Les labels indépendants s'unissent face aux poids lourds d'Internet

Des maisons de disques indépendantes du monde entier ont décidé de se regrouper pour conclure des contrats de licences avec les médias numériques émergents comme les plates-formes MySpace ou YouTube. Elles menacent de les poursuivre en justice s'ils refusent de négocier.

Les membres de ce regroupement, appelé Merlin, ont présenté leur initiative ce week-end comme pouvant devenir la "cinquième major" de l'industrie, lors de l'annonce de sa création dans le cadre des conférences du Midemnet, consacrées aux nouvelles technologies et à la musique, à la veille de l'ouverture ce lundi du Marché international de la musique et de l'édition musicale (Midem) à Cannes.

Les labels indépendants produisent 80% des nouveautés et 30% des ventes de musique dans le monde, contre 70% pour les quatre grands du secteur (Universal Music, Sony BMG, EMI Group et Warner Music).

Les membres de Merlin ont salué l'initiative d'Universal Music, qui a su créer un flux de revenus là où tout le monde ne voyait que pillage des droits des producteurs et des auteurs, en signant un accord avec le site communautaire emblématique du Web 2.0, YouTube. Universal est désormais rémunéré pour toute utilisation de son catalogue par les usagers de YouTube, soit qu'ils prennent des chansons Universal pour illustrer leurs propres vidéos qu'ils publient sur YouTube, soit qu'ils mettent en ligne des clips des artistes Universal.

Sans le citer, les membres de Merlin ont laissé entendre que YouTube avait opposé une fin de non-recevoir à des labels indépendants revendiquant le même traitement pour l'utilisation de leur catalogue.

En revanche, les indépendants se sont mis d'accord via Merlin pour vendre leur musique sur MySpace moyennant rémunération. De fait, Merlin a conclu un partenariat avec la société Internet Snocap. Cette dernière, créée par le fondateur de Napster, gère, via une structure baptisée, MyStore, les licences numériques et les droits d'auteurs, notamment auprès de MySpace. L'accord ouvre de fait aux labels indépendants les portes de MySpace. La collaboration entre MySpace et MyStore, annoncée en septembre dernier, devrait débuter "dans un futur proche". L'accord permet de vendre les chansons sur les pages que les groupes possèdent sur MySpace ou sur celles des fans, au format MP3. A charge pour les labels de définir la partie de leur catalogue qu'ils veulent proposer au public et à définir le prix.

Avec Merlin, structure associative à but non lucratif qui sera basée à Londres, ils entendent rectifier l'image de "cousins pauvres" qui cantonnent les labels indépendants à des contrats de deuxième rang et lutter "contre le préjugé contagieux chez les médias émergents que seuls des licences avec les quatre majors suffisent, laissant le reste à son sort".

Le directeur général de Merlin, Charles Caldas, ancien patron d'un grand distributeur du secteur des loisirs australien, a déclaré que les discussions avaient déjà été lancées avec de nouvelles entreprises média.

"La forme d'apartheid du copyright à laquelle doivent actuellement faire face les droits d'auteurs des indépendants est inacceptable", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Impala, la fédération européenne des indépendants qui a fait appel de la fusion Sony-BMG, les syndicats nationaux de producteurs indépendant (UPFI pour la France, AIM pour la Grande Bretagne...) et des labels comme Beggars Group, PIAS, Ministry of Sound, soutiennent Merlin, qui estime représenter des centaines de labels dans le monde entier.

L'association compte s'entourer de techniciens pour développer une plate-forme commune de distribution des contenus des indépendants aux plateformes numériques. Mais, dans un premier temps, elle fera surtout appel à des juristes et des avocats. Car comme le concède Michel Lambrot, patron du label PIAS, membre fondateur de Merlin, la nouvelle entité devra commencer par engager de nombreux procès devant les tribunaux de plusieurs pays pour amener les acteurs récalcitrants d'Internet à négocier des accords de rémunération pour les indépendants.

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