Métiers du lobbying : l'explosion bruxelloise

A Bruxelles, les entreprises et les cabinets de lobbying recherchent des candidats créatifs, diplômés en droit et maîtrisant bien au moins deux langues. Les offres sont nombreuses et les salaires confortables.

Simon, 27 ans, travaille depuis quatre ans comme lobbyiste chez Hill &Knowlton, importante agence de communication qui possède un siège à Bruxelles. Entré comme stagiaire dans la foulée d'un master d'études européennes, il déjà bénéficié de quatre promotions. Il dirige aujourd'hui une équipe de 20 personnes et se retrouve régulièrement à la même table que des PDG de multinationales. A lui ensuite de défendre les positions de ces entreprises auprès des commissaires et des députés.

Impressionnant ? Le parcours de Simon est pourtant loin d'être une exception. "L'Europe offre aujourd'hui de très belles possibilités de carrière aux jeunes diplômés, notamment dans la représentation d'intérêts", affirme Frederica Capranico, responsable du master "métiers de l'Europe" à Sciences-po. Hervé Poulet, directeur de l'Ismapp, école française qui a implanté un master européen en Belgique, partage cet avis : "j'ai l'impression qu'à Bruxelles tout est plus ouvert qu'à Paris, on fait davantage confiance aux jeunes. Il n'y qu'à se rendre sur place pour constater l'énorme part des moins de 35 ans".

Offres multiples pour candidats créatifs

En 2007, près de 5000 fédérations, associations, syndicats, cabinets, agences de communication et ONG gravitent autour de la Commission européenne, et emploient environ 15 000 personnes. Les offres ne manque pas, et le turn-over est important. "Avec 4 ans d'ancienneté, je suis déjà un vieux ! lance Simon. Cela bouge beaucoup, les passerelles avec les entreprises et la fonction publique européenne sont nombreuses".

Les profils recherchés par les recruteurs ? Un niveau master, de bonnes connaissances en droit européen, au moins deux langues étrangères. "Mais le plus important, c'est d'être avant tout d'être un vrai communiquant, créatif et avec le sens du contact", estime Bruno Gosselin, lobbyiste, auteur du Dictionnaire du lobbying et professeur l'Essec. Quant aux salaires, ils se montrent souvent très attractifs : "un débutant lobbyiste de niveau master commence par faire de la veille ou être chargé d'étude. Il peut au bout de deux ans gagner 3000 € net par mois, et facilement doubler ce salaire en 10 ans" estime Bruno Gosselin.

Deadline serrée

Encore faut-il résister au stress, et ne pas être avare de ses heures. "Ce sont des métiers où on travaille beaucoup, avec des deadlines très serrées, reconnaît Lara Sipek, 26 ans, consultante à Bruxelles. Il m'arrive parfois de rester au bureau jusqu'à minuit". Autre obstacle : l'image globalement négative de ces métiers, spécialement en France. "On imagine le lobbyiste qui corrompt les députés avec une valise de billets, regrette Simon. Dans les pays anglo-saxons, on considère que les politiques ont besoin d'experts pour les conseiller".

Mais il n'y a pas qu'à Bruxelles que l'on recrute des spécialistes de l'Union. "Avec la croissance du nombre de normes issues de la commission, toutes les entreprises ont besoin d'un Monsieur Europe qui connaisse parfaitement les mécanismes des décisions", estime Bruno Gosselin. Idem pour les collectivités locales, très demandeuses de ce type de profils, qu'elles embauchent régulièrement de façon contractuelle. "Les villes et les régions recherchent de personnes qui maîtrisent la procédure des appels à projets, constate Hervé Poulet. Par manque de spécialistes, la France sous-utilise les potentialités des politiques publiques européennes". Conclusion : même si le moteur de l'Union semble aujourd'hui tourner au ralenti, les métiers de l'Europe continuent plus que jamais d'être un bon filon.

Portrait
Lara Sipek, 26 ans, chef de département chez IBF Consulting à Bruxelles

"Apres une maîtrise de droit, j'ai suivi le master "carrières européennes" de l'Ismapp, qui se déroule à Bruxelles. On avait nos cours le soir, et dans la journée j'étais en stage chez IBF Consulting. J'ai été embauchée juste à la sortie, en 2003. Aujourd'hui, je suis responsable d'un département, et je mets en place des projets de développement pour le compte de la Commission. Je réponds à des appels d'offre, mène des audits et gère des missions d'assistance technique dans des pays hors UE. Je suis déjà partie pendant plusieurs mois au Kirghizstan, en Moldavie ou en Turquie et je m'envole bientôt pour la Thaïlande, pour appuyer le gouvernement dans sa réforme de l'éducation."

Informations pratiques
Quels sont les métiers de l'Europe ?
Les métiers de la représentation d'intérêts (fédérations d'entreprises, agences de conseils, de communication, ONG, associations, syndicats)
La fonction publique communautaire, nationale (représentation des états à Bruxelles, SGCI) ou territoriale (représentations régionales
Les métiers politiques (assistants parlementaires, membres de cabinet
Trouver une offre d'emploi : www.eurobrussels.com
Site spécialisé dans les affaires européennes : www.euractiv.com/fr
Les concours de la fonction publique communautaire : https://europa.eu/epso/competitions/conthome_fr.htm

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