Dossier Endesa : l'Etat espagnol rejoint le camp des adversaires de l'OPA d'E.ON

Les autorités espagnoles ont annoncé mercredi soir qu'elles n'apporteraient pas leurs titres Endesa au groupe allemand. Ce dernier est désormais virtuellement certain d'échouer dans son OPA, ses adversaires regroupant 49% des actions. Plus tôt dans la journée, la Commission européenne s'était de nouveau élevée contre l'hostilité déployée par Madrid envers E.ON, renvoyant l'Espagne devant la Cour de justice des Communautés européennes.

Le gouvernement espagnol a décidé de ne pas apporter à l'allemand E.ON les parts qu'il détient dans le groupe d'énergie Endesa: c'est ce qu'a annoncé mercredi soir la société publique Sepi, qui possède 2,95% du groupe énergétique. Une décision qui confirme l'hostilité de l'Etat espagnol à l'offre lancée par le groupe d'énergie allemand.

La position arrêtée par Madrid est d'autant plus importante qu'elle vient consolider le camp des adversaires de l'OPA, qui comprenait déjà le groupe espagnol Acciona et l'italien Enel. Avec l'apport des près de 3% des pouvoirs publics, ce camp regroupe désormais 49% des actions d'Endesa. Autant dire que l'objectif d'E.ON de recueillir au moins 50,1% des actions de sa cible pour mener à bien son OPA semble désormais totalement hors de portée.

La prise de position du gouvernement en faveur des opposants à une fusion E.ON-Endesa ne surprend pas, tant les autorités espagnoles ont multiplié au fil des mois leurs marques d'hostilité envers ce projet. L'engagement de Madrid contre un passage sous contrôle étranger de ce groupe énergétique espagnol de premier plan est tel, en fait, que la Commission européenne a annoncé mercredi dans un communiqué qu'elle renvoyait Madrid devant la Cour de justice des Communautés européennes "pour n'avoir pas supprimé les conditions illégales imposées en ce qui concerne l'offre de rachat d'Endesa par E.ON".

Bruxelles accuse ainsi l'Espagne de ne pas avoir respecté ses décisions "lui faisant obligation de retirer certaines conditions relatives à l'offre de rachat d'Endesa par E.ON". Le régulateur espagnol du secteur de l'énergie (CNE) avait en effet imposé des conditions au rachat d'Endesa, en juillet et en novembre 2006.

Ces conditions avaient ensuite été déclarées illégales par Bruxelles, qui a estimé qu'elles ne respectaient pas l'article 21 du règlement sur les concentrations de l'Union Européenne.

La plainte de Bruxelles contre l'Espagne intervient ainsi alors que ces décisions de Bruxelles avaient un effet "contraignant immédiat", Madrid n'a toutefois pas retiré toutes ses conditions, ni indiqué vouloir le faire. "La Commission a adopté un avis motivé, le 7 mars 2007, demandant officiellement à l'Espagne de se conformer aux décisions arrêtées conformément à l'article 21 en retirant les conditions déclarées illégales dans un délai de sept jours ouvrables. Les autorités espagnoles ont répondu à l'avis motivé le 16 mars sans informer la Commission de dispositions visant à supprimer les mesures illégales", rappelle ainsi la Commission dans son communiqué.

Cette décision vient compliquer un peu plus le dossier Endesa, objet de toutes les convoitises. Le groupe d'énergie espagnol fait l'objet d'une offre d'achat de la part d'E.ON, mais intéresse également l'Italien Enel. Le groupe ibérique avait initialement été convoité par son compatriote Gas Natural, qui avait lancé une offre hostile.

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