Les marchés s'inquiètent d'enquêtes sur Alstom

Selon le Wall Street Journal, le groupe français aurait versé "plusieurs centaines de millions de dollars" de pots-de-vin afin d'obtenir des contrats en Asie et en Amérique du Sud entre 1995 et 2003. Des perquisitions ont eu lieu dans les locaux du groupe.

Alstom fait l'objet d'une enquête en France et en Suisse visant à déterminer si le groupe français a versé "plusieurs centaines de millions de dollars" de pots-de-vin afin d'obtenir des contrats en Asie et en Amérique du Sud entre 1995 et 2003, écrit le Wall Street Journal ce mardi. Une information prise au sérieux par les investisseurs : le titre signe la deuxième plus forte baisse du CAC40 derrière Veolia : -2,44% à 146,61 euros.

Des responsables de la police helvétique ont rencontré la semaine dernière leurs homologues brésiliens au sujet de versements d'un total de 6,8 millions de dollars qu'auraient effectués des responsables d'Alstom pour obtenir un contrat de 45 millions de dollars pour l'extension du métro de Sao Paulo, précise le quotidien économique.

Les enquêteurs s'intéresseraient aussi à des versements représentant 200 millions de dollars qu'auraient effectués Alstom dans le cadre d'un projet hydroélectrique au Brésil et des projets au Venezuela, à Singapour et en Indonésie. Les versements liés à ces projets figurent dans des documents d'Alstom que les enquêteurs se sont procurés, poursuit le quotidien, précisant les avoir lui-même consultés.

Deux anciens cadres d'Alstom ont reconnu l'année dernière avoir effectué des versements pour le compte du groupe, selon des sources proches de l'enquête. Un porte-parole d'Alstom, cité par le WSJ, a reconnu que les locaux du groupe avaient fait l'objet de perquisitions dans le cadre de l'enquête par les autorités françaises, mais a observé qu'aucune accusation officielle n'avait été formulée.

L'enquête en cours a démarré en 2004, rappelle le quotidien, portant donc sur des faits intervenus avant la restructuration du groupe et la mise en place de la direction actuelle, sous l'égide de Patrick Kron.

Le groupe dément néanmoins formellement. Cet article "repose sur des hypothèses et des spéculations. Il mentionne en particulier des personnes qui n'ont jamais fait partie de l'entreprise ou ont quitté le groupe en 2001", affirme le groupe dans un communiqué.

Alstom souligne qu'"aucune procédure judiciaire ne met l'entreprise en cause pour des faits de corruption" et que "les auditions, en tant que témoins, de responsables actuellement en fonction dans l'entreprise mentionnées dans l'article du Wall Street Journal Europe, font partie des pratiques usuelles de la justice et s'inscrivent dans le cadre d'une procédure engagée en Suisse qui ne vise pas Alstom". Ces auditions, poursuit-il n'"impliquent aucune mise en cause de ces personnes".

Cependant, des sources judiciaires interrogées par l'AFP (Agence France Presse), viennent confirmer ce mardi les informations du Wall Street Journal. Selon ces dernières, le groupe industriel français serait visé depuis novembre 2007 par une enquête judiciaire en France pour "corruption" lors de l'attribution de contrats à l'étranger après une dénonciation des autorités judiciaires suisses.

Cette affaire rappelle en partie celle ayant frappé Siemens pour des actes de corruption, là aussi liés à des contrats à l'étranger, sur la période 2001-2004, scandale qui a fait grand bruit outre-Rhin. Mais chez Siemens, la direction en place était impliquée et a connu du coup un massif coup de torchon.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.