Les industriels de la Défense accusés d'être responsables de la crise financière du ministère de la Défense

Après les reproches du ministre de la Défense Hervé Morin portant sur l'hypertechnologie des programmes militaire, le chef d'Etat-major a critiqué le rôle des industriels dans la crise financière du ministère de la Défense. Les premiers effets de la crise financière apparaît dès 2009, selon le ministre de la Défense.

Le chef d'Etat-major le général Jean-Louis Georgelin a critiqué le 9 octobre lors de son audition à la commission de défense de l'Assemblée nationale le rôle des industriels de la défense dans la crise financière que doit affronter le ministère de la Défense. "Les causes, relève-t-il, peuvent également être industrielles, des problématiques industrielles prenant parfois l'avantage sur les considérations opérationnelles. La liberté de choix au sujet d'un programme est quelquefois très relative et ce ne sont pas toujours les programmes les plus efficaces ou les industriels les plus disponibles qui sont retenus".

Les autres raisons à cette crise sont d'ordre budgétaire (étalements et reports des programmes) et opérationnel (renouvellement simultané des équipements de la Marine, de l'aviation de combat et de l'armée de terre). "La loi de finance pour 2009 résultera ainsi de choix d'autant plus difficiles que la prochaine LPM sera une loi de livraison", explique-t-il.

Le ministre de la Défense Hervé Morin avait estimé dans un entretien publié le 10 septembre dans La Tribune que la défense devait "consacrer 5 à 6 milliards d'euros supplémentaires par an" dans le cadre de la prochaine LPM (Loi de programmation militaire) pour financer le budget d'équipement des forces.

Selon Hervé Morin, auditionné également début octobre, la bosse financière "n'apparaît qu'à partir de 2009 puisque les besoins de paiement s'établiront à 19,1 milliards d'euros en 2009, à 21,4 milliards d'euros en 2010, à 22,2 milliards d'euros en 2011 et à 23 milliards d'euros en 2012". "La moyenne annuelle, fait-il observer, se situera autour de 40 % d'augmentation sur toute la durée de la future LPM".

Le chef d'Etat-major rappelle "l'exécution exemplaire" de l'actuelle LPM qui "n'a pas suffi à stopper la dégradation de l'effort de défense nationale". Et se montre particulièrement sceptique sur l'externalisation "particulièrement onéreuse" après l'expérience britannique. "Un engagement plus résolu dans cette voie aurait une traduction budgétaire conséquente", assure-t-il. Parmi les programmes indispensables aux forces armées, il cite le véhicule blindé (VBCI), l'hélicoptère de transport (NH90 terrestre) et le système du combattant du futur Felin, "des équipements majeurs indispensables à la projection en opération extérieure.

"Ces différents programmes ont été reportés mais il n'est aujourd'hui plus envisageable de les différer encore", affirme-t-il. Ce sera pourtant le cas avec l'avion de transport militaire A400M nécessaire au remplacement des Transall à bout de souffle, qui selon Hervé Morin, informé par le PDG d'EADS, va avoir un retard "inférieur à un an". Le ministre a confirmé que "certains programmes subiront des coupes". En revanche, il a démenti l'arbitrage concernant le nombre définitif de frégates multi-missions (FREMM).

S'agissant du budget 2008, il le considère à l'instar d'Hervé Morin, comme un budget de transition. Le projet de budget 2008 du ministère de la Défense, le dernier de l'actuelle LPM permet, selon le général Jean-Louis Georgelin, de "garder ouvertes toutes les options envisageables à l'issue des travaux" de l'équipe chargée de rédiger le Livre Blanc sur la défense et de "permettre aux armées de fonctionner et remplir leurs missions". Aux termes de cette LPM (2003-2008), les armées doivent être capables d'engager notamment une force de 50.000 hommes, un groupe aéronaval et son accompagnement et 100 avions de combats.

Pour autant, estime le chef d'Etat-major, l'équilibre du budget 2008 "reposera sur l'ouverture de la totalité des reports de crédits 2007 en 2008". Ce qui n'a pas été encore arbitré pour le moment, selon nos informations. En revanche, le ministre Hervé Morin a obtenu de l'Elysée de lever la réserve de 1,15 milliard d'euros en 2007 et de Matignon l'ouverture des crédits FREMM (frégates multi-missions) en Loi de finances rectificative (338 millions d'euros). Il a rappelé que la réduction des effectifs concernera 6.037 postes, dont 4.795 militaires et portera sur les fonctions d'administration et de soutien. Le ratio entre les forces opérationnelles et le soutien est de l'ordre de 60/40.

L'un des enjeux de la prochaine LPM, qui est, selon lui, "une nécessité incontournable" pour "inscrire" l'effort de défense dans la durée, sera "de déterminer le format de l'outil militaire souhaité". En clair, la prochaine LPM, qui sera "une loi de livraison" doit accompagner l'adaptation de l'effort de défense "à nos ambitions". Dans ce cadre, il rappelle aux députés que le budget se situe aujourd'hui à 10 milliards d'euros en deçà de celui des Britanniques et à 6 milliards au-dessus de celui des Allemands. "Ces chiffres signifient qu'avec un coût annuel moyen de 74.000 euros par militaire contre 152.000 euros par soldat britannique, l'armée française s'avère bon marché", explique le général Jean-Louis Georgelin.

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