Plans de sauvegarde européens pour les anguilles et les thons

Les ministres de la Pêche de l'Union européenne ont adopté ce lundi des mesures en vue de restaurer les stocks halieutiques. Très prisés notamment par les consommateurs japonais, les anguilles et les thons rouges sont menacés d'extinction par une pêche excessive.

Les ministres de la Pêche de l'Union européenne réunis à Luxembourg ont finalement adopté ce lundi des plans de sauvegarde pour les anguilles et les thons rouges, deux espèces menacées d'extinction par une pêche excessive. L'importance de l'enjeu commercial autour de ces espèces a longtemps retardé des accords entre les Etats membres de l'Union.

Les anguilles et les thons sont en fait victimes de leur succès auprès des consommateurs asiatiques, notamment au Japon. Leurs prix se sont envolés, entraînant une surpêche. Ainsi les civelles (bébés anguilles) européennes peuvent dépasser 1.000 euros le kilo sur les marchés asiatiques. La France, l'Espagne et l'Italie, principaux pêcheurs de thons rouges et de civelles, ont défendu jusqu'au bout les intérêts de leurs pêcheurs.

Pourtant, il y avait urgence à agir non seulement selon les organisations écologistes mais aussi selon la Commission européenne. Les chiffres sont éloquents: le stock d'anguilles a décliné de presque 100% depuis 1980, et les captures de thon sont trois fois trop importantes, selon les scientifiques.

Le plan de sauvegarde du thon, d'une durée de 15 ans, vise à restaurer les stocks, notamment en Méditerranée. Il s'inscrit d'ailleurs dans un effort mondial décidé en janvier au Japon par l'ensemble des grandes nations de pêche. Les principales mesures pour l'Union consistent à diminuer de 10% dès cette année les quotas de pêche de ses Etats membres, à limiter les sorties en mer à six mois dans l'année, et à augmenter à partir de 2008 de 10 à 30 kilos la taille minimale des prises, pour laisser aux thons le temps de se reproduire. Les quotas de pêche devraient encore diminuer à l'avenir.

Le Royaume-Uni et l'Irlande ont critiqué un plan "trop tardif" pour le thon et l'amnistie pour les pays qui ont dépassé leurs quotas de pêche, comme la France. Quant à l'organisation écologiste WWF, elle estime le plan insuffisant, expliquant que les quotas restent "largement au-dessus des recommandations des scientifiques", d'autant plus que le niveau réel des prises est mal contrôlé. Le WWF demande la "fermeture immédiate" de la pêche au thon, sans attendre la date normale du 1er juillet, observant que les pêcheurs européens ont déjà quasiment atteint leurs quotas pour cette année. Greenpeace déplore de son côté que les Vingt-sept fassent "passer les arrangements politiques avant les avis scientifiques".

En ce qui concerne l'anguille, le plan de sauvegarde a un double objectif: relancer la reproduction, en laissant au moins 40% des anguilles adultes quitter les rivières pour aller frayer en mer, et repeupler les cours d'eau européens, en imposant de revendre une partie des captures de juvéniles à l'aquaculture.

En 2008, 35% des jeunes anguilles (mesurant moins de 20 centimètres) capturées devront ainsi être revendues dans l'Union pour repeupler les rivières. Ce pourcentage sera augmenté chaque année de 5 points, pour atteindre 60% en 2013. Par ailleurs, à la suite d'une proposition présentée par l'Allemagne, au nom de l'Union européenne, l'anguille européenne a été placée sous la protection de la convention de la CITES sur le commerce international des espèces menacées à La Haye.

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