Le gouvernement tente de calmer la grogne des pêcheurs

Mécontents du plan d'aide gouvernemental, les marins pêcheurs de nombreux ports français ont reconduit la grève. Les pêcheurs bretons parlent d'"avancées" après une réunion avec Michel Barnier. Les pêcheurs belges, portugais et espagnols menacent à leur tour de se mettre en grève.

Le mouvement des pêcheurs contre le prix du gazole est à la croisée des chemins. Mécontents du plan d'aide gouvernemental destiné à soutenir leurs revenus, les pêcheurs français ont décidé dans de nombreux ports de maintenir voire de durcir leur mouvement, désavouant leurs représentants nationaux qui les appelaient à mettre fin à leurs actions. Seuls les pêcheurs de Royan, de l'Ile d'Yeu, du Croisic et de Roscoff ont mis fin à la grève.

Le gouvernement cherche par tous les moyens à leur faire reprendre le travail. Le ministre de la Pêche, Michel Barnier, a annoncé jeudi qu'il "s'engageait solennellement" à une mise en oeuvre "extrêmement rapide" des mesures d'aide. Vendredi, il a assuré sur France 2 que l'aide pour soutenir le revenu des pêcheurs serait maintenue "au-delà de six mois", avant de tenir une réunion à Rennes avec les présidents des comités de pêche bretons.

Ceux-ci semblent satisfaits des "avancées" obtenues. Michel Barnier les a assurés de la mise en place d'un système d'aide "pérenne" au secteur. "Le gazole à 0,40 euro le litre, on réussit à l'avoir, a affirmé André Le Berre, président du comité régional des pêches de Bretagne. Il y a des aides à tous les marins pour un gazole à 40 centimes quel que soit son prix et d'une façon définitive".

Les pêcheurs réclament un gazole à 40 centimes le litre à la pompe contre 75 aujourd'hui, seul moyen selon eux pour que leur activité soit rentable. Ils n'auront pas "le gazole à 40 centimes à la pompe" car "c'est formellement interdit par Bruxelles", mais ils bénéficieront d'un système d'aide aux équipages. "On demande à chaque marin d'amener sa fiche de paie avec les carburants consommés par son navire. Il sera remboursé de la différence", a expliqué André Le Berre. Il reste aux présidents des comités de pêche à convaincre la base, ce qui ne sera pas le plus aisé.

Par ailleurs, Michel Barnier a annoncé vendredi dans un communiqué qu'il tiendrait une réunion sur la "formation et la transparence des prix dans la filière de la pêche le jeudi 29 mai" à laquelle participeront marins pêcheurs, marayeurs et représentants de la grande distribution. Le ministère de la Pêche a précisé vendredi que l'"aide sociale" de 40 millions d'euros annoncée mercredi s'ajoute au plan pour la pêche de 310 millions d'euros décidé en janvier et sera financée sur le budget de l'Etat.

Mais la grogne des pêcheurs français donne des idées à leurs homologues européens. Les pêcheurs espagnols manifesteront à Madrid fin mai et menacent d'arrêter la pêche en juin pour faire pression sur le gouvernement si aucune aide n'est débloquée pour compenser l'envolée des prix du gazole. Les pêcheurs portugais prévoient de faire grève vendredi pour portester contre le gazole cher. Et plusieurs centaines de pêcheurs belges ont protesté vendredi contre la hausse des prix du gazole, distribuant une tonne de poissons gratuitement à Zeebrugge, premier port de pêche national.

Bruxelles dément avoir approuvé le contenu du plan
La Commission européenne a-t-elle donné son feu vert à Paris pour le plan d'aide aux pêcheurs? Oui, si l'on en croit le Premier ministre François Fillon. "Nous avons l'accord des autorités européennes sur les dispositions qui ont été proposées pour aider les pêcheurs français à surmonter la crise", a affirmé le Premier ministre vendredi à Copenhague. La Comission européenne a précisé dans la foulée avoir donné seulement un accord "de principe" à La France sur les dispositions générales du plan annoncé en janvier, d'un montant global de 310 millions d'euros. A l'origine sur trois ans, ce plan a été ramené à deux ans. Certaines mesures financières vont être examinées par la Commission pour voir si elles sont conformes à la législation européenne, en particulier l'aide à la restructuration et à la modernisation de la flotille de pêche nationale, la principale mesure en termes budgétaires. En revanche, les 40 millions d'aide sociale annoncés mercredi ne passeront pas sous les fourches caudines de Bruxelles, la Commission ne s'estimant pas concernée par cette aide "destinée aux familles de pêcheurs".

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