Les syndicats parlent du risque de future pénurie de pilotes chez Air France

Alors que la compagnie aérienne se dit sereine, certains syndicats de pilote s'inquiètent.

Des syndicats d'Air France ont tiré mardi la sonnette d'alarme, affirmant qu'une pénurie de pilotes guettait la compagnie, mais cette dernière se dit sereine en raison notamment de conditions de travail particulièrement avantageuses.

"D'ici un an, on se pose de vraies questions sur notre capacité à réaliser le programme tel qu'il est prévu. Va-t-on être obligé de laisser des avions au sol ?", s'est interrogé auprès de l'AFP Eric Derivry, président du Syndicat national des pilotes de lignes (SNPL) d'Air France, le syndicat majoritaire.

"Il est sûr que nous aurons des difficultés l'été prochain", a pronostiqué Jean-Pierre Loisel, responsable du SNPNAC, autre syndicat de pilotes, cité mardi par le Parisien.
Réputée pour ses très bonnes conditions salariales et de travail, la compagnie nationale est restée de marbre: "Air France n'anticipe pas de difficultés particulières en matière de recrutement ou de formation de ses pilotes", a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Pour 75 heures de travail par mois, elle offre un salaire annuel de 75.200 euros par an, indemnités transport, repas et primes d'intéressement au résultat en plus.
Il n'empêche, le transporteur doit actuellement relever deux défis: les départs à la retraite des baby-boomers et la croissance des offres proposées par la compagnie, qui emploie 4.000 pilotes.
Entre 2009 et 2011, 130 pilotes par an partiront à la retraite, prévient M. Derivry, contre 50 entre 2002 et 2004.

En outre, stimulée par la croissance économique mondiale, l'offre d'Air France croît actuellement de 5% par an. L'accroissement de l'offre, qui se traduit par la mise en place d'avions plus gros ou par l'augmentation des fréquences, génère un besoin plus grand de pilotes.

Pour y faire face, M. Derivry estime qu'il faudrait en recruter 300 par an ces trois prochaines années. Un chiffre en ligne avec les prévisions d'Air France. La compagnie affirme "avoir trouvé sans problèmes particuliers les 260 pilotes dont elle avait besoin en 2007 et, à ce jour, ne pas prévoir de difficultés pour trouver les 300 qu'elle cherche à recruter en 2008 et 2009".

Mais au problème d'embauche vient se greffer celui de la qualification. Un copilote doit en effet suivre une formation de six mois pour devenir pilote, tout comme un pilote de moyen-courrier pour piloter un long-courrier. M. Derivry chiffre à un quart de l'effectif le personnel immobilisé pour faire ses classes.

Là encore, Air France affiche le plus grand calme, estimant avoir déjà affronté une situation similaire par le passé: "un peu plus de 1.000 pilotes formés sur un nouvel avion chaque année. C'est un volume plus élevé que celui que nous avons connu entre 2003 et 2006 (700 par an) mais comparable à celui qui nous avons déjà connu en 2000 ou en 2001".
Parmi les solutions envisageables, certains pilotes plaident pour une retraite à 65 ans (et non 60 comme c'est le cas actuellement). Une proposition combattue avec force par les syndicats et la direction.

Une fusion avec Alitalia aux avions obsolètes et aux équipages très nombreux pourrait également apporter une bouffée d'oxygène à la compagnie française. Le rapprochement des deux transporteurs est cependant suspendu à l'accord des pilotes italiens qui ont jugé mardi l'offre de reprise d'Air France "inacceptable".

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