Vincent Bolloré répond aux critiques sur ses relations avec Nicolas Sarkozy

Dans une interview au "Parisien", le patron du groupe français présent dans le transport, la publicité et les médias plaide la bonne foi dans ses rapports avec Nicolas Sarkozy. Le propriétaire du yacht, sur lequel le nouveau président a passé quelques jours après son élection, justifie son "invitation" comme une "tradition d'accueil". Et revient sur les soupçons de connivences entre les affaires de l'Etat et celles de son entreprise.

Fouquet's, jet privé et yacht de luxe prêtés par un patron milliardaire... La polémique sur les rapports décomplexés du nouveau président de la république à l'argent ne retombe pas. Ce vendredi, c'est au tour de Vincent Bolloré, le généreux hôte des vacances de Nicolas Sarkozy, de s'expliquer dans un entretien accordé au Parisien.

Le PDG du groupe Bolloré, géant aux multiples ramifications, regrette la polémique et affirme avoir invité en toute innocence le président élu. "J'estime qu'un futur président a le droit de se reposer quelques jours", déclare-t-il, ajoutant que le bateau lui "semblait le lieu idéal pour s'assurer la plus grande paix possible". Le patron breton ajoute même qu'une fois en fonction, Nicolas Sarlozy "sera toujours le bienvenu", et confirme avoir pris en charge "personnellement" l'ensemble des frais. A la question d'une invitation lancée à Ségolène Royal, l'industriel répond sobrement: "bien sûr, si j'avais été son ami. Il se trouve que je ne la connais pas".

A l'inverse, Nicolas Sarkozy avait affirmé, lors de son séjour à Malte, connaître depuis vingt ans Vincent Bolloré. En fait d'amitié, les deux hommes sont surtout des connaissances. Mais au delà des critiques sur les vacances trop luxueuses du nouveau président, c'est bien sur les rapports entre le pouvoir politique et le monde des finances que la polémique se cristallise.

Soupçons de collusion, mélange inavouable entre l'intérêt public et celui du privé, la France reste sur une tradition de séparation stricte des sphères du pouvoir et de l'argent. Ainsi la relation affichée aussi publiquement par un chef d'Etat avec un des grands patrons français, présent notamment dans les médias, est-elle une première en France. Jusqu'ici, les amitiés entre hommes politiques et grands patrons restaient plutôt secrètes, voire même opaques. Tout juste sait-on que Jacques Chirac dînait très régulièrement chez François Pinault, aussi présent dans les médias à l'instar de Vincent Bolloré.

Reste que de telles relations sèment toujours le trouble. Ainsi, le président du groupe Bolloré et Nicolas Sarkozy avaient affirmé en réaction à la polémique que le groupe n'avait "jamais eu aucune relation commerciale avec l'Etat français". Or, ce n'est pas le cas.

Dans le cadre de sa filiale logistique SDV, le groupe de Vincent Bolloré a obtenu en 2006 l'attribution du marché du "traitement de la valise diplomatique fret" par le ministère des Affaires étrangères. Un marché d'une valeur comprise entre 1,4 million et 5,6 millions d'euros, hors taxes, pour "une durée de 48 mois à compter de la notification du marché", selon des informations disponibles sur le site Internet des Journaux officiels de la république française.

De même, la SDV s'est vue attribuer en 2005 un marché de "transports de fret par voie aérienne commerciale à la demande et pour le compte du ministère de la Défense", d'une valeur de 36 millions d'euros, hors taxes, sur 48 mois. Des marchés modestes mais symboliques, relativisés par Vincent Bolloré. Le PDG estime qu'ils ne "représentent au total même pas un pour mille du chiffre d'affaires" du groupe, ajoutant que "cela ne représente quasiment rien" dans l'activité.

Quant à la présence du groupe Bolloré dans le capital de la Société française de production (SFP), qui bénéficie de commandes publiques, le patron breton affirme n'avoir "aucun pouvoir sur la gestion" de l'entreprise. "Je ne détiens que 40% de la SFP, la majorité étant entre les mains de la famille Bari."

Malgré ces précisions, ses rapports médiatisés avec Nicolas Sarkozy n'ont pas empêché la rumeur de courir sur une éventuelle candidature au rachat de TF1 en cas de vente par Martin Bouygues, par ailleurs ami proche du nouveau président de la république. " Un chef d'entreprise ne doit pas être suspect a priori ", plaide le PDG.

Les Français se disent majoritairement "pas choqués" par les vacances luxueuses de Nicolas Sarkozy
D'après un enquête de CSA-Cisco rendue publique jeudi, 65% des Français se déclarent "pas choqués" contre 31%, par les quelques jours de vacances luxueuses prises par Nicolas Sarkozy. Le candidat avait fêté sa victoire au Fouquet's avant d'y passer la nuit, puis d'embarquer à bord d'un jet privé pour une croisière de quelques jours sur un yacht au large de Malte. Un autre sondage publié ce vendredi fait apparaître que 58% des Français considèrent "les conditions de ce séjour à Malte pas choquantes", à l'inverse de 42% qui les jugent choquantes.

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