Enel veut lancer son offre sur Endesa "aussitôt que possible"

L'acquisition conjointement avec Acciona du groupe d'énergie espagnol Endesa permettrait à Enel "d'avoir le profil européen" qu'il recherche, justifie le patron d'Enel devant la communauté financière londonienne. L'autorité boursière espagnole ne les autorise pour le moment à le faire qu'au plus tôt six mois après la fin de l'offre concurrente en cours lancée par l'allemand E.ON, soit au plus tôt septembre prochain.

Enel a justifié ce matin devant la communauté financière londonienne son offensive pour prendre le contrôle de son concurrent espagnol Endesa par la nécessité de devenir "un grand acteur européen intégré". L'opération - menée de concert avec le groupe espagnol Acciona - pour acquérir Endesa "nous donne le profil européen que nous recherchons" a déclaré l'administrateur délégué d'Enel, Fulvio Conti. "Nous lancerons notre offre [OPA sur Endesa] aussitôt que possible" a-t-il indiqué.

L'autorité boursière espagnole CNMV ne les autorise pour le moment à le faire qu'au plus tôt six mois après la fin de l'offre concurrente en cours lancée par l'allemand E.ON, soit au plus tôt septembre prochain. "Nous allons déposer un recours à ce propos" signale Fulvio Conti.

Enel a acquis ces dernières semaines pour près de 25 % du capital d'Endesa, dépensant près de 10 milliards d'euros au total. Un montant qui s'ajoute à la dette totale du groupe à fin décembre dernier soit 11,7milliards d'euros. L'agence de notation Fitch a d'ailleurs placé le groupe italien sous "surveillance négative" la note financière dans la perspective de l'OPA conjointe sur Endesa. Fitch conditionne "une éventuelle baisse de la note d'Enel" à "la capacité du groupe à mettre en oeuvre un plan de refinancement flexible, de potentiels cessions générant des liquidités et l'engagement à rétablir sa situation financière".

D'après Fulvio Conti, Enel "n'a pas besoin de procéder à une augmentation de capital" pour faire face à ses dépenses. L'Etat italien contrôle encore 32% de son capital. L'an dernier Enel a dégagé un bénéfice net de 3, 03 milliards d'euros, soit une faible hausse de 1,4 % à périmètre égal par rapport à l'exercice précédent (hors cession de son réseau à Terna notamment).Au-delà de l'opération Endesa, Enel prévoit d'investir 13 milliards d'euros en cinq ans dans ses activités à l'international, dont 9 milliards au total en Europe de l'Est et en Russie.

Ce sont ces activités à l'étranger qui doivent d'ailleurs permettre à Enel de doubler la progression annuelle de son résultat opérationnel avant dépréciations et amortissements (Ebitda) pour atteindre un rythme de 6 % durant les cinq prochaines années, signale le directeur financier d'Enel, Luigi Ferraris. Enel ne produit encore que 20 % de son électricité en dehors d'Italie, ses filiales internationales ne contribuant qu'à hauteur de 11,4 %à son résultat opérationnel..

Malgré l'échec de ses ambitions sur Suez l'an dernier, Enel maintient les marchés belges et français comme une de ses zones d'intérêt. "Il y a plusieurs éléments intéressants que nous voulons développer en France et en Belgique" a indiqué Fulvio Conti, se déclarant intéressé par la construction de centrales en France ainsi que de nouveaux projets dans les énergies renouvelables et le nucléaire (Enel est déjà partie prenante à l'EPR de Flamanville). Mais seuls 500 millions d'euros sont prévus au total pour des investissements d'ici 2011 dans l'Hexagone et en Belgique.

En mettant la main sur Endesa, Enel prendrait toutefois le contrôle du numéro trois français de l'électricité, l'ex SNET (aujourd'hui Endesa France) En 2006, Enel a vendu pour 5 térawatts-heure (TWh) d'électricité en France. Il considère d'ailleurs "qu'au bout du compte, il y aura un marché intégré de l'énergie entre la France, l'Allemagne et la Belgique".

Nouveaux crocs en jambes dans la partie énergétique autour de l'espagnol Endesa.
Pour bloquer l'offensive d'Enel et son allié espagnol Acciona, qui ensemble contrôlent déjà 46 % du capital d'Endesa, le président de l'énergéticien espganol, Manuel Pizarro, réfléchit, selon le quotidien espagnol Expansion, à les soumettre à l'actuelle limitation de droits de vote à 10 % en vigueur pour un actionnaire individuel. L'administrateur délégué d'Enel, Fulvio Conti, a immédiatement rétorqué que "si c'était vrai, nous pourrions nous aussi demander la symétrie parfaite de traitement et faire limiter les droits de vote à 10 % d'E.ON et la Caja de Madrid", soit les deux alliés de l'OPA concurrente actuellement en cours et qui doit être close le 3 avril.
Conti a, par ailleurs, souligné que toute l'opération menée jusqu'ici "a été totalement légale" et a respecté la législation espagnole. L'Allemand E.ON a en effet annoncé qu'il saisirait les autorités compétentes contestant la régularité de l'opération lancée par Enel et Acciona.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.