Tourisme : TUI annonce son mariage avec First Choice

Le projet, révélé hier par latribune.fr, doit créer un nouveau leader européen de plus de 17 milliards de chiffre d'affaires. Peter Lang, le président du groupe britannique First Choice, va diriger la nouvelle entité fusionnée. Une opération qui tombe à pic pour TUI, la plus mauvaise valeur du DAX en 2006, alors qu'elle va annoncer une perte nette pour l'an passé de quelque 850 millions.

Nouvelle étape dans la consolidation du tourisme européen: l'allemand TUI va fusionner sa division tourisme avec le britannique First Choice. Le leader européen du tourisme, propriétaire de Nouvelles Frontières, a confirmé ce matin nos informations parues dimanche sur latribune.fr. Le conseil de surveillance de TUI, qui s'est réuni dimanche après-midi, a en effet avalisé le projet.

Concocté par Michael Frenzel, le président du directoire du groupe allemand, ce projet prévoit l'intégration de son activité tourisme à l'exception de ses hôtels dans le tour opérateur britannique, aujourd'hui numéro quatre du marché européen pour créer un groupe de plus de 17 milliards d'euros de ventes.

Il s'agit d'une fusion sur le modèle de celle annoncée récemment par son concurrent Thomas Cook et MyTravel avec échange d'actions pour ne pas alourdir encore les dettes alors que TUI a annoncé en décembre à la communauté financière son projet de réduire son endettement à 2,5 milliards à l'horizon 2008.

TUI souhaite donc obtenir, en échange de son apport d'actifs, une participation dans First Choice, dont certains experts craignent qu'elle soit défavorable au groupe allemand qui tient fortement au projet.

Le jour où Thomas Cook et MyTravel avaient annoncé leur mariage à la mi-février, First Choice avait fait savoir qu'il renonçait à céder sa division de voyage de masse (main stream). Approché par TUI, il a donc changé son fusil d'épaule et accepté de passer sous la coupe du leader européen.

Une opération qu'il va visiblement faire payer cher à TUI. First Choice est présent dans 17 pays, en France notamment avec le touropérateur Marmara, et emploie au total quelque 15.000 salariés. Sur son dernier exercice clos au 31 octobre, son chiffre d'affaires a atteint 2,715 milliards de livres (+ 11% soit quelque 3,96 milliards d'euros), son résultat opérationnel atteignant 135,4 millions (197,4 millions d'euros), soit une marge opérationnelle de quelque 5%.Vendredi, le titre cotait 284 livres, soit une capitalisation boursière de quelque 1,51 milliards de livres (2,2 milliards d'euros).

TUI de son côté pèse quelque 14 milliards d'euros dans le tourisme et y emploie au total quelque 50.000 salariés, alors que le groupe dans sa totalité (donc avec sa deuxième division logistique) vaut en Bourse à peine plus de 4 milliards d'euros. 2006 surtout aura été une mauvaise année pour le groupe qui vient d'annoncer en une perte nette de 847 millions d'euros pour l'exercice écoulé contre un bénéfice net de 496 millions en 2005. Le groupe invoque des charges exceptionnelles de 764 millions.

En effet, le groupe a passé de lourdes dépréciations sur sa filiale britannique Thomson Travel pour laquelle il n'avait pas hésité à surenchérir en 2000 et mettre sur la table près de 3 milliards d'euros, alors que juste avant, devant les actionnaires, son président avait indiqué que les 2,5 milliards offerts par son concurrent C&N (devenu Thomas Cook) étaient surévalués.

Pour Michael Gierse du fonds Union Investment, le tour opérateur britannique aurait été payé 50% au dessus des valeurs habituelles. Nouvelles Frontières aussi devrait exiger sur le bilan 2006 quelque 150 millions de dépréciations. Pour 2007, TUI promet un retour aux bénéfices et un chiffre d'affaires de l'ordre de 22 milliards d'euros.

Les deux groupes se sont visiblement mis d'accord pour que Peter Long, l'actuel patron de Firts Choice, prenne la présidence du nouveau First Choice dopé de TUI, qui pourrait d'ailleurs à terme prendre un nouveau nom. En revanche, Peter Rothwell, l'actuel membre du directoire de TUI en charge de la division tourisme, serait sur le départ.

First Choice, coté à la Bourse de Londres depuis 1982, a l'avantage d'avoir une bonne réputation, alors que les activités britanniques de TUI n'ont pas la forme et devraient afficher encore une perte en 2006.

L'opération permettrait également de donner un nouvel élan à la consolidation du marché souhaitée par les analystes depuis longtemps et remettrait les pendules à l'heure pour TUI face à Thomas Cook qui menaçait en avalant Mytravel de lui prendre son leadership européen.

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