Bangladesh : pour ne pas rater l'exposition annulée...

Les autorités du Bangladesh ont, au dernier moment, retiré leurs oeuvres que devait présenter le musée Guimet. Reste le catalogue. Un superbe collector.

En ce mois de janvier, Jean François Jarrige, le passionné président du musée Guimet, et Vincent Lefèvre, responsable de l'exposition, n'en reviennent toujours pas. Au tout dernier moment, alors qu'une grande partie des oeuvres était déjà en place au sein du musée dédié aux arts d'Asie, le gouvernement du Bangladesh soumis à d'étranges pressions politiques internes, a subitement annulé l'envoi des dernières pièces, de façon rocambolesque (des statues auraient été dérobées... puis retrouvées) et brutale (aucune excuse fut-elle diplomatique). Voilà 400.000 euros de perdus pour l'institution parisienne.

Dommage, car cette exposition, unique par ses présentations, s'inscrivait en point d'orgue à toute une série d'autres manifestations de très haut niveau, consacrées par Guimet à l'art de pays méconnus et jamais réunis de par le monde.

Seule consolation, le catalogue, déjà imprimé, reste disponible. Il révèle ce que l'amateur n'a pas pu voir et s'avère un guide précieux pour aborder la culture du Bangladesh, pays tellement ignoré qu'on ne connaît de lui le plus souvent que des images d'une extrême pauvreté et de redoutables inondations.

Sur place, la recherche archéologique a débuté en 1910 et aujourd'hui encore, des équipes de la Maison de l'Orient poursuivent des fouilles sur le grand site de Matashan, fondé à l'époque de Maurya (IVème siècle avant J.C.)

Historiquement lié au Bengale, détaché du Pakistan en 1971, le Bangladesh a été fortement marqué jusqu'à l'arrivée de l'islam au XIIIème siècle par les trois grandes religions indiennes, bouddhisme, hindouisme et jaïnisme. Ce sont nombre de chefs d'oeuvre artistiques de ces courants de pensée, surtout issus des temples de Pundravardhana, Vanga et Samatata qui auraient dû être présentés à Paris en ce moment. La majorité sont des représentations divines, Bodhisattva, Vajrasatta, Surya et bien sûr Buddha, debout, assis, seul, entouré, de figures et animaux mythiques, la plupart en pierre noire, parfois en grès ou en chlorite. Des manuscrits, des plaques décoratives, des sceaux et des monnaies complètent cet ensemble très élégant et très représentatif.

Le remarquable catalogue, richement illustré est également fort informatif sur l'art du Bangladesh. Du fait de cette "non-exposition", c'est déjà un collector.

"Chefs d'oeuvre du Delta du Gange, Collections des musées du Bangladesh", Guimet-RNM, 310 pages, 49 euros.
A lire également, le numéro spécial de Connaissance des Arts, 8 euros

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