Le "subprime" fait de nouveaux dégâts dans le secteur bancaire allemand

BayernLB est exposée à hauteur de 1,9 milliard d'euros. Et IKB devrait accuser une perte comprise entre 600 et 700 millions.

La crise du "subprime" (crédits immobiliers américains à risque) n'en finit plus de se répercuter en Allemagne. Après SachsenLB, au bord de la faillite, la banque régionale allemande BayernLB révèle aujourd'hui que son exposition au "subprime" s'élève à 1,9 milliard d'euros. Ce qui ne signifie pas pour autant que la banque soit en butte à une crise de liquidités, s'empresse d'ajouter un porte-parole de BayernLB, dans un entretien à notre confrère Frankfurter Allgemeine Zeitung, publié ce matin.

La banque allemande IKB tient à apporter la même nuance, alors même qu'elle avertit aujourd'hui d'une perte de l'ordre de 600 à 700 millions d'euros pour son exercice 2007/2008 (qui sera clos le 31 mars), en raison, là encore, de son exposition au "subprime." IKB est la banque européenne la plus touchée par la crise du "subprime." Au point d'avoir reçu une ligne de crédit de 8,1 milliards d'euros de la banque publique KfW afin d'éviter la faillite. Et d'avoir assisté au débarquement de son patron, Stefan Ortseifen, remplacé par un homme de la KfW, Günther Bräuning.

Si les banques allemandes souffrent autant de la crise du "subprime", c'est parce que, très nombreuses et donc très concurrentes les unes des autres, elles dégagent de faibles marges dans les activités bancaires traditionnelles, ce qui les pousse à investir sur d'autres créneaux, comme celui du "subprime." "La gestion des risques (par ces banques) ne s'est pas toujours révélée suffisante", dénonce Josef Ackermann, patron de Deutsche Bank, première banque allemande, dans une tribune publiée par notre partenaire Handelsblatt. Et d'enfoncer le clou: "Il s'agit avant tout de manquements des directions de ces établissements." Une façon de dédouaner les agences de notation financière et les autorités de marché, sous le feu des critiques pour ne pas avoir vu venir la crise du "subprime." "Les notations des agences ne peuvent être qu'un élément de l'analyse des risques pris par les banques, pas un ersatz", assène Josef Ackermann.

En tout état de cause, Peer Steinbrück, le ministre des Finances allemand, appelle de ses voeux une concentration du secteur bancaire allemand, afin d'éviter pareilles dérives à l'avenir.

Déjà, la LBBW a racheté SachsenLB, que son exposition au "subprime" avait conduite près de la faillite. Et BayernLB songerait à acquérir WestLB, en proie à une crise financière, selon le Financial Times Deutschland. Mais BayernLB pourrait bien se faire souffler WestLB par JC Flowers. D'après l'agence Reuters, l'investisseur américain serait intéressé par le rachat des 38 % détenus dans WestLB par l'Etat de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Le ministère des Finances de cet Etat s'est borné à indiquer qu'il menait des discussions sur l'avenir de WestLB et que toute marque d'intérêt le "ravissait."

Comme quoi, la crise du "subprime" est peut-être un mal pour un bien, en donnant un coup d'accélérateur à une consolidation de toute façon souhaitable.

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