Jacques Attali évoque le spectre d'une récession mondiale

Le président de la commission sur la croissance estime que "nous sommes au bord d'une récession" mondiale, à cause de la crise du "subprime" et "alors même que les fondamentaux économiques mondiaux sont excellents". Il faut accepter un peu d'inflation, plaide-t-il.

Jacques Attali ne voit pas le proche avenir en rose. Il estime, dans un entretien au Journal du Dimanche, que l'économie mondiale est au bord de la récession et que le risque d'une crise comparable à celle de 1929 existe si "les banquiers continuent à paniquer." "Nous sommes au bord d'une récession. Elle tire son origine de l'effondrement du marché du crédit hypothécaire américain, qu'on nomme la crise des "subprimes"", explique celui dont le nom est régulièrement avancé pour un prochain poste ministériel. "Elle a détruit, en quelques mois, des richesses égales à 10% du PIB mondial, soit 4.000 milliards de dollars, c'est-à-dire cinquante fois plus que les pertes générées dans les industries de pointe par l'explosion de la bulle Internet".

Pour Jacques Attali, cette crise "n'est pas cantonnée au secteur du logement, car elle révèle que les banques ont reprêté leurs prêts à n'importe qui, pour les racheter ensuite beaucoup plus cher." "Devant la révélation de la folie que cela représentait, on est passé, en une semaine, de l'euphorie à la panique : plus personne ne prête à personne. Plus aucune banque ne prête à une autre banque", dit-il. "Et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 1929."

Selon l'économiste, ancien conseiller de François Mitterrand, cette situation risque de provoquer une récession "alors même que les fondamentaux économiques mondiaux sont excellents." "Notre croissance, que l'on espère encore voir atteindre les 2% en 2008, risquerait de souffrir gravement", explique-t-il.

"Nous pourrions, toutefois, éviter cela. Une des conditions, c'est d'accepter de considérer que l'inflation, si elle reste modérée, n'est pas une tragédie. Les grands pays qui admettent qu'elle peut atteindre sans risque 5 ou 6% affichent une croissance forte: l'Inde, la Chine, la Russie", ajoute-t-il. "En Europe comme au Japon, c'est l'inverse : nous nous arc-boutons sur un seuil maximum de 2%. Et la croissance est presque nulle."

Président de la commission chargée de la "libération de la croissance française", Jacques Attali doit livrer ses conclusions à Nicolas Sarkozy le 15 janvier.

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