Un peintre de cour et de foi

Le Palais des beaux-arts de Lille rend hommage à Philippe de Champaigne. 75 toiles sont réunies pour redécouvrir ce portraitiste moins célèbre que certains de ces contemporains comme Rubens ou Charles Le Brun mais qui a marqué la peinture française du 17e.

Intitulée Entre politique et dévotion, cette rétrospective présente un ensemble d'oeuvres majeures de Philippe de Champaigne, dont la dernière exposition en France remonte à 1952. Cinq sections chronologiques retracent l'itinéraire spirituel et artistique de cet artiste, ami de Nicolas Poussin, et dont la peinture est considérée comme l'expression la plus accomplie du classicisme français.

D'origine flamande, Philippe de Champaigne arrive à Paris en 1921, à l'âge de 19 ans. Il se forme dans des ateliers de peintres, et son oeuvre est inspirée autant de la peinture flamande, qu'il connaît pour l'avoir étudiée, que de la peinture française classique et italienne, à travers la diffusion du caravagisme par des peintres revenus de Rome.
Champaigne a d'abord été un peintre de cour. Il devient l'un des peintres officiels de Marie de Médicis pour laquelle il réalisa la décoration du Palais du Luxembourg. Il entre ensuite au service du roi Louis XIII et de son ministre, le cardinal de Richelieu. Parmi les oeuvres célèbres, représentatives de cette époque : "le Voeu de Louis XIII", symbolisant l'offrande du royaume faite à la Vierge et "l'Allégorie de la Charité". On peut aussi admirer cinq des onze portraits qu'il a réalisés de Richelieu, dont un triple portrait, et deux portraits en pied. Le ministre de Louis XIII y est représenté comme un homme d'Etat, alors que la tradition veut que les hommes d'Eglise soient représentés assis.

Résistant aux intrigues de cour, Chamapigne fut ensuite attaché à la mère de Louis XIV Anne d'Autriche, pour qui il réalisa la décoration de ses appartements. Mais Champaigne fut aussi et surtout un peintre religieux. En 1643, il entre en relation avec le couvent cistercien de Port-Royal, et son oeuvre comprend de nombreux portraits de saints et de religieux. Ce rapprochement avec les jansénistes trouve son origine dans les évènements qui viennent de marquer sa vie : le décès de sa femme, suivi quatre ans plus tard par celui de son fils. Il place ses filles comme pensionnaires au couvent de Port-Royal. C'est à cette époque qu'il réalise son chef d'oeuvre, l'"Ex-Voto", exécuté après la guérison miraculeuse de sa fille.

A partir de 1655, il reçoit des commandes des Chartreux. Le portrait fait alors place au paysage dans sa peinture : "Paysage avec sainte Pélagie se retirant dans la solitude" et "Paysage avec les aveugles de Jéricho".
Admis comme membre fondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture, il y défend l'identité de la peinture religieuse, pour satisfaire la foi aussi bien que la raison.

Palais des Beaux-Arts de Lille, jusqu'au 15 août 2007, ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 18h et les lundis de 14h à 18h, 7,50 € (6 € tarif réduit).
Tél : 03 20 06 78 00, www.mairie-lille.fr

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