Nouveau gouvernement : la gauche dénonce une opération de communication

Après l'annonce ce matin de la composition du gouvernement, les partisans de l'UMP se félicitent de la mise en place de l'équipe Fillon, tandis que le PS et le PC dénoncent un gouvernement de droite dure, dissimulé derrière une fausse volonté d'ouverture.

Aussitôt après l'annonce de la composition du gouvernement de François Fillon, Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a estimé que cette équipe "s'inscrit dans la continuité des années Chirac" et repose sur "de gros effets de communication pour masquer une simple rotation ou le retour d'anciens ministres aux postes clés".

L'ouverture à gauche pratiquée par Nicolas Sarkozy est également sévèrement jugée par le député-maire de Nantes. "L'ouverture se limite à une personnalité sans frontières, à un haut fonctionnaire, et à un débauchage individuel dont les pouvoirs sont soigneusement placés sous tutelle directe de l'Elysée". Et Jean-Marc Ayrault ajoute que "c'est un gouvernement de campagne électorale qui vise à obtenir les pleins pouvoirs pour mettre en oeuvre la politique de continuité en pire, annoncée par Nicolas Sarkozy". L'élu socialiste demande donc aux Français pour les prochaines élections législatives de "donner la représentation la plus forte à la gauche" pour assurer "un contrepoids".

La réaction du premier secrétaire du parti François Hollande ne s'est, elle aussi, pas fait attendre. Après la nomination de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères du gouvernement Fillon, il a annoncé que celui-ci n'était "plus membre du Parti socialiste". Le dirigeant socialiste a dénoncé "la pseudo ouverture" du gouvernement Fillon qui se "résumait à une aventure individuelle, celle de Bernard Kouchner qui devient un ministre de plus dans un gouvernement de droite".

Selon le premier secrétaire, "le gouvernement de Nicolas Sarkozy est à l'image de celui qui l'a composé: bien à droite et soucieux essentiellement de l'apparence". "C'est un gouvernement RPR-UMP", a-t-il poursuivi, car il compte "pas moins de deux anciens présidents du RPR, Alain Juppé et Michèle Alliot-Marie" et "la plupart de ses membres sont des ténors, anciens ou jeunes, de l'UMP". "On voit bien le souci de préoccupation de la manoeuvre, de l'illusion, de l'apparence, de la tactique", a-t-il conclu.

Pour le député PS Claude Bartolone, "on continue dans l'Etat spectacle". S'exprimant sur LCI, il a affirmé que "c'est un parallèle que l'on peut établir avec le festival de Cannes. Depuis 48 heures on a eu la bande annonce du film de Sarkozy: la jeunesse, l'amour, l'émotion. Aujourd'hui, les acteurs, quelques nouveaux pour masquer le retour de l'Etat RPR, les traîtres qui sont toujours nécessaires dans un film à suspense. Mais les Français ne se laisseront pas avoir, ils savent très bien qu'après la bande annonce, il y a la réalité".

Pour le Parti communiste, "l'ouverture annoncée avec fracas par Nicolas Sarkozy, et tambourinée depuis plusieurs jours dans la presse, apparaît pour ce qu'elle est: un simple rideau de fumée destiné à faire oublier l'essentiel, une équipe gouvernementale à l'image de la droite dure et décomplexée incarnée par le nouveau président de la République". Le PCF, en difficulté après avoir réalisé son plus faible score historique au premier tour de la présidentielle, dénonce "derrière un marketing habile, une équipe resserrée et déterminée à appliquer coûte que coûte une politique extrêmement régressive, avec comme feuille de route le programme ultra-libéral du candidat de l'UMP".

A l'autre extrémité de l'échiquier politique, Jean-Marie Le Pen estime que le nouveau gouvernement est composé "d'exécutants" de Nicolas Sarkozy et "non de ministres". "Ce gouvernement, composé selon la technique de la macédoine de légumes, n'est pas souverain, il n'est que l'exécutif d'un conseil régional européen", a estimé le président du Front national dans un communiqué, regrettant que les postes de ministres des Affaires étrangères et de la Défense soient confiés à des "européistes".

Dans le camp de l'UMP, on se félicite de la formation du nouveau gouvernement. Bernard Accoyer, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, salue ainsi "la nomination d'un gouvernement d'action, d'ouverture et de réforme autour de François Fillon". "Composé de ministres d'expérience et de nouveaux talents, ce gouvernement a tous les atouts pour répondre aux attentes des Français", précise-t-il, indiquant que "pour la première fois la parité est strictement respectée au niveau des ministres" comme l'avait promis le président de la République.

Le rapporteur général du Budget à l'Assemblée Nationale, Gilles Carrez, souligne pour sa part "la pertinence" du redécoupage des ministères économiques et y voit un gage d'amélioration des comptes publics et de lutte plus efficace contre le chômage. "Lier le développement économique et l'emploi, c'est avoir une vision dynamique de l'emploi qui dépend de la bonne santé et de la compétitivité des entreprises, déclare-t-il. La baisse du chômage est liée à leurs bonnes performances".

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