Les représentants américains votent le budget de la guerre, mais avec un calendrier de retrait

La Chambre des représentants a adopté une enveloppe de 124 milliards de dollars. Mais, dans le même temps, elle fixe le retrait des troupes au plus tard en 2008.

Nouvelle épreuve de force en perspective sur l'Irak entre le président Bush et le Congrès américain. La Chambre des représentants a en effet adopté ce vendredi un projet de loi finançant la guerre, mais assorti d'un calendrier de retrait.

En décidant de fixer le retrait des troupes de combat au plus tard en 2008, en dépit d'une promesse de veto présidentiel, les adversaires démocrates du président tentent de le placer devant un dilemme : soit se passer d'une enveloppe budgétaire de quelque 124 milliards de dollars, que le Pentagone juge indispensable pour financer les opérations en Irak (140.000 militaires) et en Afghanistan dès le mois prochain, soit avaliser un calendrier de retrait qu'il a toujours refusé.

Le texte a été adopté de justesse, par 218 voix contre 212 et une abstention, aux termes de laborieuses négociations internes à la majorité démocrate, confrontée à l'impatience de son aile gauche décidée à obtenir un retrait dès cette année. Il a toutefois toutes les chances de ne jamais être promulgué en l'état, le président Bush ayant toujours affirmé sa volonté d'y mettre son veto.

"Le Congrès sait parfaitement que le projet de loi qui est débattu à la Chambre, et une mesure très semblable qui doit être débattue au Sénat, seront bloqués par un veto", a redit vendredi le porte-parole présidentiel, Tony Snow.
"Pourquoi en passer par cet exercice tiré en longueur (...) quand, en pratique, vous savez que cela ne va nulle part, et que la nécessité de financer les troupes est urgente ?", a demandé Tony Snow.

"C'est un vote pour réellement changer l'orientation du conflit", lui a répondu l'influent démocrate Rahm Emanuel, soulignant que les quatre ans de guerre s'étaient traduits jusqu'à présent par quelque 3.200 militaires américains morts, 25.000 blessés, et "une réputation (des Etats-Unis) souillée à travers le monde". "Nous finançons les militaires, mais avec une différence fondamentale" par rapport à la stratégie Bush : "nous ordonnons aux Irakiens de prendre leurs responsabilités", a encore expliqué Rahm Emanuel.

Le texte exige en effet que le président Bush certifie dès cette année que le gouvernement irakien tienne ses engagements, sans quoi le retrait s'engagerait immédiatement. Le retrait s'engagerait en tout état de cause au plus tard en 2008, avec une date limite fixée au 31 août 2008. "Cela n'a rien d'un retrait précipité", a souligné le chef de la majorité Steny Hoyer.

De fait, la prudence de ce calendrier laisse sur sa faim l'aile la plus à gauche du parti, qui considère que la majorité démocrate a été élue en novembre avec pour mandat de terminer une guerre de plus en plus impopulaire. "Si vous voulez la paix, il faut voter pour la paix maintenant, arrêter de financer la guerre", a insisté le représentant Dennis Kucinick, candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle.

L'une de ses collègues, Barbara Lee, avait expliqué jeudi son dilemme: "Je me trouve dans la position déchirante de devoir choisir entre financer la guerre ou fixer un calendrier pour y mettre fin", avait-elle dit. Elle a décidé finalement de voter contre le collectif budgétaire, mais seulement après s'être assurée auprès de ses collègues que le texte serait bien adopté.

Le Sénat, où les démocrates avaient tenté en vain la semaine dernière de faire voter un calendrier de retrait, doit débattre à son tour du collectif budgétaire la semaine prochaine, après quoi les deux chambres du Congrès devront harmoniser leurs versions respectives.

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