Total devant les juges pour le procès du naufrage de l'Erika

Sept ans après l'accident du pétrolier maltais affreté par Total, le procès des responsables de cette catastrophe écologique s'ouvre aujourd'hui à Paris. Le préjudice total est évalué à plus d'un milliard d'euros. Avec cette affaire, le tribunal s'aventure dans le monde complexe des pavillons de complaisance, maltais pour l'Erika, et de la législation maritime.

Sept ans après la marée noire qui ravagea 400 km de côtes françaises, le procès du naufrage de l'Erika s'ouvre ce lundi à Paris pour tenter de démêler les responsabilités des armateurs, de l'affréteur Total et des secours. Le tribunal correctionnel de Paris a prévu quatre mois d'audience où experts, juristes et témoins vont se succéder pour savoir pourquoi ce pétrolier à une seule coque, approchant les 25 ans, a quand même quitté Dunkerque par une mer démontée, alors que plusieurs inspections avaient relevé des traces inquiétantes de corrosion.
A la clef, il y a les demandes d'indemnisation de plus de 70 parties civiles dont de très nombreuses collectivités locales et associations bretonnes, loin d'être satisfaites par les 180 millions d'euros versés par le Fipol, montant maximal prévu par ce Fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures.Des côtes souillées par 20.000 tonnes de fioul lourd, plus de 150.000 oiseaux mazoutés, une économie de la pêche ou du tourisme sinistrée: le préjudice total est évalué à plus d'un milliard d'euros.

Au banc des accusés, figurent notamment le propriétaire italien de l'Erika, Giuseppe Savarese, et son gestionnaire, Antonio Pollara. Le commandant indien Karun Mathur est lui aussi prévenu, mais sa présence au procès n'est pas sûre. La société de classification italienne Rina devra aussi s'expliquer, tout comme quatre responsables des secours à terre, qui sont accusés d'avoir multiplié les dysfonctionnements. Mais le groupe Total tient un rôle central dans la procédure. Après sept ans d'enquête, il lui est reproché d'avoir mis l'équipage en danger dans le naufrage du pétrolier. La société Total, un de ses directeurs juridiques et deux de ses filiales figurent également parmi les prévenus. L'avocat de Total, Daniel Souler-Larivière devrait plaider le non lieu.

Le groupe pétrolier doit annoncer mercredi 14 février ses résultats financiers pour 2005 et on s'attend à un bénéfice au moins aussi bon que les 12 milliards d'euros de 2005, de quoi faire saliver les parties civiles. Mais avant toute éventuelle indemnisation, le tribunal devra s'aventurer dans le monde complexe des pavillons de complaisance, maltais pour l'Erika, et de la législation maritime, qui n'accorde a priori qu'une responsabilité limitée à l'affréteur.

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