Le transport aérien révise une nouvelle fois à la baisse ses objectifs de bénéfices

L'association internationale du transport aérien (Iata) table pour 2008 sur un bénéfice net cumulé de 4,5 milliards de dollars, et non plus sur 5 milliards comme annoncé en décembre ou encore 7,8 milliards en septembre 2007. L'Iata met en avant le renchérissement du prix du pétrole et le ralentissement de l'économie mondiale.

Le transport aérien est bel et bien entré dans une zone de turbulences. Ce mardi matin, l'association internationale du transport aérien (Iata) qui regroupe plus de 240 compagnies aériennes représentant 94% du trafic international régulier, a une nouvelle fois révisé à la baisse ses prévisions de bénéfices nets pour 2008. Elle table désormais, pour l'ensemble du secteur, sur un profit de 4,5 milliards de dollars. Et non plus sur 5 milliards comme elle le prévoyait encore en décembre dernier. Déjà à ce moment là, en raison des premiers effets de la crise du crédit, l'Iata avait déjà révisé à la baisse ses prévisions. En juin 2007, l'association tablait pour 2008 sur un profit de 9,8 milliards de dollars, avant de se réviser ses prévsions trois mois plus tard, en septembre en abaissant son objectif à 7,8 milliards.

Ce pessimisme croissant provient de l'augmentation plus importante du prix du baril et d'un ralentissement de l'économie mondiale dont la croissance est estimée par l'Iata à 2,6%. Alors qu'en décembre, l'association tablait sur un prix du baril moyen de 78 dollars pour 2008, elle estime aujourd'hui que ce prix sera de 86 dollars. Ce qui devrait porter la facture du carburant globale à 156 milliards de dollars. A un tel niveau, le carburant représentera 32% des coûts opérationnels des compagnies.

Toutes les zones géographiques devraient néanmoins être bénéficiaires en 2008, à l'exception de l'Afrique. Les compagnies américaines et européennes devraient dégager chacune un bénéfice net de 1,8 milliard de dollars (contre respectivement en 2007 un profit de 2,8 milliards et 2,1 milliards). Les résultats des transporteurs asiatiques devraient rester stables à 900 millions de dollars tandis que les profits des compagnies du Moyen-Orient s'élèveront à 200 millions (contre 300 millions en 2007). Leurs concurrentes d'Amérique Latine parviendront à atteindre l'équilibre en 2008 (par rapport aux 100 millions de dollars de pertes de 2007), pendant que les compagnies africaines réduiront leurs pertes de 100 millions, à 300 millions de dollars.

"Nous prévoyons toujours des résultats positifs de 4,5 milliards de dollars, mais l'année s'annonce très dure", a déclaré Giovanni Bisignani, Président directeur général de l'IATA. Alors que l'envolée du prix du pétrole entre 2004 et 2008 a été compensée par des gains de productivité et le dynamisme de la demande, l'Iata est aujourd'hui bien plus pressimiste. "L'impact croissant de la crise des crédits aux Etats-Unis a brusquement stoppé la forte confiance des consommateurs. Le prix du pétrole continue d'augmenter. Le trafic ralentit et, après avoir amélioré la productivité du travail de 64% et réduit les coûts unitaires hors carburant de 18% depuis 2001, les gains de productivité sont beaucoup plus difficiles à réaliser", estime Giovanni Bisignani.

Surtout, au moment où le trafic aérien augmente toujours mais de manière moins soutenue (+4 à 5% en février contre +7,4% en février 2007), les livraisons d'avions vont connaitre un pic en 2008. Selon l'Iata, 1.231 appareils devraient être livrés cette année, après les 1.041 de 2007. Certes, une partie servira à remplacer les avions les plus voraces en carburant, mais le reste pourrait engendrer une situation de surcapacité, entrainant de facto une baisse des prix. D4ailleurs certains observateurs n'excluent certaines annulations de commandes. Selon l'Iata, les recettes unitaires réelles (ajustées de l'inflation et des effets de change) devraient chuter de 4,1% cette année (après une baisse de 3,2% en 2007).

Ce phénomène risque, selon l'Iata, d'être amplifié par l'entrée en vigueur de l'accord de ciel ouvert entre l'Europe et les Etats-Unis. Celui ci va augmenter le nombre de vols transatlantiques de 11% en avril, essentiellement à Londres Heathrow et en Espagne (+25%). Sur ces deux marchés, le renforcement de la concurrence va mettre la pression sur les recettes unitaires.

Aussi pour Giovanni Bisignani, ce contexte doit pousser à la consolidation du secteur émietté (il y a plus de 1.000 compagnies dans le monde). Pour cet ancien PDG d'Alitalia, "les salariés doivent voir les bons résultats de la consolidation constatées en Europe et continuer à se consolider à une échelle internationale encore plus large. Et les gouvernements doivent comprendre que le drapeau sur l'empennage des avions a perdu sa signification". Un clin d'oeil au dossier de la reprise d'Alitalia par Air France-KLM qui butte sur l'hostilité des syndicats tout en étant pris en otage par une partie de la droite italienne qui dénonce la perte du pavillon national.

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