Nouvel épisode dans la crise du "subprime" : les réhausseurs de crédit dans la tourmente

L'agence de notation Fitch a abaissé la note du réhausseur de crédit FGIC qui perd ainsi son "triple A", une note pourtant indispensable à son activité. D'autres agences de notation pourraient faire de même avec les deux géants américains du secteur, Ambac et MBIA. Une décision qui pourrait provoquer une nouvelle crise financière mondiale. MBIA annonce une perte de 2,3 milliards de dollars au quatrième trimestre. Les agences de notation revoit à la hausse leur estimation du coût global de la crise.

La crise du "subprime" prend une nouvelle ampleur, en touchant de plein fouet les réhausseurs de crédit. L'agence de notation Fitch Ratings a ainsi annoncé mercredi avoir abaissé de "AAA" à "AA" sa note crédit de la division de rehaussement de crédit de FGIC Corp, au motif que celle-ci ne présente pas une base de capital suffisante pour justifier la meilleure note crédit du classement. De fait, Fitch a abaissé de deux crans sa note de la solidité financière de FGIC, et de trois crans à "A", contre "AA", sa note long terme de la maison mère FGIC Corp.

FGIC, le numéro quatre du secteur, appartient à un groupe comprenant le rehausseur de crédit PMI Group et les fonds de private equity Blackstone, Cypress Group et CIVC Partners LP. Ce partenariat a racheté FGIC à General Electric en 2003 pour environ 2,18 milliards de dollars.

Mais la perte du "triple A" risque de sérieusement perturber l'activité de l'entreprise, déjà fragilisée par la crise des "subprimes", et pourrait par ricocher provoquer un déclassement de plus de 100.000 obligations municipales.

FGIC n'est toutefois pas le seul à être en difficultés. Selon la presse américaine, les deux géants du réhaussement de crédit américains, AMBAC Financial et MBIA pourraient également voir leurs notes abaissées par les grandes agences de notation. D'ailleurs, MBIA, le numéro un mondial du rehaussement de crédit, a fait état ce jeudi d'une lourde perte au quatrième trimestre de 2,3 milliards de dollars, sous le coup de 3,5 milliards de dollars de provisions pour couvrir son portefeuille de dérivés de crédit.

Si les agences de notation devaient massivement abaisser les notes des principaux réhausseurs, cela risquerait alors de provoquer une nouvelle crise financière mondiale. Une hypothèse qui inquiète jusqu'au pouvoirs publics américains. Le département des assurances de l'État de New York a ainsi déclaré que la décision de Fitch montrait que les parties concernées devaient agir vite pour résoudre les problèmes des rehausseurs de crédit.

De son côté, le fondateur du hedge fund Pershing Square Capital Management, Bill Ackman, a appelé les régulateurs à contraindre les deux leaders américains du rehaussement de crédit, Ambac et MBIA, à cesser de verser des dividendes, ceux-ci étant exposés selon lui à des pertes cumulées de plus de 23 milliards de dollars sur les obligations qu'ils ont garanties.

Signe de l'ampleur de la crise du "subprime" sur l'ensemble du secteur financier, l'agence américaine Standard & Poor's a annoncé par ailleurs mercredi soir s'attendre à ce que les pertes totales des institutions financières liées aux problèmes du marché du crédit immobilier dépassent au bout du compte les 265 milliards de dollars. "Les banques doivent se préparer à un nouveau chapitre dans l'histoire de leurs problèmes liés au marché du crédit immobilier, histoire en cours de dévoilement", a indiqué l'agence dans un communiqué.

Elle a aussi déclaré avoir déclassé ou envisagé de déclasser 270 milliards de dollars de titres adossés à des crédits immobiliers américains, et annoncé le placement de 264 milliards de dollars d'obligations CDO sous surveillance avec implication négative.

L'agence de notation financière Moody's Investors Service lui a emboîté le pas ce jeudi et estime désormais que les pertes moyennes sur prêts consentis en 2006 pourraient se situer entre 12 et 24%, en fonction de la baisse des prix constatée pour les logements et de l'impact de la hausse des remboursements sur les crédits à taux variables. Sa propre projection pour les pertes sur les crédits subprime en 2006 se situe entre 14% et 18%. En octobre, Moody's avait estimé les pertes entre 6,5% et 15%.

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