La poursuite des réformes donnerait des ailes à la croissance indienne, selon l'OMC

Le pays connaît un dynamisme économique sans précédent et affiche une grande ambition sur le long terme. Mais les chantiers à achever pour y parvenir sont immenses qu'il s'agisse du manque d'infrastructures ou des besoins en matière social et d'emploi.

Avec un taux de croissance moyen de 7% entre 2001 et 2006, l'économie indienne a réalisé une belle prouesse ces dernières années, a souligné l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans son dernier rapport consacré à l'examen de la politique commerciale de l'Inde. Pour l'année fiscale 2006-2007, le taux d'augmentation de la richesse pourrait même atteindre 9%.

"Les réformes unilatérales en matière commerciale et structurelles" mais aussi l'essor remarquable du secteur des services (plus de 54% du PIB) dont la libéralisation "a été la plus rapide" expliquent largement ce succès. Ainsi l'Inde a nettement réduit ses droits de douane, longtemps stigmatisés par ses partenaires commerciaux comme des barrières protectionnistes, à 15,8% en moyenne (hors agriculture) contre 32,3% entre 2001 et aujourd'hui. Ces droits ont également été simplifiés même s'ils restent complexes, ajoute le rapport.

Mais pour parvenir conforter un tel dynamisme (le gouvernement vise une croissance entre 8% et 10% l'an sur le long terme), le géant sud-asiatique doit s'attaquer à de vastes chantiers. "L'investissement privé est dissuadé par les forts taux d'intérêt réels, tandis que les investissements directs étrangers, avec environ 1% du Pib, demeurent décevants", note le rapport.

Autre écueil à lever, "les entreprises détenues par l'Etat reste un poids considérable sur les ressources gouvernementales et la récente décision de marquer une pause dans la privatisation aura des implications sur le soutien future que le gouvernement apportera à ces entreprises", prévient l'OMC. Cet écueil sera d'autant plus complexe à résoudre que l'Etat s'est imposé de réduire puis d'éliminer son déficit budgétaire d'ici au 31 mars 2009 dans le cadre de la loi sur "la responsabilité fiscale et la gestion budgétaire" (2003) et que le ratio recettes fiscales sur Pib est "relativement bas".

Il est en tout cas "insuffisant pour satisfaire les besoins du pays en termes de développement", qu'il s'agisse de dépenses publiques en faveur des infrastructures ou de services sociaux dont le pays a un besoin vital a moment où les inégalités se creusent, estime l'OMC. Une petite partie du chemin a déjà été réalisée. Le taux de mortalité infantile décline, passant de 68 pour 1000 au milieu des années 1990 à 58 pour 1000 en 2005, de même que le pourcentage de la population vivant sous le seuil de pauvreté, passé de 36% en 1993 à 28% en 2005.

L'alphabétisation s'améliore ainsi que l'accès à l'eau potable et aux sanitaires. Le rapport souligne à cet égard la situation de l'agriculture indienne dont la part dans l'économie continue de se contracter (18% en 2006 contre 23% en 2000) "la croissance reste lente et erratique et demeure trop dépendante des aléas climatiques, "provoquant une détresse considérable, spécialement parmi les petits paysans" qui sont aussi souvent victimes des usuriers et de la spéculation immobilière.

Pour l'avenir, l'Inde "fait face à un dilemme", considère le rapport. Le pays affiche un taux de chômage de 8,3% officiellement, l'agriculture, dont la productivité représente le sixième de celle du reste de l'économie, reste le principal employeur et surtout 10 millions d'Indiens sont attendus chaque année sur le marché du travail. Les services sont certes la principale source de création d'emploi, mais les activités y sont relativement moins intense en main d'oeuvre que l'industrie et requiert souvent une qualification dont une grande majorité d'Indiens ne disposent pas. "Il y a donc un énorme besoin de relever les niveaux de qualification (au travers de l'éducation et des stages) et de favoriser les créations d'emplois pour les moins formés dans les activités intenses en main d'oeuvre", insiste l'OMC. Tel est d'ailleurs le sens du 11e plan quinquennal et du "Programme commun minimum" engagé par l'actuel gouvernement pour assurer un emploi et des ressources minimum aux populations dans les zones rurales.

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