Chérèque anticipe une rentrée sociale "très chargée"

"Les sujets de friction sont nombreux", a estimé jeudi le secrétaire général de la CFDT, évoquant notamment les suppressions d'emplois dans la Fonction publique. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, espère pour sa part une rentrée sociale "comme les autres".

Y aura-il des grèves et des manifestations en France à compter du mois de septembre? C'est la question que se posent à chaque fin d'été les pouvoirs publics, souhaitant toujours que les syndicats ne gâchent pas le cours des décisions politiques. Signe de ce questionnement rituel sur la rentrée sociale: le président de la République a déjeuné jeudi en tête à tête avec François Chérèque, secrétaire général de la CFDT.

Or le syndicaliste répond par l'affirmative. François Chérèque estime que "les problèmes sociaux dans notre pays sont très lourds" et "les sujets de friction nombreux" entre syndicats et gouvernement. Il ne fait donc pas de doute pour le leader de la CFDT que la rentrée sociale sera "très chargée".

Pour le ministre du Travail Xavier Bertrand, la chose est également entendue mais dans l'autre sens: la rentrée 2007 sera "comme les autres", c'est-à-dire sans mouvements sociaux majeurs. Pour expliquer les raisons d'une telle sérénité, le ministre met en avant en particulier les trois conférences sociales sur l'emploi et le pouvoir d'achat, les conditions de travail et l'égalité professionnelle entre les sexes prévues en octobre et novembre et dont les premiers préparatifs réuniront patronat et syndicats autour du gouvernement dès le 3 septembre.

Pourtant, un certain nombre de décisions récemment prises par le gouvernement ou qui pourraient être bientôt annoncées sont susceptibles de regonfler les syndicats, à commencer par les fédérations de fonctionnaires. Celles-ci, qui se rencontrent vendredi pour échanger leurs analyses et envisager d'éventuelles actions, ont en effet très mal pris l'annonce de la suppression de 22.700 postes de fonctionnaires l'an prochain, dont 11.000 à l'Education nationale, après 12.000 postes en moins en 2007.

Si c'est moins que promis par le candidat Sarkozy, ces suppressions "sont d'une ampleur inégalée", a estimé Gérard Aschiéri (FSU). Si bien que les déclarations d'André Santini, secrétaire d'Etat à la Fonction publique, pour qui la France bat le "record mondial" de la part de fonctionnaires dans sa population active, ont excédé les syndicats, qui contestent par ailleurs les chiffres avancés par André Santini. Pour le secrétaire général de la CFDT, l'absence de "débats sur les objectifs et les missions de la Fonction publique" avant toute discussion sur les effectifs "ne semble pas la bonne méthode".

Mais les effectifs ne sont pas l'unique grief des syndicats de fonctionnaires, qui réclament unanimement des négociations salariales, en vain pour l'instant. Or, sans augmentation salariale en 2007, sans annonce d'augmentation salariale en 2008, le pouvoir d'achat des fonctionnaires est à la peine. D'autant que celui-ci a déja diminué de 6% entre 2000 et 2005, selon les syndicats. Bref, si l'on ajoute les conditions de travail, "il y a de fortes raisons pour que les fonctionnaires fassent connaître leur mécontentement" dans les semaines à venir, affirme Jean-Marc Canon (CGT Fonctionnaires).

D'autant que les quatre conférences prévues avec les syndicats de fonctionnaires à partir de septembre, sur le pouvoir d'achat, les missions de la Fonction publique, le dialogue social et les parcours professionnels, ne semblent pas de nature à apaiser leur grogne. Et il n'est pas sûr que le discours du président de la République aux fonctionnaires, prévu la semaine prochaine, change quoi que ce soit sur le fond des revendications de la Fonction publique.

La mise en oeuvre de la loi sur le service minimum est un autre sujet de mobilisation pour les syndicats. Alors que le Conseil constitutionnel a validé le texte en l'état, la CGT, qui a appuyé le recours des parlementaires socalistes au motif que la loi portait atteinte à l'exercice du droit de grève, a promis des actions sur ce thème à la rentrée. Les syndicats de cheminots sont particulièrement en colère, estimant que non seulement le droit de grève est restreint par la nouvelle législation, mais que celle-ci est inutile puisque le service minimum existe déjà à la SNCF. Or, la loi prévoit des négociations dans l'entreprise ferroviaire. Celles-ci risquent d'être d'autant plus houleuses que les points de contentieux entre direction et syndicats sont nombreux: fret, dialogue social et bientôt régime de retraite.

Les deux autres pommes de discorde entre les salariés et le gouvernement sont les franchises médicales, contre lesquelles une mobilisation s'est déjà faite jour, et la TVA sociale. Le gouvernement va faire voter au Parlement en septembre, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, une franchise de 50 centimes par boite de médicament et acte paramédical et une autre de deux euros sur les transports en ambulance. Plusieurs dizaines d'associations et syndicats et 50.000 citoyens ont lancé fin juillet un "Appel contre les franchises et pour l'accès aux soins de tous". Le collectif prépare différentes mobilisations à partir de fin septembre.

Quant à la TVA sociale, sur laquelle le secrétaire d'Etat à la Prospective Eric Besson doit remettre un rapport à la fin du mois au Premier ministre, sa mise en oeuvre pourrait avoir des effets néfastes sur l'inflation. Car comme l'a expliqué le président du groupe UMP Jean-François Copé, rien ne dit que les entreprises répercuteront la baisse des cotisations sociales patronales sur les prix. Or, les enquêtes pendant la campagne présidentielle ont montré que le pouvoir d'achat est la principale préoccupation d'une majorité des Français.

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