L'Europe arrondit les angles face au déficit français

Les ministres des Finances de la zone euro ont un peu réduit la pression lundi soir sur la France à propos de ses déficits. Ils ont réitéré leur appel à un retour à l'équilibre de ses comptes publics d'ici 2010, mais à condition que la conjoncture ne se dégrade pas trop.

La France doit "faire en sorte d'atteindre l'objectif en 2010", a souligné à Bruxelles le président du forum qui regroupe les 15 ministres des Finances au sein de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue d'une réunion. Mais dans le même temps, il rappelé que cet engagement, pris il y a un an environ par les pays européens, était à atteindre seulement "si les conditions cycliques le permettent", autrement dit si la croissance ne ralentit pas trop. Une manière d'en relativiser le caractère impératif.

Cette précision peut offrir une porte de sortie à la France, au moment où la croissance ralentit en Europe et dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Paris argue précisément de cette détérioration pour demander plus de temps à ses partenaires, une politique de rigueur excessive risquant à ses yeux d'aggraver la situation.

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde n'a d'ailleurs pas manqué de se féliciter du message de l'Eurogroupe, qu'elle a jugé "équilibré". "On verra ce que les conditions cycliques nous réservent", a-t-elle dit. Dans une interview au quotidien Le Figaro publié lundi, elle avait souligné qu'il serait "très difficile" à la France "dans la situation actuelle" d'atteindre l'équilibre en 2010.

Cet objectif avait été pris en avril 2007 par la France et ses partenaires de l'Union européenne, avant que Nicolas Sarkozy ne succède à Jacques Chirac comme président de la République. Peu après son élection, Nicolas Sarkozy avait remis en cause cet engagement soulignant que son pays se réservait la possibilité de ne remplir l'objectif qu'en 2012. Ce qui a suscité depuis l'irritation de ses partenaires européens, particulièrement de l'Allemagne, déjà revenue à l'équilibre, et de la Commission européenne.

Du reste, si la France a obtenu lors de l'Eurogroupe que soit clairement rappelée la condition attachée à l'objectif de 2010, elle reste dans le collimateur de ses partenaires. "Nous avons exprimé l'avis unanimement partagé que la France doit renforcer sa consolidation budgétaire et réduire le niveau de ses dettes" de façon "à pouvoir assurer une marge manoeuvre suffisante" par rapport à la limite de déficit public autorisé dans l'Union Européenne chaque année, à savoir 3% du Produit intérieur brut (PIB), a déclaré Jean-Claude Juncker.

Après l'Eurogroupe, qui rassemble les seuls quinze pays de la zone euro, les ministres des Finances de l'ensemble des 27 pays de l'UE devraient réitérer le message ce mardi à Bruxelles lors de leur réunion mensuelle. Mais la France n'est pas la seule visée. L'Eurogroupe a aussi exhorté lundi soir l'Italie à faire des efforts de "consolidation budgétaire", particulièrement cette année. Une mise en garde intervenant alors que se profilent des élections anticipées en avril, où la droite de Silvio Berlusconi est donnée favorite.

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