L'économie mondiale est en bonne forme mais les balances des paiements courants des pays émergents, trop excédentaires, doivent être rééquilibrées, ont estimé jeudi les dirigeants du G8 réunis en sommet.

Les Huit, réunis jusqu'à vendredi à Heiligendamm, une station balnéaire allemande de la Baltique, ont aussi recommandé la vigilance face au développement des fonds spéculatifs. "Nous notons que l'économie mondiale est en bonne forme et que la situation est actuellement plus favorable à un ajustement (des déséquilibres) que par le passé", indique un communiqué des chefs d'Etat et de gouvernement publié à l'issue de la séance du jeudi matin, consacrée aux questions économiques.

Les dirigeants des huit pays les plus riches de la planète ont aussi lancé un appel indirect à la Chine pour quelle laisse davantage s'apprécier le yuan. Les pays émergents disposant d'importants excédents de leurs comptes courants doivent faire évoluer leurs taux de change pour contribuer à réduire ces déséquilibres, indique le communiqué.

"Le contexte économique va dans un sens favorable à l'ajustement des déséquilibres mondiaux", affirment les dirigeants. "A l'extérieur de notre groupe, un certain nombre de pays émergents d'Asie ont pris les premières mesure sur la voie d'un régime de taux de change plus souple et d'un renforcement de leur secteur financier, des décisions de nature à soutenir cet ajustement", lit-on dans le communiqué.

Les chefs d'Etat et de gouvernement ont discuté des taux de change, a confirmé le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

De leur côté, les cinq pays émergents invités au G8 en tant qu'observateurs (Brésil, Chine, Inde, Mexique et Afrique du Sud) se sont consultés dans l'après midi à Berlin pour rapprocher leurs positions, notamment sur le climat, avant de participer au sommet. Selon certaines sources, ils envisagent de faire front contre toute exigence trop ambitieuse en matière climatique, comme la fixation d'objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Dans l'après midi, la Chancelière allemande a justement annoncé un accord entre les membres du G8 sur l'objectif d'une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre, allant même jusqu'à affirmer qu'il s'agissait d'une réduction de l'ordre de 50%. Jusque là, les Etats-Unis refusaient de voir mentionner un quelconque pourcentage dans le communiqué final du sommet, en raison de l'exonération dont bénéficient les pays émergents.

La Chine et l'Inde, dont la croissance exponentielle va de pair avec une augmentation vertigineuse de leur pollution, ont relevé que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas se faire sur le dos de leur croissance, lors d'une rencontre du Premier ministre indien Manmohan Singh et du président chinois Hu Jintao dans une hôtel berlinois.

Ils considèrent que les pays industrialisés portent la responsabilité des conséquences actuelles d'un réchauffement déjà entamé, leur industrialisation polluant la planète depuis le 19e siècle.

A Heiligendamm, où sont réunis depuis hier et jusqu'à demain les huit pays les plus industrialisés au monde, Manmohan Singh souhaite également rappeler que son pays a déjà réduit d'un quart ses émissions de CO2.

Sur invitation du président mexicain Felipe Calderon, les cinq dirigeants doivent se rencontrer dans la soirée dans la capitale allemande. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le président sud-africain Thabo Mbeki seront présents.

Les cinq pays émergents ont été invités par la chancelière allemande Angela Merkel qui préside le G8, dans l'objectif d'élargir le dialogue et d'impliquer ces pays dans un plan de lutte collective contre le réchauffement climatique.