Très rentable, E.ON maintient la pression sur Endesa

Le géant allemand de l'énergie E.ON a annoncé ce matin un résultat net en baisse de 32% à 5,06 milliards d'euros pour l'exercice 2006. Son président Wulf Bernotat reste convaincu de pouvoir l'emporter dans son OPA sur Endesa. Pour contrer d'envahissants minoritaires, Enel et Acciona, l'Allemand renonce pour l'heure à exiger la levée de la limitation des droits de vote statutaire de l'Espagnol.

La non récurrence d'opérations de cessions (Viterra et Ruhrgas Industries) l'an passé a fait certes chuter le résultat net du groupe d'énergie allemand E.ON de 32%, à 5,06 milliards d'euros. Sans ces effets exceptionnels, le résultat ajusté ressort en hausse de 20% à 4,4 milliards d'euros. Le résultat d'exploitation s'est quant à lui apprécié de 12% à 8,2 milliards d'euros, en profitant de tarifs de gaz et d'électricité en forte hausse. Le chiffre d'affaires a bondi de 21% à 67,8 milliards d'euros. Le groupe de Düsseldorf compte proposer un dividende par action de 3,35 euros, contre 2,75 euros l'an passé.

Davantage que ses résultats, E.ON était attendu aujourd'hui sur sa stratégie à venir pour parvenir à un succès dans son offre publique d'achat lancée fin 2005 sur l'espagnol Endesa. Deux groupes concurrents, l'italien Enel et le groupe de bâtiment espagnol Acciona, ont massivement investi en actions dans la société cible, et sont en mesure d'envoyer les projets de l'Allemand au tapis. Dans son discours prononcé devant la presse, le président d'E.ON, Wulf Bernotat, a insisté de nouveau sur la supériorité de son offre qui vise "tous les actionnaires d'Endesa", et a souligné qu'il "reste dans le jeu" pour convaincre les actionnaires de l'Espagnol d'accepter l'offre. "En ce qui concerne Enel, nous allons certainement nous efforcer d'avoir des contacts", a indiqué Wulf Bernotat lors de la conférence de presse de présentation des résultats annuels du groupe à Düsseldorf.

De son côté, la Commission européenne a engagé une nouvelle procédure à l'encontre de Madrid, exigeant que les autorités espagnoles retirent dans les sept jours les conditions qu'elles ont imposées à la fusion entre E.ON et Endesa.

Dans un communiqué, la Commission dit avoir "officiellement demandé aux autorités espagnoles de se conformer à ses décisions exigeant la suppression de certaines conditions illégales imposées par le régulateur espagnol du secteur de l'énergie (CNE) en juillet 2006 en ce qui concerne l'offre de rachat d'Endesa par E.ON, ainsi que d'autres conditions fixées par décision ministérielle du 3 novembre 2006". "En l'absence d'une réponse satisfaisante dans un délai de sept jours ouvrables", la Commission "pourra décider de renvoyer l'Espagne devant la Cour européenne de justice pour non-respect de ses deux décisions".

Hier soir, E.ON a annoncé ne plus exiger la modification des statuts de l'entreprise d'Endesa, lesquels plafonnent actuellement à 10% les droits de vote que peut détenir un actionnaire unique. L'assemblée des actionnaires de la société cible devrait en délibérer le 20 mars prochain. E.ON avait fait de la levée du plafonnement des droits de vote dans Endesa une condition à la réussite de son offre publique d'achat. En renonçant à soumettre celle-ci au vote des actionnaires du groupe espagnol, il compte "simplifier" le processus d'acquisition en cours, pour se concentrer désormais sur le gain d'un rapport de force dans l'actionnariat d'Endesa.

Une manoeuvre tactique car E.ON compte avant tout obtenir le contrôle du groupe espagnol au terme de son OPA où il propose 38,75 euros par action, ce qui valorise sa cible à 41 milliards d'euros. L'Allemand maintient ainsi l'autre condition posée, d'obtenir au moins 50,01% du capital d'Endesa au terme de son offre. Or ses mains sont pour l'heure liées. Déjà interdit d'acquérir des titres Endesa sur le marché durant l'offre en cours, le groupe de Düsseldorf n'a pas non plus le droit de relever le prix de son offre qui est ferme depuis début février, comme le lui a imposé le gendarme de la bourse espagnol. Enel a pu de son côté ramasser - à la surprise générale - 9,99% du capital d'Endesa, et s'est assuré une option pour porter sa participation à 22%. Acciona détient quant à lui 21% des titres du groupe énergétique espagnol.

Aussi, les chances pour E.ON d'obtenir la majorité de l'Espagnol, face au front méditerranéen avec Enel et Acciona, sont très minces. E.ON ne semble pas se contenter d'une participation minoritaire dans Endesa. Il veut en tout cas empêcher une influence trop forte des actionnaires concurrents à son offre, et peut se réserver de modifier les statuts de la cible concernant la limitation des droits de vote une fois qu'il y détiendra la majorité du capital.

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