Un point de presse

Où il est question du programme du président, du dollar et de l'euro et d'une visite historique.

Vendredi 2 novembre. Des journalistes, qui, hélas pour eux, n'ont pas fait le pont de la Toussaint, sont présents au 4 rue de l'Elysée dans la salle où a lieu le point de presse hebdomadaire de David Martinon, le porte-parole de la présidence de la République française. C'est la première fois que j'y assiste, désireux d'en savoir plus sur le programme du voyage officiel de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis. Le porte-parole n'est pas encore arrivé et, en attendant, "l'agenda de monsieur le président de la République du lundi 5 novembre au jeudi 8 novembre 2007" est distribué à des journalistes que l'on encourage aussi à se rapprocher des premiers rangs. Deux caméras balayent déjà la salle.

C'est parti, le futur maire de Neuilly vient de faire son apparition. D'abord le programme de la semaine. Consultations à propos du Traité "simplifié" - pour ma part, je préfère parler de Constitution bis, mais on y reviendra... -, anniversaire d'une Cour des comptes désormais bicentenaire et réunion à propos de la grande distribution. Viennent enfin les précisions sur le voyage qui doit "consacrer les retrouvailles entre la France et les Etats-Unis", le président français ayant l'intention de délivrer "un message" au peuple américain lors de son discours devant la "joint session" du Congrès américain, c'est-à-dire en la présence des Sénateurs et Représentant réunis ensemble sous le dôme du capitole.

Au programme donc pour le mardi, une rencontre avec le French-American Business Council "qui sera suivie d'une brève allocution". La décoration de plusieurs vétérans américains ayant participé au débarquement de Normandie et à la libération de l'Europe. Une nouvelle rencontre avec, cette fois, Adrian Fenty, le maire de Washington, "symbole d'une Amérique métissée et travailleuse". Suivent ensuite des réunions avec plusieurs organisations religieuses, un dîner à la "state dining room" de la Maison-Blanche et un "spectacle court dans l'east room" de la même bâtisse.

Pour le mercredi, et outre le discours devant le Congrès, sont prévues des rencontres avec successivement l'American Jewish Committee, des parlementaires américains membres du "french caucus", un groupe formé au lendemain de la crise franco-américaine de 2003, et une réunion de travail avec George W. Bush à Mount Vernon, la résidence où, jadis, George Washington se retira "pour cultiver son jardin".

Quelques précisions et autres détails et c'est l'heure des questions. C'est David Martinon qui choisit lui-même celui ou celle à qui échoit le droit de poser la sienne. Et là, déjà, une classification s'opère. Il y a celles et ceux dont le porte-parole connaît les nom, prénom et média auxquels ils appartiennent - et qui n'ont donc nul besoin de se présenter - et les autres. Bonne approche. Quand David Martinon désigne nommément tel ou telle journaliste, l'intéressé (e), sans s'en rendre compte, redresse les épaules, se rengorge presque et pose sa question avec le sérieux et le ton affecté qui sied à la personne qui vient de recevoir une telle marque de considération.

Tiens, c'est le tour du représentant d'un quotidien arabe. Il commence à parler, s'oublie un peu, hésite, s'oublie longuement, puis pose enfin deux ou trois questions en rafales. Rires étouffés dans la salle mais le porte-parole y répond avec le plus grand sérieux. Surtout n'indisposer personne. Un confrère de Reuters veut des détails sur le volet économique du voyage de Nicolas Sarkozy (merci l'ami, ça alimentera mon papier). Il aimerait connaître le nom des patrons qui accompagnent le président. "C'est toujours la même chose. Si j'en cite un, je suis obligé de tous les citer", répond l'intéressé. "Au moins ceux du CAC 40", insiste la salle. "Je n'ai pas cette culture économique pour connaître les patrons du CAC 40" est, de mémoire, la réplique. Gosh! Et moi qui croyais que la culture business était désormais la norme...

Mais voici qu'on parle du dollar, de sa chute et de l'appréciation de l'euro. Un sujet sur lequel la présidence française s'est déjà exprimée, Paris, souhaitant, selon Martinon, "une parité harmonieuse et juste" entre les deux monnaies. Fichtre! Voilà qui vaut bien le "détermination et écoute" à propos des grèves qui s'annoncent pour le 12 novembre prochain.

(à suivre...)

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