Aéronautique : les industriels allemands appellent les politiques à la rescousse

Se trouvant face à une vaste réorganisation à venir, l'industrie de l'aviation civile allemande souhaite être soutenue dans cet effort par le monde politique. L'aide de l'Etat français aux sous-traitants ayant à souffrir des retards d'Airbus est citée en exemple.

Plusieurs représentants de l'aéronautique allemande en ont ce lundi appelé au monde politique pour qu'il soutienne les efforts en cours de l'industrie de l'aviation civile pour se réorganiser outre-Rhin. Parmi les représentants du secteur auditionnés par la commission des affaires économiques du Bundestag, le directeur de la fédération de l'industrie aéronautique (BDLI), Dietmar Schrick, a déclaré que les entreprises concernées "sont prêtes à travailler en plus étroite coopération", à un moment où le secteur doit répondre aux défis posés par le plan de restructuration "Power 8" de l'avionneur Airbus vis-à-vis de ses sous-traitants. "L'Etat "peut ici nous soutenir", a soutenu Schrick.

Thomas Dhiel, président de l'équipementier allemand éponyme, a cité l'Etat français qui est "venu directement en aide aux sous-traitants affectés par les retards de livraison de l'A380 d'Airbus, en promettant une aide de 140 millions d'euros". "Nos concurrents sont ici favorisés", a-t-il remarqué. Selon Goerg Rajczyk, du sous-traitant Liebherr-Aerospace, il faudrait imaginer que l'Etat puisse se porter caution à l'image du système Hermes où la puissance publique couvre des risques de défaillance dans les contrats à l'exportation. De cette manière, l'Etat viendrait en aide à des PME peu capitalisées et subissant des pertes sur un projet industriel n'ayant finalement pas été réalisé ou ayant pris du retard.

Les grands défis qui se posent à l'aviation civile, en particulier en Allemagne, sont, selon le BDLI, la faiblesse récurrente du dollar, le soutien déloyal du gouvernement américain à Boeing, la réorganisation en cours chez Airbus concernant toute la chaîne de production, et le renforcement de la présence internationale sur les marchés en croissance (Chine, Inde, Japon, Russie,..). S'ajoute la nécessaire consolidation d'un segment de l'industrie allemande qui repose sur un tissu de PME, et où les opérateurs sont souvent sous contrôle de maisons mères étrangères.

Le député de la CDU, Heinz Riesenhuber, a estimé que seule la problématique du soutien américain à Airbus pouvait représenter un thème pour l'action publique. Goerg Rajczyk l'a contredit sur la question du cours du dollar. Le cours du billet vert "est un thème pour la politique allemande", a-t-il affirmé. Les effets d'un dollar faible se font durement sentir pour cet industriel qui exporte 70% de sa production: "si je dois être 30% plus efficient que mon concurrent américain pour obtenir un contrat, et en outre investir dans l'innovation, je ne peux tenir ainsi à long terme".

Le sujet qui mobilise en tout cas Airbus et la classe politique ces derniers temps concerne outre-Rhin la cession ou externalisation de plusieurs sites de production de l'avionneur. Une solution consistant à céder à un repreneur allemand a la faveur du gouvernement allemand. Pour Rüdiger Lütjen, responsable du comité d'entreprise chez EADS, la solution d'un repreneur national est privilégiée mais il doit y avoir un concept industriel clair derrière pour la pérennité des sites et notamment une garantie du maintien de l'emploi.

Jeudi prochain se tient une nouvelle audition au Bundestag, cette fois à huis clos, sur l'avenir de l'industrie aéronautique allemande, en présence de Louis Gallois, PDG d'EADS, de Tom Enders, président d'Airbus, et de Rudiger Grube, président du conseil d'administration d'EADS. Nul doute que l'audition devrait déborder sur l'affaire des délits d'initiés qui défraie la chronique.

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