Réforme des régimes spéciaux : l'opposition dénonce une "réforme dans la précipitation"

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a présenté aujourd'hui au Sénat la réforme des régimes spéciaux de retraite lors d'un débat sans vote. Tout en reconnaissant la nécessité des les réformer, l'opposition a dénoncé la manière de procéder du gouvernement.

Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a présenté aujourd'hui au Sénat la réforme des régimes spéciaux de retraite, dont l'opposition socialiste a reconnu l'utilité tout en stigmatisant "un simulacre de concertation".
Le gouvernement aborde la réforme "sans idéologie aucune", a affirmé Xavier Bertrand lors de ce débat sans vote. "Il ne s'agit certainement pas de stigmatiser qui que ce soit, ni d'assurer la victoire d'untel sur untel". "Ce ne sera pas une réforme-couperet", a répété le ministre. "Nous ne pouvons pas dire à un gazier, à un roulant qui est à deux mois de la retraite qu'il va devoir, du jour au lendemain, travailler deux ans et demi de plus", a-t-il ajouté, en référence à la mesure-phare (allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 ans). "La réforme devra être prête pour la fin de l'année", a-t-il rappelé.

Entre-temps, Xavier Bertrand va présenter "un document d'orientation" qui précisera ce qui relève du décret ou de la négociation dans les entreprises. "Il n'a jamais été question de publier un décret là tout de suite", a-t-il insisté. Le ministre a de nouveau chiffré l'enjeu de la réforme, voulue par le président de la République. Selon lui, les régimes spéciaux (en place à la RATP, la SNCF, EDF-GDF, mais aussi l'Opéra de Paris ou les parlementaires...) "rassemblent aujourd'hui 1,1 million de retraites pour 500.000 cotisants, représentant ainsi cette année plus de cinq milliards d'euros de subventions d'équilibre au budget de l'Etat". "Le débat sur les stocks-options viendra forcément", a lancé le ministre en réponse au sénateur communiste Guy Fischer. "Mais de grâce, ne laissez pas croire que la taxation des revenus du capital serait la solution miracle pour combler les déficits".

Sans surprise, le sénateur UMP Alain Gournac a estimé que "la réforme s'impose", en raison du vieillissement de la population (16,6% de plus de 65 ans en 2005, 21% à l'horizon 2020). "Je suis convaincu moi aussi qu'une réforme des régimes spéciaux est nécessaire et inévitable", a déclaré son collègue socialiste Claude Domeizel, ajoutant qu'une "majorité de Français considère qu'il n'est plus possible de maintenir le statu-quo intégral, notamment sur la question sensible de la durée de cotisation de 37,5 ans". Le sénateur des Alpes de Haute-Provence a cependant dénoncé "un simulacre de concertation" et redouté une "réforme dans la précipitation, la cacophonie, qui oppose les salariés entre eux".

"A quoi rime notre débat sans vote aujourd'hui?", s'est-il interrogé, ironisant sur le calendrier au pas de course du ministre. "Dans la foulée du président de la République, vous avez été invité à consulter les partenaires sociaux, puis les présidents de groupes et de commissions parlementaires, et les dirigeants d'entreprises. En 15 jours. Prêts... Partez!". "La forme est particulièrement irrespectueuse des droits et de la dignité du Parlement", a lancé Claude Domeizel au ministre, qui risque d'entendre les mêmes reproches de l'opposition demain, lors d'un nouveau débat sans vote à l'Assemblée nationale. L'orateur socialiste a demandé une "réforme globale", en faveur du "million de retraités en-dessous du seuil de pauvreté", qui "intègre le critère de pénibilité", et qui "préserve le système par répartition".

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