La crime du financement de l'immobilier à risque aux Etats-Unis, le credit "subprime" se rappelle au mauvais souvenir des marchés depuis mardi soir. La banque d'investissement australienne Macquarie Bank a ainsi averti ce mercredi qu'elle pourrait connaître des pertes allant jusqu'à 25% sur deux de ses fonds obligataires. L'annonce a fait chuter le titre de plus de 10% en fin de séance à la Bourse de Sydney, dans la crainte d'une contagion de la crise du crédit à l'ensemble du secteur bancaire.

Macquarie a précisé que les deux fonds Fortress, qui n'ont pas d'exposition directe sur le subprime, pourraient perdre jusqu'au quart de leur valeur, soit plus de 300 millions de dollars australiens (186 millions d'euros).

Mardi soir, la banque américaine Bear Stearns, qui a eu deux hedge funds lourdement impactés par la crise du subprime, a arrêté les remboursements d'un troisième spécialisé dans les crédits à risque. Et l'établissement de crédit américain American Home Mortgage Investment a dit ne pas exclure une liquidation pure et simple, étant dans l'incapacité de financer de nouveaux prêts. Du coup, le cours de son action, suspendue depuis lundi, s'est effondré de 90% après ces annonces, pour finir à 1,04 dollar, dans un volume de 31 millions de titres, et ce en seulement quelques heures de cotations.

Compte tenu de la contraction sur le marché du crédit en raison de la crise des prêts hypothécaires à risque (subprime), American Home Mortgage a indiqué qu'elle n'avait pas été en mesure de rembourser 300 millions de dollars d'échéances arrivées à terme lundi et "ne s'attend pas à pouvoir rembourser environ 450 millions et 500 millions de dollars aujourd'hui (mardi)".

"Malheureusement, les craintes actuelles concernant le marché du crédit sont maintenant plus importantes que les annonces économiques et, aussi longtemps que ce sera le cas, le marché boursier restera volatil", a souligné Michael Malone, analyste de Cowen & Co. Le fait qu'American Home ne soit pas un spécialiste du "subprime", le crédit à risque, est d'autant plus préoccupant, souligne de son côté Sam Rahman, gérant de Baring Asset Management. "Cela suscite des inquiétudes sur l'ensemble du marché du crédit hypothécaire parce qu'American Home n'était pas vraiment implanté dans le subprime", explique ce dernier, cité par l'agence Reuters. Et de poursuivre encore "Le fait qu'il rencontre des problèmes pour se décharger d'une partie de ses dettes signifie que le problème du subprime est plus étendu que ce que l'on craignait." L'indice KBW des banques a cédé 2%. Parmi les grands noms du secteur, Merrill Lynch a perdu 3,27% à 74,20 dollars, Goldman Sachs 3,78% à 188,34 et JPMorgan Chase 1,65% à 44,01.

Conséquence immédiate : la pause intervenue sur les marchés financiers a été rapidement oubliée. Wall Street a terminé mardi soir la séance sur un nouveau recul de 1,1% (- 146,32 points) pour clôturer à 13.211,99 points, et l'indice composite du Nasdaq de 37,01 points à 2.546,27 points, selon les chiffres définitifs de clôture. L'indice élargi Standard and Poor's 500 a lui baissé de 1,26% (-18,64 points) à 1.455,27 points.

A la Bourse de Tokyo ce mercredi, l'indice Nikkei a terminé la séance sur une baisse sensible de 2,19%. l'indice Nikkei passant pour la première fois depuis quatre mois sous les 17.000 points, sur des craintes d'une propagation de la crise du crédit. Le Nikkei a perdu 377,91 points à 16.870,98, passant pour la première fois depuis le 2 avril sous la barre de 17.000 points. L'indice vedette avait dégringolé de plus de 800 points sur la seule semaine dernière, plombé par les inquiétudes liées aux marchés du crédit aux Etats-Unis et à la situation politique nippone.
L'indice Topix, plus large, a reculé de 37,33 points (-2,19%) à 1.668,85 points sur la séance. La plupart des marchés actions asiatiques sont orientés en nette baisse ce mercredi.

Le secteur bancaire a été particulièrement malmené, avec en tête, Mizuho Financial, qui a cédé 9,03% à 766.000 yen et Mitsubishi UFJ Financial Group, qui a abandonné 4,72% à 1.210.0000 yen. Les deux premières banques japonaises ont publié mardi après la clôture des bénéfices trimestriels en forte baisse.

Et ce mercredi, la journée s'est passée plutôt mal à la Bourse de Paris avec un recul de son indice vedette le CAC40 (qui avait déjà dégringolé de plus de 5% la semaine dernière) de 1,68 %. Elle est même un temps repassée sous la barre des 5600 points en perdant plus de 3%.