le bilan économique du président de région est par ailleurs brillant, le PIB bavarois ayant grimpé de 28% depuis 1995, ce qu'aucune autre région en Allemagne n'a pu atteindre. La dette publique par habitant est inférieure à 2.000 euros et le plein-emploi est proche, avec un taux de chômage de 6% au sens des statistiques européennes.

Seulement voilà, la majorité de la population bavaroise (69%) ne veut plus de Stoiber comme président de la région jusqu'en 2013, selon un sondage du magazine Stern. En se représentant tout de même, ce dernier ne serait aujourd'hui plus sûr d'obtenir la majorité absolue, ce qui serait un séisme pour la CSU.

Pour succéder à Stoiber circulent déjà plusieurs noms, dont le ministre régional de l'Intérieur, Günther Beckstein, comme les ministres fédéraux de l'économie Michael Clos et de l'agriculture Horst Seehofer. La guerre des chefs ne fait sans doute que commencer.

L'histoire retiendra de Stoiber qu'il avait écarté en 2002 Angela Merkel de la course à la Chancellerie avant d'échouer d'un rien contre l'ex-chancelier Gerhard Schröder. En 2005, Merkel réussissait à renverser l'homme fort du SPD. Tandis que Stoiber voyait son étoile pâlir après avoir refusé de diriger un super-ministère de l'Economie et de la Recherche qu'il convoitait pourtant, histoire de faire jouer à la CSU son rôle de contre-poids à Merkel.

Depuis Munich, Stoiber cherche encore à faire la pluie et le beau temps à Berlin. Et tout récemment encore, en menaçant de faire capoter le texte sur la réforme de la santé à la chambre des régions (Bundesrat). La chancelière et dirigeante de la CDU pourrait de fait être la gagnante d'un départ précipité de Stoiber, en pouvant compter sur une ligne plus docile de l'allié chrétien-social dans la conduite des réformes.

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