Le Sénat met des bâtons dans les roues du "hard discount"

Les sénateurs ont écorné dans la nuit de mardi à mercredi la mesure phare du projet de loi de modernisation de l'économie (LME), qui aurait notamment permis aux enseignes à bas prix ("hard discount") de s'installer très facilement. Pourtant deux études publiées cette semaine ont montré l'engouement du public pour les "discounteurs".

A force d'amendements, les sénateurs sont parvenus à assouplir le projet de loi sur la modernisation de l'économie (LME). Ils ont ainsi assuré aux élus des communes de plus de 15.000 habitants, un garde-fou face aux grandes surfaces.

Les maires seront donc autorisés à saisir la Commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) pour les implantations de 300 à 1000 m². Selon le texte initial, les grandes enseignes n'avaient à demander une autorisation qu'à partir de 1000 m². Ce texte donnait ainsi une grande marge de manoeuvre aux enseignes de "hard discount" comme Lidl, Aldi, Leader Price,...dont la surface dépasse souvent 600m².

L'ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, auteur, en 1996, d'une loi limitant l'implantation des grandes surfaces, s'est réjoui. Il s'est d'ailleurs élevé à plusieurs reprises contre "ce déterminisme qui laisserait penser qu'il n'y a d'avenir que pour les grands" et contre l'idée que "le "hard discount" serait la solution pour le pouvoir d'achat". Les autres sénateurs présents lors du vote ont affirmé vouloir défendre "le commerce de proximité".

Cette décision du Sénat va pourtant à l'encontre de l'avis des consommateurs. Une étude du cabinet TNS Worldpanel, publiée cette semaine, a montré que la part de marché des discounters est montée à 13,9% en juin 2008 contre 13,5% un an auparavant. Quant aux prix des produits de grandes marques (de plus en plus distribués par les "discounteurs"), ils ont reculé de 2,3% sur un an (étude de Nielsen Panel International). A l'inverse, les prix ont augmenté de 3% dans les supermarchés et de 3,8% dans les hypermarchés.

Les "discounters" ont trouvé comment réduire au maximum leurs dépenses. Tout d'abord, ils rognent sur les frais de personnel, puisque les caissières se chargent du rangement des produits dans les rayons. De plus, la décoration y est réduite au minimum: éclairage au néon et produits posés à même le sol. Pour finir, il y a quatre fois moins de choix de produits que dans les enseignes classiques.

Mais tous ces arguments ne semblent décourager ni les consommateurs, ni les défenseurs des enseignes à bas prix qui les perçoivent comme les nouveaux hérauts de la hausse du pouvoir d'achat.

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