Cathy Kopp (Medef) : "nous tenons à ce que l'accord soit porté tel quel par le gouvernement dans la loi"

Cathy Kopp, DRH du groupe Accor, est la chef de file du Medef dans les négociations sur la modernisation du marché du travail. Elle souligne les suites qui seront données à l'accord sur le marché du travail, avalisé par quatre syndicats.

Latribune.fr : comment évaluez-vous le résultat de la négociation ?

Cathy Kopp : je dirai qu'il est historique. Les partenaires sociaux ont, lors de cette négociation, réussi à faire bouger des lignes qui n'avaient pas évolué depuis des dizaines d'années en France. Et l'accord que nous avons conclu, après de longues et difficiles négociations, touche à tous les aspects de la vie du salarié: l'embauche, la carrière professionnelle, la rupture du contrat de travail, et même la période de chômage, afin que le salarié ait plus de chances de rebondir plus vite vers l'emploi. Nous avons voulu créer un mode de rapport entre salariés et employeur digne du XXI° siècle. C'était difficile car il fallait vraiment que chaque partenaire avance vers l'autre

On a eu le sentiment que l'intervention du gouvernement, en fixant une date butoir, vous a contraints d'aller plus vite ?

C'est vrai. Nous avons dû accélérer le rythme à la fois pour ne pas réduire le champ de la négociation. Egalement parce que ce sujet était le nôtre, organisations d'employeurs et de salariés. Il nous fallait prouver que nous savions prendre des dossiers difficiles à bras le corps. Tous, je dis bien tous les participants à la négociation, se sont montrés constructifs lors des discussions. Ensuite, chacun a décidé dans ses instances.

Désormais, la balle est dans le camp de l'exécutif et du législatif, l'accord devant être traduit dans la réalité par une loi et des décrets d'application. Comment allez-vous vivre cette période ?

Cette période qui s'ouvre n'est pas une formalité. Au gouvernement et au parlement, une somme d'intelligence collective importante voudra essayer d'apporter quelque chose à cet accord. Or, nous tenons à ce que l'accord tel qu'il a été signé soit porté tel quel par le gouvernement dans la loi, car il est le fruit d'intenses discussions. Je pense que nous aurons notre mot à dire, nous, partenaires sociaux, si jamais nous constatons des déviances par rapport à l'esprit dans lequel l'accord à été conclu. Nous serons donc tous partenaires du gouvernement. D'ailleurs, Xavier Bertrand, le ministre du travail, veut réunir les partenaires sociaux rapidement, afin de partager l'esprit et la substance de l'accord.

Cet accord ouvre un certain nombre de perspectives. Allez-vous lancer de nouvelles négociations ?

Effectivement, l'accord pose les bases de nouvelles discussions concernant plusieurs sujets dont l'assurance chômage, la formation professionnelle qui figurent déjà dans l'agenda social. Elles sont très importantes. Une troisième négociation devrait s'ouvrir concernant la gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC). Notamment, nous avons suggéré dans l'accord que les négociations sur la GPEC dans l'entreprise soient strictement séparées d'un éventuel plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Nous voulons que la négociation à venir permette à l'employeur de dire la stratégie de son entreprise aux salariés, qu'il puisse indiquer par exemple les métiers qui disparaîtront et ceux qui seront en croissance ainsi que les formations à lancer pour adapter les compétences.

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