Séparation de la Bourgogne et de la Franche-Comté : les acteurs économiques se déchirent sur la folle proposition de Rebsamen

Fin mars, le maire (Divers gauche) de Dijon, François Rebsamen, s'est prononcé pour une séparation en deux de la région Bourgogne-Franche Comté. « On nivelle tout par le bas ! », appuie le patronat bourguignon. A l'inverse, les Francs-Comtois ressentent majoritairement un sentiment de déclassement. Explications.
François Rebsamen est maire (Divers gauche) de Dijon.
François Rebsamen est maire (Divers gauche) de Dijon. (Crédits : Philippe Maupetit)

En économie, la fusion-acquisition est définie, notamment comme « très intéressante pour les petites entreprises dont les faibles ressources peuvent freiner leur développement. En s'unissant à d'autres sociétés, elles peuvent gagner en performance, augmenter leurs parts de marché, et stimuler leur croissance ». C'est ce qui aurait dû se passer pour les deux anciennes régions lors de leur fusion en 2016. Mais, à l'échelle nationale, la Bourgogne-Franche-Comté reste une petite région puisqu'elle ne représente que 4% du PIB de la France (selon l'Insee). Et son attractivité ne semble pas s'améliorer au vu des chiffres démographiques qui ne cessent de baisser depuis plusieurs années.

« On nivelle tout par le bas ! », s'exclame le Medef Côte d'Or

Selon le gouvernement de Manuel Valls, les nouvelles régions devaient rapporter 12 milliards d'euros dans les caisses de l'État, cela n'a pas été le cas. « Il n'y a pas eu d'action d'économie d'échelle réelle et sérieuse comme on l'aurait fait pour une entreprise », remarque David Butet, président du Medef Côte-d'Or. La grande région a gardé deux capitales : le chef-lieu est à Dijon et le siège de la région à Besançon. Une organisation qui présente des contraintes budgétaires et conduit à un fonctionnement en mode dégradé. Par exemple, les frais de déplacement montent à 570.000 euros de frais pour les agents, soit 220.000 euros de plus qu'avant la fusion.

« Cette fusion est un échec ! La Bourgogne-Franche-Comté n'existe que sur le papier et les statuts », remarque David Butet. « A vouloir aider les plus démunis en se disant qu'on va leur permettre de se développer, on nivelle tout par le bas ! », regrette-t-il. Pour le président du Medef Côte-d'Or, « Il faut miser sur la locomotive ! ».

Un constat que partage François Rebsamen, président de Dijon Métropole : « La politique régionale a été de rattraper un soi-disant retard de la Franche-Comté pour mettre à niveau plutôt que de développer les qualités des deux anciennes régions ». Tous deux dénoncent également l'enclavement de la région et regrettent que les transports, compétence dédiée à la région, se soient essentiellement développés à l'intérieur de la région au détriment d'une ouverture vers les autres régions, voire vers l'Europe (Bruxelles).

Un sentiment de déclassement du côté Franc-Comtois

Par exemple, avec la non-réouverture de la ligne TGV passant par Marne-la Vallée et Roissy jusqu'à Lille, ou encore le manque de soutien au développement de l'aéroport de Dole-Jura. Interpellée par La Tribune, la présidente de la région, Marie-Guite Dufay, n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.

Fin mars, François Rebsamen s'est clairement positionné pour une séparation des deux régions. Ce dernier se dit favorable à un référendum sur le sujet. « Nous pourrions ainsi reconcentrer les crédits des uns et des autres pour développer nos forces », souligne-t-il.

Selon un sondage de l'institut Opinionway réalisé en février 2022, 60 % des Francs-Comtois souhaitaient que la Franche-Comté fasse sécession avec la Bourgogne. « Une grande partie des centres décisionnaires sont partis à Dijon, donc il y a un sentiment de déclassement vécu en Franche-Comté », confie Frédéric Petitjean, président de la CPME du Doubs.

Un exemple positif malgré tout

C'est pourquoi ce dernier a été assez surpris de la réaction de François Rebsmanen. « Sa volonté affirmée de séparation des deux régions creuse encore plus le fossé », souligne-t-il. En tant que défenseur des intérêts des entreprises, Frédéric Petitjean se dit favorable à une entité supérieure capable de dépasser « ces querelles de clochers », même s'il reconnait deux identités fortes, la Bourgogne et la Franche-Comté, avec chacune ses propres spécificités.

« Il faut faire fi des états d'âme de chacun. Si on trouve une solution qui permette aux entreprises d'avoir plus de moyens, plus de facilité pour entreprendre, c'est cela le plus important ! », poursuit le président de la CPME du Doubs.

Si toutefois, il fallait retenir un exemple positif de cette fusion, ce serait la création du groupement d'entreprises dans le secteur de la santé BFCare qui fédère les industries des produits et services de santé de la région. « Besançon et Dijon ont réussi à s'entendre sur le plan de la santé car sur ce domaine, ils ne sont pas en concurrence et ont chacun leur spécificité », conclut David Butet.

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Commentaires 5
à écrit le 05/05/2024 à 4:17
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effrayant

le 14/05/2024 à 13:40
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revenir aux anciennes region quand m hollande a invente ce cirque il ne devait pas etre en etat normal

à écrit le 02/05/2024 à 7:55
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Bien sûr que la « réforme » de Hollande était n´importe quoi (rattacher les régions en place entre elles, décidé un après-midi à trois personnes), mais c´était du Hollande, arrivé là par hasard, n´ayant aucune idée de rien. Mais juste avant, du temps...

à écrit le 30/04/2024 à 14:53
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La "réforme" Hollande, cela a été "du n'importe quoi". Autant Miterrand (après d'autres) savait jouer des "baronnats", autant FH en a été le jouet. Quelle cohérence entre la Creuse et les Pyrénées Atlantiques ? Entre le Gers et le Roussillon ? Si il ...

à écrit le 30/04/2024 à 12:57
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On parle du millefeuille administratif, de la non-éfficience de nos collectivités trop petites (sans compter d´autres points négatifs), et il s´amuse à parler de défusion? Tant qu´il y est, qu´il demande de supprimer les régions,... A moins que son b...

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