Spécialiste de la défense, Pierre Servent passe à l'offensive. Sa cible, le journaliste la connaît bien: les médias. Accusés tout simplement de trahison. Traîtres à leur mission première, informer, sans crainte ni reproche.

La charge est lourde. Passé par la presse écrite quotidienne - Le Monde, La Croix - le cabinet ministériel, les grands groupes (services, banque), Servent a pu décrypter l'information des deux côtés du miroir. Il démonte ici la machine à informer et (surtout) à déformer. Il passe en revue les travers du métier de journaliste aujourd'hui: précipitation, esprit moutonnier, préjugé idéologique, priorité à l'émotion... Appris sur les bancs des écoles, les fondamentaux du journalisme - rigueur, esprit critique, recoupement des sources d'information - sont jetés aux orties.

Prenant exemple sur les affaires récentes - Alègre, Outreau...-, Pierre Servent dénonce la dérive du continent médiatique sans oublier la "médialomanie" des dirigeants (politiques, avec mention spéciale pour Philippe Douste-Blazy, chefs d'entreprise, au premier rang desquels Jean-Marie Messier).

N'y aurait-il donc aujourd'hui aucune lueur d'espoir pour un traitement réfléchi de l'actualité? Le reporter-consultant-analyste relève quelques signes positifs comme le succès du Parisien - avec le pari fait de la vulgarisation pédagogique - ou le lancement de Reporters d'espoir, agence de presse valorisant des "sujets" exemplaires.

Une étude au vitriol sur les moeurs journalistiques du jour et un plaidoyer pour la quête du sens... et non du sensationnel. Un ouvrage citoyen hautement recommandable.


Pierre Servent, "La trahison des médias". Bourin éditeur. 170 pages.15 euros.