Marseille, laboratoire de la lutte antidrogue

Un mois après le lancement de l’opération Place nette XXL, le trafic semble refluer dans la cité phocéenne. L’occasion pour les associations d’aide aux jeunes de devenir plus audibles.
À gauche, Emmanuel Macron devant un graffiti indiquant un point de deal lors de sa visite en mars à Marseille. À droite, un jeune homme devant le même mur repeint.
À gauche, Emmanuel Macron devant un graffiti indiquant un point de deal lors de sa visite en mars à Marseille. À droite, un jeune homme devant le même mur repeint. (Crédits : © LTD / PATRICK GHERDOUSSI)

La venue en mars d'Emmanuel Macron a une nouvelle fois souligné l'intérêt du chef de l'État pour la cité phocéenne. Lancer l'opération Place nette XXL depuis la ville qui supporte difficilement les nombreux règlements de comptes s'enchaînant ces derniers mois est une manière de marquer la volonté d'éradiquer le trafic. C'est aussi une façon de montrer qu'elle est une ville où l'on peut expérimenter ce qui n'a jamais été fait auparavant, dans l'état d'esprit du plan Marseille en grand, censé être le laboratoire de la ville de demain.

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Un mois a passé. Et l'opération Place nette XXL semble avoir porté ses fruits. Ici et là, on reconnaît que « c'est plus calme » que « la police est partout ». À l'occasion d'une rencontre avec les lecteurs de La Provence publiée hier, Gérald Darmanin a annoncé que le nombre de points de deal a été divisé par deux et réduit à zéro à la cité de la Paternelle.

Des perspectives d'avenir

Trop tôt pour se réjouir, évidemment. Mais l'occasion peut-être pour ceux qui œuvrent
au quotidien sur le terrain d'être plus audibles. D'autant que le constat est unanime : l'opération policière, oui, mais le problème comme la solution prennent racine dans ce qui manque sans doute le plus aux jeunes, la perspective d'un avenir en dehors du quartier. Et l'éducation. Chérifa Bouali ne le dit pas comme cela, mais la présidente des Perles rares de la Castellane, qui aide notamment au portage de repas à domicile, appelle à ne pas stigmatiser tous les jeunes des quartiers. « Le trafic existe partout, mais nous, nous vivons normalement. Les jeunes nous aident à porter nos sacs de courses », insiste-t-elle, même si elle a déménagé depuis la disparition, voici près de dix ans, de son fils Zakaria, présumé dealer, dont le corps n'a jamais été retrouvé.

À Bassens, Zahra Tir a encore la voix qui tremble quand elle évoque la fusillade qui a secoué l'an dernier ce quartier formé de 90 familles qui « se connaissent et vivent ensemble depuis soixante ans ». Un épisode « choquant » pour tous, et pour celle qui préside l'association Les Femmes de Bassens, accompagnant les mamans dans l'aide au devoir. Elle martèle qu'« il faut se préoccuper des jeunes dès le collège, parce que les parents sont dépassés par des enfants appauvris par le temps passé derrière leurs écrans ». Désireux aussi d'argent facile. Aider au devoir, c'est « ouvrir un espoir pour tout ».

Donner l'espoir d'un avenir en dehors du quartier, ouvrir les horizons, c'est le quotidien de Manu Daher. En 2019, il crée Urban Conservatory, une association qui apprend aux jeunes les codes de la société, le respect de la citoyenneté. Si possible de façon ludique, par la musique ou le sport. Ainsi est né le Pékin Express de la prévention, des championnats de foot entre quartiers ou encore le bal de promo à l'américaine. « On oublie trop ceux qui ne posent pas de problème », s'agace Manu Daher, qui déplore lui aussi la trop grande place prise par les réseaux sociaux et la technologie : « En étant trop derrière leurs écrans, les jeunes n'apprennent plus à écrire, ne disposent plus de culture générale. »

Détecter les talents

Un point sur lequel Nadia Boulainseur, maire socialiste des 15ᵉ et 16ᵉ secteurs, le rejoint, même si l'élue a refusé de se déplacer lors de la venue d'Emmanuel Macron, dénonçant un « coup de com » et estimant que ce n'est pas avec l'opération Place netteXXL que le trafic sera éradiqué. « Que fait-on clairement pour l'enrayer ? Que fait-on sur le financement et les flux bancaires ? » proteste-t-elle.

Au Protis Club, accueillant les jeunes des quartiers nord comme des quartiers sud, on s'est donné pour mission de détecter les talents. « Cela permet de créer un enrichissement mutuel, une émulation », raconte Jules Sitruk, qui en est à l'origine et qui organise régulièrement des rencontres avec des personnalités, avec des représentants de grands groupes aussi, tels Lacoste ou Forbes. « Nous voulons développer leur ambition, leur montrer qu'intégrer les grandes écoles, c'est possible. Ce qui va aider les jeunes, ce n'est pas une opération d'État. Ce qui leur ouvre des perspectives, c'est l'éducation. » Meriem, jeune fille de la Castellane, en est l'exemple concret. Intégrer le Protis Club lui a permis de croire en un avenir dans une filière qui lui plaît et qu'elle pensait inaccessible, le commerce. Pour poursuivre la réflexion, Manu Daher appelle à la création d'états généraux de la jeunesse.

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Commentaires 4
à écrit le 28/04/2024 à 20:20
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wow, ca plait aux gens, le pb c'est que l'electorat de gauche donc juste dion cbienveillant donc laique, car pas medef friedmann, va vite se reorganiser, et dans un an on en reparle, entre deux condamnations de de forts rappels a la loi par des juges...

à écrit le 28/04/2024 à 9:14
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Marseille est dixit les juges phocéens aux mains des narcos. Pourquoi n’ y expérimenterions nous pas la méthode Bukélé ?

le 28/04/2024 à 11:34
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reste a savoir si le nombre de consommateurs est en baisse et quel mesure le pouvoir installe pour reduire chasser les vendeurs est une partie infime traquer le dopage des athlètes ok mais il faudrait aussi traque les elus qui consomme et i...

à écrit le 28/04/2024 à 9:13
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"Place nette XXL" Mais ils ont quoi comme niveau intellectuel les gars ? Il faudrait quand même un minimum les tester avant de les laisser gouverner !

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