La SNCF confirme les pertes abyssales du fret et en appelle aux pouvoirs publics

La SNCF confirme une perte de 250 à 260 millions d'euros de pertes pour son activité fret. Et dévoile les grands axes de son plan de réorganisation.

A l'issue du conseil d'administration qui se tenait aujourd'hui à la SNCF, le transporteur a confirmé une perte courante d'activité comprise entre 250 et 260 millions d'euros pour sa branche fret (La Tribune du 28 mars 2007). Si les comptes avaient été publiés au titre des nouvelles normes comptables IFRS, ce qui sera le cas pour les comptes 2007, ces pertes auraient atteint 890 millions d'euros. Devant être consacré aux résultats de la SNCF, qui seront finalement publiés le 11 avril, le conseil d'administration a en fait été entièrement consacré au fret. Il faut dire qu'il y a urgence. Le budget 2006 ne prévoyait à l'origine "que" 47 millions de déficit contre 220 en 2005.

Le patron de l'activité fret, Olivier Marembaud, a donc présenté aujourd'hui un plan pour restaurer l'activité, dont les grandes lignes ont déjà été dévoilées ces derniers jours: nomination le 2 avril de "cinq directeurs fret couvrant l'ensemble du territoire", dont la mission sera de rationnaliser la gestion de l'activité; création d'une entité rassemblant les 22 filiales du fret; amélioration de la relation clients et volonté affichée de lier des partenariats avec les autres entreprises ferroviaires européennes.

Olivier Marembaux espère revenir à l'équilibre en 2010.C'est la deuxième fois en trois ans que la SNCF tente de sauver sa branche fret. Le précédent plan 2004-2006, celui du prédécesseur d'Olivier Marembaud, Marc Véron (remercié par la présidente Anne-Marie Idrac), qui prévoyait un retour aux bénéfices dès l'année dernière, a été un échec.

Qu'est-ce qui a provoqué ce dérapage? Stigmatisant la baisse de qualité du service de la SNCF, de plus en plus de clients se tourner vers la concurrence. En effet, la SNCF n'est plus en situation de monopole depuis le 1er avril 2006. Si ses nouveaux concurrents que sont Veolia et autres EWS ne devraient représenter cette année que 2 à 3% du marché du fret ferroviaire, leur arrivée a poussé la SNCF à baisser ses tarifs pour rester compétitive. A la différence de la Deutsche Bahn, son homologue allemande, la SNCF ne s'est pas préparé à cette échéance pourtant connue.

Le mal est donc profond. Et rien ne dit que le nouveau plan sera salvateur pour l'opérateur ferroviaire national. Dans son communiqué, la SNCF en appelle donc aux pouvoirs publics, estimant que "la viabilité de l'activité est mise en cause" et demandant "des mesures politiques fortes". En attendant, malgré la promesse de la direction d'ouvrir à l'automne une négociation sociale sur les "conditions d'emploi", les syndicats sont en alerte, craignant un scénario de filialisation et craignant des réductions d'effectifs.

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