Daimler n'exclut plus de se séparer de Chrysler

DaimlerChrysler va présenter ce mercredi à Detroit le plan de restructuration qui doit sortir sa filiale Chrysler de la nouvelle crise dans laquelle il est tombé. 12,5% des effectifs devraient encore être éliminés d'ici à l'an prochain. Le groupe n'exclut plus de se séparer de sa filiale américaine. Une banque d'affaires a été mandatée pour étudier toutes les options.

DaimlerChrysler n'exclut plus aucune option pour Chrysler. Dans un communiqué boursier publié ce mercredi en fin de matinée - alors que le conseil de surveillance se réunit à Detroit -, le groupe allemand a fait savoir qu'il étudiait toutes les alternatives possibles pour Chrysler. "Pour accélérer les mesures prévues, aucune option n'est exclue de manière à trouver la meilleure solution pour le groupe Chrysler et pour DaimlerChrysler" indique le communiqué.

Le président du groupe, Dieter Zetsche, a visiblement déjà mandaté une banque d'affaires américaine pour faire le point, les alternatives envisagées allant d'une vente partielle à une cession totale et inclut une alliance avec un autre constructeur comme une scission et mise en bourse de Chrysler.

Une perspective saluée par les analystes qui estiment qu'un Chrysler indépendant aurait plus de marge de manoeuvre pour trouver un partenaire avec lesquelles les synergies potentielles seraient plus faciles qu'avec Mercedes. En prenant une telle décision, le patron de DaimlerChrysler prouve également qu'il est capable de se remettre en cause et prêt à prendre des décisions difficiles même s'il avait pourtant aussi avalisé le mariage entre Daimler et Chrysler il y a neuf ans.

Dieter Zetsche le sait: il n'a plus le droit à l'erreur. Dans un premier temps, il veut mettre en place un nouveau plan de restructuration qui doit permettre à sa marque américaine de retrouver durablement la voie des bénéfices. Le programme sera présenté à la presse cet après midi à Detroit en même temps que les résultats du groupe pour 2006, et il prévoit encore notamment des suppressions d'emplois.

D'après divers journaux américains et allemands, quelque 11.000 emplois, dont 1.000 cols blancs, devraient encore être sur la sellette soit quelque 12,5% des effectifs actuels. Deux usines notamment devraient fermer leurs portes dans la deuxième moitié de 2008.

Après la crise de 2000, Dieter Zetsche alors envoyé chez Chrysler pour remettre la filiale sur les rails avait déjà radié au total plus de 40.000 emplois. Sa grande erreur toutefois aura été de cantonner Chrysler sur le segment des véhicules tout terrains, qui représentait encore en 2006, quelque 70% de sa gamme. C'était sans compter sur l'envolée des prix de l'essence outre-Atlantique qui a entraîné un changement radical du comportement des consommateurs américains et la chute de la demande en modèles voraces.

Au total, la perte chez Chrysler doit avoir dépassé en 2006 le milliard d'euro malgré une première série de mesures mises en place à la fin de l'année pour limiter la casse et le renouvellement de la gamme qui commence à porter ses fruits. Sa part de marché outre-Atlantique a toutefois régressé de 13,6% fin 2005 à 12,9% à fin 2006.

Résultat, le bénéfice du groupe au quatrième trimestre devrait être en chute libre. D'après la moyenne des analystes interrogés par l'agence Bloomberg, le bénéfice net pourrait avoir plongé de 25% à 726 millions. Au total sur l'année, le chiffre d'affaires consolidé du groupe pour 2006 devrait dépasser les 149,8 milliards d'euros réalisés en 2005, le bénéfice opérationnel grimpant au-delà de la barre des 5 milliards au lieu des 6 milliards prévus avant que la situation ne s'aggrave chez Chrysler. Le groupe a cependant profité du redressement plus rapide que prévu de Mercedes et de la très bonne tenue de sa division camion.

En isolant Chrysler dans une entité totalement indépendante, Zetsche veut aussi donner un signal clair aux syndicats pour obtenir des concessions, leur montrant ainsi que l'avenir de Chrysler n'est pas garanti. La filiale américaine pâtit aujourd'hui notamment des coûts élevés des assurances liées aux retraites et les dépenses santé, héritage du passé. Or contrairement à ses concurrents, GM et Ford qui ont obtenu du puissant syndicat de l'automobile américain UAW de revenir sur les accords passés, Chrysler n'a toujours pas réussi à négocier à la baisse ses engagements d'antan.

Les analystes toutefois ne sont pas sûrs que le groupe puisse aisément séparer Chrysler de Daimler compte tenu des fonds élevés que le groupe allemand serait obligé de concéder à sa filiale, ne serait ce que compte tenu de ses engagements en matière de retraite.

Pour réduire les coûts chez Chrysler, une option passe aussi par une plus forte coopération entre ses deux marques, notamment sur les composants qui ne se voient pas, à l'image de ce que pratique depuis longtemps le groupe Volkswagen avec ses différentes marques. Un projet compliqué compte tenu des gammes très différentes. Il nécessite aussi une mini-révolution puisque les ingénieurs de Mercedes doivent accepter de collaborer avec leurs collègues américains. Les fruits de surcroît ne peuvent être récoltés du jour au lendemain. Pas étonnant qu'avant de partir dans cette direction, Dieter Zetsche veut être sûr qu'une alliance de Chrysler avec un autre constructeur n'est pas au final la meilleure solution, pour Chrysler comme pour le groupe allemand.

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