Le rapport Brun sur le déclin de l'industrie française

Une quinzaine d'économistes menés par Bernard Brun, délégué général d'EDF, ont remis aux formations politiques un rapport alarmant, que publie latribune.fr. Ils demandent la relance d'une nouvelle politique industrielle.

Avant même les dossiers Airbus et Alcatel-Lucent, ils avaient déjà fait le constat : l'industrie française est en grand danger. Frappés par le silence qui entoure le sujet depuis des années, une quinzaine d'économistes, emmenés par Bernard Brun, délégué général d'EDF, qui ont créé l'Association de documentation industrielle, viennent de remettre aux quatre grandes formations politiques un long rapport sur la situation de l'industrie française. Dans l'espoir d'attirer leur attention sur une dégradation de plus en plus préoccupante, selon eux.

S'opposant aux théories post-industrielles, ils assurent que les économies développées ne peuvent vivre que de services, de tourisme et d'agriculture. " Croire que l'on va relancer la compétitivité de l'économie du pays en subventionnant les emplois des ménages relève de l'illusion ", souligne le rapport. Pour eux, l'industrie reste " la richesse des nations ", par son effet d'entraînement sur l'ensemble de l'économie. " La recherche et l'innovation, les services à valeur ajoutée que l'on souhaite tant défendre, sont liés à l'industrie ", notent-ils.

Mais la France semble l'avoir oublié. En vingt-cinq ans, la part de l'industrie est tombée de 30 % à 20 % du PIB, de 24 % à 15 % des emplois directs. Une régression qui explique la croissance alanguie, selon le rapport. Tandis que le nombre de créations d'entreprises a augmenté de 15 % entre 1993 et 2005, celui des créations d'entreprises industrielles a diminué de 15 %. Les raisons ? Malgré une productivité la plus élevée du monde, des formations prisées, " l'investissement industriel en France n'est plus rémunérateur compte tenu des conditions qui sont faites aux entreprises industrielles ". " La politique menée avec constance depuis vingt ans constitue un contresens dans le contexte d'une économie mondialisée ", accusent les auteurs du rapport.

En cause : la fiscalité. Mais aussi toutes les politiques de soutien aux bas salaires, qui ralentissent les substitutions capital-travail, maintiennent les entreprises françaises en concurrence directe avec les pays à bas coût de main-d'oeuvre et " conduisent à une smi cardisation de la société " . Au total, 75 milliards d'euros sont dépensés dans ces aides " illusoires ". 75 milliards qu'il est urgent, selon le rapport, de réallouer pour construire une politique industrielle efficace, non pas pour relancer des grands programmes mais " pour créer un environnement favorable aux industries ".

N'est-ce pas trop tard ? Le rapport veut croire que non, en se penchant longuement sur l'exemple de l'Irlande. Par des mesures judicieuses de soutien, le secteur industriel a été developpé au cours de ces quinze dernières années. Il représente 29,2 % du PIB, dix points de plus qu'en France. Le chômage est tombé de 17 % à moins de 5 %. Longtemps pays le plus pauvre de l'Europe, l'Irlande affiche désormais le deuxième PIB européen par habitant derrière le Luxembourg.

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