Nouveau scandale chez Siemens

Le groupe allemand aurait entretenu des liens étranges avec un syndicat du groupe, connu pour soutenir la direction. Une nouvelle affaire qui n'arrange pas sa situation. Le directoire a décidé de réduire la marge de manoeuvre de ses divisions et filiales étrangères de manière à avoir un contrôle plus efficace.

Siemens n'est pas sorti d'affaires. Pas un jour quasiment sans que de nouvelles révélations n'éclaboussent l'image du groupe. D'après l'hebdomadaire Der Spiegel, celui-ci aurait des années durant entretenu des liens étranges avec Wilhelm Schelsky, le président du syndicat Unabhängiger Betriebsangehöriger (AUB). Ce dernier vient d'ailleurs d'être arrêté sur ordre du Parquet de Nuremberg sans que les détails toutefois n'aient été communiqués.

AUB est une organisation créée il y a plus de trente ans par des salariés de Siemens mécontents et qui a toujours fait un contrepoids au puissant syndicat de la métallurgie IG Metall. Elle compte aujourd'hui plus de 32.000 membres et est représentée dans quelque 19.000 comités d'entreprise dans toute l'Allemagne. Elle détient aussi notamment un siège au conseil de surveillance de Siemens. Depuis longtemps, les autres syndicats s'interrogent sur son financement.

Mercredi, la police avait effectué une razzia dans plusieurs bureaux à Munich, Erlangen et Nuremberg. Siemens avait ensuite reconnu que le Parquet de Nuremberg enquêtait sur des "soupçons de paiements à un partenaire sans preuve d'une contrepartie concrète" et de potentiels détournements fiscaux. Un porte-parole du groupe avait juste précisé qu'il s'agissait d'un "nouveau cas", n'ayant rien à voir avec une autre enquête menée depuis plusieurs mois déjà par le Parquet de Nuremberg et portant sur des soupçons de corruption dans le cadre du programme "pétrole contre nourriture" de l'Onu en Irak.

Les soupçons de la justice se porteraient sur des paiements étranges versés sans contrepartie à des sociétés qui appartiennent à Wilhelm Schelsky Les enquêteurs auraient découvert plus de 14 millions d'euros de versements depuis 2001 et se demandent si Siemens n'a pas financé l'organisation nettement plus consensuelle que le DGB et l'IG Metall. Le contrat aurait été passé par la division automatisme. Siemens a reconnu que les faits reprochés font déjà l'objet d'une enquête interne, dont les premiers résultats ont été communiqués aux enquêteurs.

Le groupe a confirmé également que ce contrat de conseil a été signé en 2001 par Johannes Feldmayer, aujourd'hui membre du directoire de Siemens en charge notamment de la stratégie. Ce dernier a d'ailleurs été entendu mercredi par la police. Siemens a précisé cependant que le contrat avait été suspendu à la fin 2006, faute de prestations.

Un nouveau chapitre en attendant qui ne va pas arranger sa situation. Depuis les premières révélations sur l'existence de caisses noires en novembre, les affaires se multiplient. Plus de 420 millions d'euros de factures douteuses ont été identifiées par le groupe alors que le Parquet de Munich pour l'instant a fait état de 200 millions de paiements litigieux.

Les enquêteurs allemands ont déjà entendu plus de 30 personnes, et deux anciens membres du directoire, dont l'ex-directeur financier, figurent parmi les suspects. L'affaire, limitée au départ aux seules activités télécoms, toucherait désormais d'autres divisions du groupe comme les transports ou l'énergie. Un premier procès d'ailleurs doit débuter en mars suite à une affaire de corruption avec le groupe italien Enel.

Mais le groupe est aussi dans le collimateur des autorités de la concurrence européenne. Mardi, il avait confirmé une série de perquisitions dans le cadre d'une enquête européenne concernant des soupçons d'entente sur les prix entre plusieurs fabricants de transformateurs électriques. Le suisse ABB et le français Areva sont également concernés.

La semaine précédente, une razzia avait aussi eu lieu dans les bureaux norvégiens de sa division technologie du bâtiment. Les inspecteurs de l'office national des cartels étaient à la recherche de documents pouvant prouver qu'il y a eu entente dans le secteur sécurité-incendie.

En janvier, le groupe a déjà écopé en janvier d'une lourde amende, de plus de 400 millions d'euros, pour des pratiques anticoncurrentielles dans les appareillages électriques. En Hongrie depuis, elle a aussi été condamnée sur le même dossier.

Des affaires dont on voit mal comment elles ne pourraient à un moment ou à un autre avoir des conséquences sur son activité. Siemens aujourd'hui est obligé de prendre les grands moyens. Alors que jusqu'à présent, les onze divisions du groupe et les filiales étrangères bénéficiaient d'une large autonomie, elles vont être à l'avenir beaucoup plus contrôlées par la centrale.

Le groupe également est prêt à renoncer à des contrats dans des pays où la corruption est classique. Il faut dire que le département de justice américain et la SEC, le gendarme de la bourse américaine, enquêtent aussi. Des mesures qui forcément devraient freiner ses affaires

Le Wall Street Journal affirme de son côté que les affaires de corruption présumée chez Siemens pourraient être liés aux mêmes types de soupçons à l'encontre du ministre russe des télécommunications, Leonid Reiman, dossier sur lequel une enquête est également en cours en Allemagne car elle impliquerait des firmes germaniques... dont Siemens qui n'avait pas besoin de cela.

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