Une semaine marquée par les préparatifs des grèves, la hausse du prix des carburants, la vente des Echos et de la Tribune, les banques dans la tourmente et les difficultés d'EADS

A la une de l'actualité cette semaine en France, une série de mouvements sociaux : grève des pêcheurs inquiets du renchérissement des carburants, débrayage des journalistes des Echos et la Tribune indignés par l'attitude de LVMH, mobilisation renforcée des syndicats contre la réforme des régimes spéciaux. Les mauvaises performances d'EADS et les contrecoups de la crise des subprimes ont aussi animé les débats.

L'augmentation du prix de l'or noir depuis plusieurs semaines a finit par susciter des mouvements de gronde en France.

Le gouvernement est contraint à agir pour compenser la hausse des cours du pétrole

Pour contester contre la montée des prix du carburant, les pêcheurs bretons ont refusé de prendre la mer et bloqué plusieurs ports lundi et mardi. A travers ces grèves, ils ont alerté l'exécutif sur la diminution rapide de leurs revenus. Les agriculteurs et les routiers ont eux aussi manifesté leur inquiétude dans le courant de la semaine.

La hausse continue des cours du pétrole a alimenté leurs revendications. Le baril de brut a franchi le seuil des 98 dollars jeudi à New York. Les dernières estimations de la demande énergétique mondiale ont entretenu cette envolée. L'Agence internationale de l'énergie a indiqué mercredi que les besoins mondiaux devraient croître de 55% d'ici à 2030.

Nicolas Sarkozy s'est rendu mardi au port du Guilvinec (Finistère) pour rencontrer les pêcheurs. Le président de la République leur a proposé notamment de compenser l'augmentation des prix du carburant par des exonérations de charges patronales et salariales. Les agriculteurs, quant à eux, se sont vus offrir jeudi des allègements de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) par leur ministre de tutelle Michel Barnier.

En revanche, Christine Lagarde a refusé mardi de réduire la TIPP (taxe intérieur sur les produits pétroliers) pour les automobilistes. La ministre de l'Economie a évoqué "des contraintes budgétaires qui ne nous [le gouvernement] permettent pas d'écraser nos sources de revenus". La patronne de Bercy réunit ce samedi les distributeurs de carburant. Elle va tenter de les convaincre d' "atténuer" les effets de la hausse des cours du pétrole. François Fillon, de son côté, a rejeté mercredi le retour à la TIPP flottante (mécanisme utilisé sous Jospin qui réduit la taxe quand le cours du pétrole augmente, et vice-versa) demandé par le Parti socialiste.

LVMH acquiert les Echos et se dessaisit de la Tribune, les journalistes sont en colère

Après quatre mois de rebondissements, le groupe de média britannique Pearson a cédé lundi les Echos à LVMH, pour 240 millions d'euros. Les salariés du quotidien économique, opposés à cette acquisition, se sont mis en grève. Le journal n'est pas paru mardi et mercredi. Nicolas Bazire, le directeur général du groupe de Bernard Arnault, a tenté de rassurer les journalistes en leur promettant mercredi "le meilleur système d'indépendance au monde". Le leader du marché du luxe suscite aussi la révolte chez les employés de la Tribune dont il est propriétaire depuis 14 ans. Contraint de revendre ce titre pour des raisons de concurrence, LVMH a annoncé jeudi être entré en négociations exclusives avec Alain Weil, le PDG de Next Radio TV (BFM, RMC...). Considérant qu'ils n'ont pas obtenu assez d'informations sur ce projet de reprise, les employés de la Tribune ont à leur tour débrayé jeudi soir.

Crise du subprime : les banques américaines s'enfoncent, les françaises résistent tant bien que mal

L'impact de la crise financière sur les comptes trimestriels de BNP Paribas, présentés jeudi, se limite à une dépréciation d'actifs de 300 millions d'euros. La banque dirigée par Baudouin Prot a vu son bénéfice net progresser de 21%, à plus de 2 milliards d'euros. La Société générale a, quant à elle, supporté une charge de 400 millions d'euros à cause de son exposition aux prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis. Le groupe de Daniel Bouton, qui a dévoilé ses trimestriels mercredi, affiche un bénéfice net en recul de 11,5%, à 1, 123 milliard d'euros.
En revanche, les difficultés des banques américaines s'accentuent. Morgan Stanley a annoncé une perte à venir de 2,5 milliards de dollars à cause de son exposition au subprime. Pour Merrill Lynch, la facture s'élève à 8,4 milliards de dollars. Celle de Citigroup pourrait atteindre 11 milliards de dollars. Accusé d'avoir mal géré la crise, "Chuck" Prince, le patron de la première banque de réseau américaine, a d'ailleurs dû quitter son poste.
Vendredi, la quatrième banque américaine Wachovia a annoncé avoir inscrit une provision pour dépréciation de 1,3 milliard de dollars durant le troisième trimestre et s'attend à au moins 500 à 600 millions pour la quatrième trimestre. Elle a même enregistré 1,1 milliard de dollars de pertes supplémentaires en octobre du fait des turbulences du marché du crédit. Cette information - ainsi que d'autres rumeurs comme celle d'une exposition accrue de Barclays à la crise - a fait plonger toutes les valeurs bancaires, notamment en Europe, y compris en France.

Les pertes d'EADS se creusent à cause des difficultés de l'A400M

Le géant européen de l'aéronautique et de la défense, maison-mère d'Airbus, affiche une perte de 776 millions d'euros pour les neuf premiers mois de l'année. D'après Louis Gallois, qui a présenté jeudi les résultats de son groupe, cette contre-performance est due à des nouveaux retards du programme A400M. Les sous-traitants d'Airbus (filiale d'EADS) peinent à fournir un moteur au futur avion de transport militaire. EADS a donc dû provisionner 1,37 milliard d'euros. Louis Gallois a aussi mis en cause la faiblesse du dollar. "Chaque fois que le dollar perd 10 centimes, nous perdons en même temps à terme plus d'un milliard d'euros" a-t-il expliqué. Pour réaliser des économies, le patron d'EADS a évoqué un durcissement du plan de restructuration Power 8 (qui prévoit 10.000 suppressions d'emplois).

La grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite promet d'être très suivie mercredi

Tous les syndicats de la RATP, sept sur huit à la SNCF, quatre de ceux d'EDF et de GDF ont lancé un appel à la grève pour le 14 novembre. Malgré les tentatives de négociations du gouvernement, la mobilisation contre la réforme des régimes spéciaux de retraite s'accentue. Le calvaire des usagers des transports en commun pourrait se prolonger après mercredi car la majorité des syndicats ont posé des préavis reconductibles. Anne-Marie Idrac, la présidente de la SNCF, a envoyé une lettre jeudi aux 160.000 cheminots pour tenter de les dissuader de débrayer. L'enjeu est de taille pour l'entreprise publique : la grève des 18 et 19 octobre dernier lui a coûté 50 millions d'euros.

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