Le directeur de cabinet de la ministre du Logement démissionne mais riposte

Jean-Paul Bolufer occupait depuis 1981 un logement à bas prix dans le parc HLM de la ville de Paris. Le Premier ministre, le conseiller social de Nicolas Sarkozy et le ministre du Travail ont exigé sa démission. Il s'exécute mais demande à ce que les autres cas de ce type soient rendus publics. Cette affaire intervient alors que le froid rend encore plus précaire la situation des sans-abri.

La ministre du Logement Christine Boutin a accepté ce jeudi matin 20 décembre la démission de son directeur de cabinet Jean-Paul Bolufer, annonce son ministère dans un communiqué. Cette démission fait suite à un tir groupé pour obtenir son départ. Le Premier ministre jugeait ainsi "nécessaire" cette démission dans un communiqué publié ce jeudi. Dans le même temps, le conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, estimait sur LCI qu'il fallait "toujours faire preuve d'exemplarité lorsqu'on a quelque pouvoir dans la république".

Enfin, le ministre du Travail Xavier Bertrand souhaitait, toujours ce jeudi sur RTL, que Jean-Paul Bolufer "régularise très vite" sa situation. Dès hier, mercredi, le Haut-commissaire aux solidarités actives, Martin Hirsch, avait estimé que Jean-Paul Bolufer devait proposer sa démission.

Ce matin, pourtant, Jean-Paul Bolufer se défendait, dans une interview publié par le Parisien/Aujourd'hui en France. Il considère que les conditions de location de son logement sont "claires et connues" et qu'il ne bénéficiait "d'aucun privilège". Il souligne que son "cas ressemble à celui de milliers de personnes à Paris". Et il n'évoquait pas sa démission.

Hier, mercredi, le Canard Enchaîné révélait que Jean-Paul Bolufer était logé depuis 1981 dans un logement de 190 m2 d'un HLM du V° arrondissement de Paris, au prix de 6,30 euros le m2. A l'époque, il était membre du cabinet de Jacques Chirac, maire de Paris. Cette révélation intervient alors que le froid extrême rend encore plus dangereuse la situation des sans-abri. Le nombre de places d'urgence promises l'an passé n'est pas au rendez-vous, loin s'en faut.

Jean-Paul Bolufer sera remplacé au poste de directeur du cabinet de la ministre du Logement et de la Ville par Alain Lecomte, jusqu'à présent directeur général de la Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction (DGUHC), selon un communiqué du ministère.

Toutefois, Jean-Paul Bolufer a aussitôt contre-attaqué lors d'un entretien sur France 2 : "je voudrais poser une question au maire de Paris et lui demander s'il est disposé de faire publier par la Régie immobilière de la Ville de Paris la liste de l'ensemble des appartements gérés par cette société, de leur superficie, de leur localisation et de leurs loyers. (...) Les locataires, c'est à lui d'en décider".

Il demande aussi une enquête de la Chambre régionale des comptes sur les conditions d'attributions des logements en Ile-de-France. "J'entends depuis hier en particulier beaucoup de donneurs de leçons et je pense à ces paroles de l'Evangile, "que celui qui n'a jamais pêché lui jette la première pierre". J'entends aussi beaucoup se taire, peut-être parce qu'ils se sentent trop concernés par cette question".

Enfin, il indique qu'il n'entend pas déménager du logement qu'il occupe. "Cette affaire est entre les mains de mon avocat. A ce stade, je n'ai aucune raison de le quitter". Il ajoute qu'il a prêté le logement à des proches pendant 17 ans, mais assure qu'il n'a pas touché de loyer à ce moment. A ses yeux, "il ne s'agissait pas d'une sous-location illicite".

200.000 cas semblables selon l'Union nationale de la propriété immobilière
Jean Perrin, le président de l'Union nationale de la propriété immobilière, seule organisation représentant les propriétaires-bailleurs du parc privé, a estimé ce jeudi qu'au moins 200.000 foyers se trouvaient dans la situation de Jean-Paul Bolufer c'est-à-dire occupant un HLM malgré de hauts revenus. Ce chiffre de 200.000 foyers "est celui annoncé par l'Union sociale pour l'habitat", (USH), qui regroupent les organismes HLM, indique-t-il, ajoutant "on espère que suite à cette situation, chacun prendra ses responsabilités".

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