RWE, en pleine forme financière, prépare une série d'investissements

Le numéro deux allemand de l'énergie a réalisé un bénéfice net de 3,9 milliards d'euros, en hausse de 72%, en intégrant la cession de Thames Water en Grande-Bretagne. Excluant de grandes acquisitions pour le moment, il compte investir 25 milliards d'euros d'ici 2012 pour doper sa croissance interne.

Le groupe énergétique allemand RWE va consacrer sa solidité financière retrouvée à la croissance interne, en excluant pour le moment de procéder à de grandes acquisitions. "Notre stratégie de croissance organique porte ses fruits", a déclaré ce vendredi matin Harry Roels en commentant devant la presse les résultats annuels supérieurs aux objectifs fixés.

Le chiffre d'affaires a progressé de 12% en 2006, à 44,3 milliards d'euros, et le résultat opérationnel s'est apprécié de 14% à 6,11 milliards d'euros, en profitant de tarifs d'électricité élevés. Le résultat net a quant à lui progressé de 72% à 3,85 milliards d'euros, dont près de 1 milliard d'euros résulte de la plus-value enregistrée lors de la cession de la filiale britannique dans l'eau, Thames Water, et 650 millions d'euros se rapportent à un crédit d'impôt suite à un nouveau dispositif législatif.

Sans ces effets, la croissance du résultat serait limitée à 9%. Le président RWE a déjà prévenu que 2007 marquerait une nette baisse en valeur du résultat net, du fait de na non récurrence d'éléments exceptionnels. Il estime que le résultat opérationnel peut de son côté croître de 10%.

A l'image d'autres groupes allemands performants qui veulent récompenser leurs actionnaires, le dividende proposé est doublé à 3,50 par action. La bourse a salué ces nouvelles, l'action montant de 1,5% en cours de séance à 78,47 euros.

Du fait de la cession de Thames Water, étape dans le recentrage du groupe dans le gaz et l'électricité, le groupe peut afficher une position nette de liquidités financières de 4,7 milliards d'euros. L'an dernier la dette nette s'élevait encore à 11,8 milliards d'euros. Cela donne au groupe de la marge de manoeuvre pour poursuivre sa croissance dans ses coeurs de métiers, a indiqué Harry Roels qui quittera la direction du groupe le 1er février 2008.

Pour renforcer sa présence en Europe, un programme d'investissements à hauteur de 25 milliards d'euros est prévu d'ici 2012. Sont concernés des projets en Grande-Bretagne, Europe du centre et de l'est, et bien sûr en Allemagne. "Si les conditions politiques le permettent", RWE y sera le premier investisseur avec 15 milliards d'euros de projets d'extension des capacités de production et des réseaux, a prévenu Roels.

Si ces investissements voient le jour, le groupe pourrait améliorer organiquement son résultat opérationnel d'un milliard d'euros par an, a-t-il ajouté. RWE va aussi prochainement prendre pied en France avec deux projets dans l'éolien. Interrogé sur le dossier Suez-Gaz de France, le président de RWE a souligné les problèmes de concurrence que cette fusion pourrait comporter. "Il est évident que des exigences en terme de concurrence seraient liées à cette fusion, faisant que des actifs ou des groupes de clientèle à céder pourraient être intéressants à acquérir", a-t-il répondu.

Le thème des acquisitions est du reste revenu à maintes reprises dans les questions des journalistes. Roels n'est pas opposé par principe à se saisir d'opportunités, quelle que soit la taille de la cible. Mais une grande acquisition est "pour le moment" exclue en raison des prix très élevés candidats possibles sur le marché. Le groupe dispose d'un trésor de guerre de l'ordre de 15 à 20 milliards d'euros, a indiqué dans l'après midi son directeur financier Klaus Sturany, c'est-à-dire la somme qu'il pourrait mettre su la table pour acquérir une cible sans dégrader ses équilibres financiers. Mais Roels estime que la croissance interne, complétée par de petites acquisitions ciblées, offre pour le moment davantage de chances d'atteindre les taux de rentabilité escomptés. Il prend un chemin différent du numéro en Allemagne, EON, qui va s'emparer de l'espagnol Endesa pour une transaction supérieure à 60 milliards d'euros, reprise de la dette comprise.

Chez RWE, le facteur d'incertitude vise la poursuite de la stratégie après le départ de Roels début 2008. RWE a annoncé mercredi dernier à la surprise le non renouvellement du mandat du patron néerlandais arrivant à échéance dans un an, et la nomination par le conseil de surveillance de son successeur, Jürgen Großmann, un "baron" de l'acier connu comme redresseur d'entreprises outre-Rhin.

En attendant, Roels dit que l'année lui restant à accomplir va énormément l'occuper. Le grand chantier de l'année vise la mise en bourse de la filiale américaine dans l'eau, American Water, ce qui va dépendre des conditions de marché et des autorisations boursières à obtenir. Ce qu'il fera après janvier 2008 ? "Je n'ai pas l'intention d'y réfléchir une seconde d'ici là", a répliqué Roels, qui entend "rester à la barre" jusqu'au bout.

L'an dernier, sa rémunération fixe et variable a atteint 11,3 millions d'euros, à laquelle s'ajoute une attribution d'options pour 3 millions d'euros, à condition de remplir les conditions pour en profiter. Elles sont en particulier liées au comportement de l'action RWE par rapport aux titres des concurrents.

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