Aides à Airbus et Boeing : l'Europe riposte aux Etats-Unis devant l'OMC

L'Union européenne accuse les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) d'avoir subventionné Boeing à hauteur de 23,7 milliards de dollars. Les Américains estiment, eux, qu'Airbus a reçu 15 milliards de dollars d'aides publiques qui lui ont permis d'engranger des gains de 100 milliards.

S'ils s'entendent sur le transport aérien avec l'accord historique ciel ouvert annoncé ce jeudi, Européens et Américains ne sont pas en phase sur tous les sujets touchant aux avions. C'est en effet la foire d'empoigne entre eux devant l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, sise à genève, sur la question des aides publiques à l'industrie aéronautique. Chaque partie accuse l'autre de verser des aides publiques illégales à son avionneur national, Airbus pour les premiers, Boeing pour les seconds.

Les Européens sont critiqués pour leur système d'avances remboursables versées à Airbus par les quatre pays du programme, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne. Les Américains, eux, sont montrés du doigt pour les aides àla recherche spatiale ou militaire (via respectivement la Nasa et le Pentagone) qu'ils versent à Boeing pour ses activités dans l'espace et dans l'armement mais qui servirait aussi à nourrir la recherche-développement dans les avions civils.

Ce jeudi, c'est l'Union européenne qui riposte aux Américains. Elle accuse les Etats-Unis d'avoir subventionné Boeing à hauteur de 23,7 milliards de dollars de 1990 à 2004. Et "Boeing n'a pas eu à rembourser un centime" selon un responsable européen. Une allusion au système européen fait, lui, d'avances remboursables. Ce qui veut dire que quand un modèle se vend bien, Airbus reverse de l'argent aux quatre Etats qui l'accompagnent financièrement depuis son origine ou presque.

Les Américains ont accusé mardi ces quatre Etats européens d'avoir versé 15 milliards de dollars à Airbus pour l'aider à lancer de nouveaux appareils. Selon eux, cette aide a bénéficié à Airbus à hauteur de 100 milliards de dollars car elle lui a permis de vendre ses avions plus vite et moins cher. Ce chiffre de 100 milliards "est franchement risible", a déclaré le vice-président d'Airbus, Derek Sharples. Les délégués américains "ont dû aller s'asseoir devant une machine à sous à Las Vegas avant de parvenir à un tel chiffre", a-t-il ironisé.

Dans le détail des arguments de fond présentés par l'Union européenne pour étayer sa contre-attaque, Bruxelles a estimé que l'administration fédérale américaine, via le Pentagone (pour un tiers) et la Nasa (pour les deux-tiers), avait versé à Boeing 18,9 milliards de dollars, principalement sous la forme d'aides à la recherche et au développement (16,6 milliards) et d'allégements fiscaux (2,2 milliards).

L'UE estime que Boeing, qui produit à la fois des avions civils et militaires, bénéficie de technologies subventionnées par l'armée américaine pour ses appareils commerciaux, tels que les cockpits équipés d'appareils de vision nocturne.

Selon les Européens, Boeing a reçu par ailleurs 4,8 milliards de dollars de plusieurs Etats fédérés ou par des villes américaines via notamment la construction d'infrastructures. Ces différentes subventions ont pénalisé Airbus en permettant à Boeing de vendre ses avions moins cher, estime l'Union européenne, qui considère que l'avionneur américain a ainsi réduit ses prix d'au moins 1% en moyenne, voire de plus de 10% sur les appareils entrant directement en concurrence avec ceux d'Airbus.

A l'inverse, les aides au lancement remboursables dénoncées par Washington ont représenté largement moins de 1% du prix des appareils d'Airbus, assure Bruxelles.

L'UE affirme que les aides américaines ont fait perdre des parts de marché à Airbus et "tué la version originale du A350", un projet qui entre en concurrence avec le Boeing 787Ce dernier appareil "est l'avion le plus subventionné du monde", accuse Derek Sharples, évoquant la somme de 12 milliards de dollars pour ce seul programme.

Les deux plaintes mutuelles ont été déposées en octobre 2004 mais la procédure contre Boeing a pris du retard et ne sera pas tranchée avant février 2008. La plainte contre Airbus doit faire l'objet d'une première décision de l'OMC en septembre.


La compagnie aérienne russe Aeroflot confirme vouloir acheter 22 Airbus A350
Aeroflot indique ce jeudi avoir "signé avec l'entreprise Airbus une lettre d'intention pour l'acquisition de 22 avions A-350". Les avions seront livrés entre 2014 et 2017. Aeroflot avait longtemps hésité entre Boeing et Airbus pour le renouvellement de sa flotte. Mais le PDG d'Aeroflot, Valery Okoulov, avait indiqué la semaine dernière que les négociations pour l'achat de long-courriers Boeing 787 étaient gelées, et que l'accord pour l'acquisition de 22 Airbus A350 XWB (pour extra wide body, fuselage très large) serait signé "dans les semaines à venir".Airbus précise ce jeudi que la compagnie aérienne russe va aussi prendre dix appareils en leasing. Et comme par hasard, il semblerait que EADS, la maison-mère d'Airbus (dans laquelel la banque publique russe a acquis une participation de plus de 5%) et la holding publique des avionneurs russes United Aircraft Company (UAC) aient signé un accord prévoyant une prise de participation de 5% de l'industrie aéronautique russe dans le programme Airbus A350 XWB, a déclaré jeudi une source proche du dossier. Deux autres accord auraient également été signés, l'un concernant la création d'une joint-venture, basée à Dresde (Allemagne) dédiée à la conversion d'avions de la famille Airbus A320 en appareils fret, et le deuxième pour une étude conjointe du marché des avions de transport ainsi qu'une collaboration potentielle entre EADS et l'industrie russe dans ce domaine

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