Italie : le gouvernement est menacé, nouvelles élections législatives en vue

La démission du ministre de la Justice pourrait accélérer la chute du cabinet Prodi. Des élections parlementaires anticipées sont aussi très probables au troisième trimestre, après le référendum sur la loi électoral prévu d'ici le 15 juin prochain.

L'Italie est au bord d'une énième crise politique. La démission du ministre de la Justice, Clemente Mastella, pourrait en effet provoquer la chute du gouvernement de gauche de Romano Prodi. Ce choc politique intervient alors que la banque centrale, la Banque d'Italie, vient de réviser à la baisse sa prévision de croissance pour cette année de 1,7% à seulement 1%.

En réaction à la mise en examen de sa femme pour le soupçon de "tentative de concussion", le ministre de la Justice a selon ses propres termes "jeté l'éponge" et annoncé sa démission. Quand bien même sa démission, pour le moment refusée par le président du Conseil, Romano Prodi, deviendrait effective, Mastella détiendra toujours le pouvoir de faire chuter le cabinet actuel.

Chef d'un petit parti du centre, l'Udeur, Mastella contrôle trois sénateurs qui contribuent à donner la mince majorité (d'un ou deux sièges) indispensable à Romano Prodi au Sénat. Sans le soutien de l'Udeur, la coalition gouvernementale semble promise à disparaître. "L'Udeur n'a pas l'intention de sortir de la majorité" a toutefois voulu rassurer Tommaso Barbato, chef du groupe parlementaire Udeur au Sénat.

L'inculpation de l'épouse du ministre de la Justice, par ailleurs présidente du Conseil régional de Campanie (région de Naples) pourrait aussi constituer le meilleur prétexte que Clemente Mastella a trouvé pour sortir de la majorité de gauche hétéroclite, allant des communistes orthodoxes au centre catholique. Dimanche dernier, dans une interview au quotidien La Nazione, le ministre de la Justice n'avait pas exclu "d'ouvrir nous-mêmes la crise" au sein du gouvernement, notamment en raison de sa "souffrance" face aux orientations de la gauche sur le thème des "rapports avec l'Eglise et la politique étrangère".

De plus Mastella se disait déjà prêt à sortir de la majorité au cas où les deux grands partis de la péninsule, Forza Italia de Silvio Berlusconi et le parti démocrate de Walter Veltroni (gauche), s'entendraient sur une nouvelle loi électorale défavorable aux petits comme le sien, l'Udeur. Or, la loi électorale devrait de toute façon être bientôt modifiée et probablement être très prochainement mise en pratique lors d'élections parlementaires anticipées.

La Cour constitutionnelle italienne a en effet jugé valide, ce mercredi après-midi, la pétition populaire demandant la tenue d'un référendum modifiant la loi électorale actuelle. Ce référendum devra se tenir un dimanche entre le 15 avril et le 15 juin prochains. Une fois modifiée la loi électorale, de nombreux partis auront l'intérêt à faire tomber le cabinet Prodi pour provoquer de nouvelles élections.

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