La Société Générale lance aujourd'hui son augmentation de capital destinée à renforcer ses fonds propres, moins de trois semaines après avoir révélé des pertes astronomiques de trading. Le prix a été fixé à 47,50 euros à comparé à un dernier cours vendredi de 77,72 euros, soit une décote de 38,9% par rapport au cours de l'action Société générale vendredi en clôture. La Bourse n'apprécie pas : le titre baisse ce lundi matin de plus de 2% et passe sous les 76 euros.

Dans un communiqué, la banque indique que l'opération se fera avec droits préférentiel de souscription pour ses actionnaires, quatre droits permettant de souscrire à une action nouvelle, ce qui conduira à la création de 116.654.168 actions nouvelles.

La souscription est ouverte du 21 février - date de la publication des comptes de la banque - au 29 février. L'augmentation de capital est considérée comme déjà réalisée pour la Société Générale, le risque reposant sur deux établissements qui ont garanti l'opération, JP Morgan et Morgan Stanley.

La Banque indique encore dans son communiqué qu'elle a passé des provisions supplémentaires liées à la crise du subprime. Les pertes qui y sont liées se chiffrent désormais à 2,6 milliards d'euros (2 milliards annoncées le 24 janvier dernier). Au bout du compte, la banque annonce au titre de l'année 2007 un résultat net de 947 millions d'euros au dessus de sa dernière estimation (entre 600 et 800 millions d'euros).

Elle actualise dans le même temps ses objectifs, tablant à l'horizon 2009 sur un coefficient d'exploitation compris entre 60% et 62% et un rendement des capitaux propres compris entre 19% et 20% et ce, sur la base d'un ratio Tier one en normes Bâle 1 de 8% à fin 2008, ramené progressivement à 7,5% à fin 2010.

La banque a également précisé aujourd'hui les modalités du traitement fiscal qui sera appliqué à ses pertes. Selon un responsable de l'établissement, l'impact de la perte de trading record enregistrée par la banque ne se fera sentir sur sa fiscalité qu'en 2008 même si, comptablement, elle est imputée sur l'exercice 2007.

La Générale acquittera en fait au fisc un impôt sur le bénéfice 2007 tenant compte du gain de 1,4 milliard d'euros enregistré au 31 décembre sur les positions du trader Jérôme Kerviel alors que la perte constatée à leur dénouement fin janvier, 6,3 milliards, viendra en déduction de ses impôts 2008. "Il n'y a pas de similitude entre la vision comptable des impôts consolidés et l'impôt que l'on paye chaque année", a souligné ce responsable.

"Du point de vue de l'impôt payé, nous allons payer effectivement en 2007 un impôt sur le profit qui a été constaté à fin décembre 2007 et nous déduirons la perte qui a été enregistrée de facto lors de la période 2008 sur le paiement des impôts de 2008", a-t-il ajouté. Dans ses comptes consolidés, la Société générale a décidé d'activer dans ses comptes 2007 le crédit d'impôt différé lié à cette perte.

Mardi dernier, la ministre de l'Economie Christine Lagarde avait déclaré que le gouvernement allait "examiner de manière très attentive" les comptes de la Société générale afin de déterminer le traitement fiscal de la perte de trading accusée par la banque, qui pourrait le conduire à lui rembourser un trop perçu chiffré dans la presse à plus d'un milliard d'euros sur l'impôt sur les sociétés.

Elle s'etait refusé à chiffrer le montant de trop-perçu d'IS que l'Etat devrait rembourser à la Société générale si la perte imputée par la banque aux opérations frauduleuses d'un trader étaient rattachée à l'exercice 2007.