Gordon Brown show à Bornemouth

Le Premier ministre britannique Gordon Brown devrait fixer le cap de sa politique lundi dans un discours attendu, prononcé au deuxième jour du congrès de son parti, le Labour,

"C'est le premier congrès travailliste depuis dix ans où le premier ministre ne doit pas s'inquiéter de Gordon Brown". Cette boutade faisait le tour des pubs, dimanche à Bornemouth, alors que s'ouvraient les assises annuelles du Labour Party. Et elle captait bien l'ambiance générale: habitués à la rivalité latente entre Tony Blair et Gordon Brown, aux luttes d'influence entre le Premier ministre et son puissant chancelier de l'Echiquier, aux rumeurs de fronde incessantes, les délégués du Labour sont arrivés au congrès, pour une fois, sans cette tension dans l'air qui a animé tous les rendez-vous précédents.

Ils sont même confrontés au phénomène inverse: si tout le pouvoir appartient au Premier ministre, toute l'attention est aussi pour lui. En voilà les preuves. Traditionnellement, le congrès s'ouvrant dimanche soir, Gordon Brown prenait la parole le lundi, Tony Blair le mardi; mercredi et jeudi la tribune était offerte aux autres ministres. Les médias avaient ainsi de quoi s'alimenter tous les jours de quelque chose de fort. Or, que fait Gordon Brown ? Montrant un sens curieux de la tradition, il se réserve la tribune du lundi, comme quand il était numéro deux, obligeant ainsi son chancelier, le fidèle et soumis Alistair Darling, à intervenir dimanche après-midi, un horaire certainement pas de pointe! Qui plus est, le Premier ministre passe à la télévision dimanche matin, interviewé par Andrew Marr, le présentateur vedette de la BBC, au cours de son programme phare de 9h30, que regardent des millions de Britanniques. La une des journaux lui est ainsi assurée pendant deux jours d'affilée. Ce n'est pas fini. Mercredi, d'après le programme du congrès, Gordon Brown se soumettra à une séance inédite de questions réponses de la part des délégués.

Commentaire d'un activiste: "ce n'est plus un congrès, c'est un rassemblement pour Gordon". Ajoutez à cela que le Premier ministre, qui a été pourtant longtemps défini, contrairement à Tony Blair, comme un ami des syndicats, pousse maintenant pour limiter le pouvoir de ces mêmes syndicats au sein du Labour Party. En prônant le principe d'un militant, un vote, il entend réduire le poids collectif des centrales syndicales. Au nom d'une plus grande démocratie interne et de l'ouverture à d'autres pans de la société civile ("charities", associations écologistes, activistes divers...), mais aussi peut-être pour éliminer des foyers de résistance potentiels. Gordon Brown superstar, donc ?

Une seule exception à cette règle, jusqu'à présent: son absence remarquée pendant la crise de Northern Rock, qu'il a laissé gérer à son chancelier, Darling, pour n'intervenir publiquement qu'une fois l'orage passé. Par expérience ou par opportunisme, à l'heure où il songe peut-être à des élections anticipées, Gordon Brown sait occuper la scène quand il a tout à gagner, et s'effacer quand quelqu'un d'autre est là pour prendre le blâme.

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