Municipales : une sanction pour le pouvoir selon le PS, l'UMP minore sa défaite, le Modem donnera ses consignes au coup par coup

De François Hollande à Pierre Moscovici, les dirigeants socialistes soulignent l'avertissement lancé par les électeurs à l'issue du premier tour des élections municipales. L'UMP estime avoir limité la casse.

Le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a estimé dimanche que les élections locales marquaient la "volonté" de l'électorat d'adresser un avertissement au gouvernement et au président de la République. Selon lui, "le premier tour des élections municipales et cantonales a été l'occasion pour les Français d'exprimer trois volontés : d'abord une volonté de participation à un grand débat démocratique qui est celui de l'avenir des territoires. L'abstention a été plus faible que lors des précédentes consultations comparables ; la deuxième volonté est une volonté de confier à la gauche dès le premier tour la responsabilité de nombreuses villes là où nous étions sortants, mais aussi là où nous étions en conquête, Rouen, Laval, Alençon, et peut-être d'autres au fur et à mesure que les résultats vont se confirmer. Enfin, la volonté d'avertir le président de la République et le gouvernement sur la politique menée depuis neuf mois, et notamment sur la question du pouvoir d'achat.

Il a ajouté "je lance maintenant un appel pour la mobilisation pour le second tour des élections municipales, cantonales, car tout reste ouvert, rien n'est gagné ou joué. Une autre étape doit être franchie. Je suis aussi fier, je le dis à titre personnel, d'avoir convaincu les électeurs de Tulle de me redonner leur confiance à un niveau de 72 % dès le premier tour. Je veux aussi vous dire que selon les informations que j'ai pu recueillir, le conseil général de la Corrèze qui était tenu depuis 23 ans par la droite va sans doute basculer à gauche dès ce soir."

Ségolène Royal, pour sa part, a affirmé sur France 2 que le premier tour des élections municipales était un "vote sanction" pour le pouvoir qui doit "s'amplifier au deuxième tour".

Le député PS Pierre Moscovici a estimé dimanche soir sur France 2 que le premier tour des municipales était "une première sanction pour le pouvoir" avec "un vote qui se porte avec beaucoup de force sur la gauche et sur le Parti socialiste".

De son côté, le porte-parole du Parti socialiste Julien Dray a estimé ce dimanche sur France 3 que "la gauche est là et bien là", au soir du premier tour des élections municipales.

Toutefois, les dirigeants socialistes mettent en garde contre un risque de désaffection des électeurs au second tour et appellent au maintien de la mobilisation.

Du côté de l'UMP, on estime pourtant avoir limité la casse. Le secrétaire général Patrick Devedjian a déclaré dimanche sur TF1 : " ce ne sont pas de bons résultats naturellement, mais en même temps ils ne sont pas si mauvais que les sondages les ont annoncés", a-t-il affirmé. "J'espère que le désaveu des sondages que, malgré tout, les résultats vont donner ce soir, rappellera à notre électorat de ne pas se décourager".

Xavier Bertrand, le ministre du Travail, réélu dès le premier tour à saint-Quentin, dans l'Aisne, ou Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale, réélu lui aussi au premier tour à Meaux (Seine-et-Marne) ont tenu à souligner que leurs victoires, face à la mobilisation de l'opposition, montraient la confiance que les électeurs maintenaient en l'action de la majorité. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a exprimé le voeu qu'il y ait "une mobilisation beaucoup plus forte au deuxième tour".

Au MoDem, Marielle de Sarnez, numéro 2 du parti de François Bayrou et candidate à Paris, a estimé sur TF1 que les résultats du premier tour marquaient le "signe d'un désenchantement pour le gouvernement". "Ce n'est pas un franc succès pour le gouvernement et pour l'UMP", a-t-elle affirmé. "Les Français ont peut-être été nombreux à croire aux promesses de Nicolas Sarkozy mais celles-ci n'ont pas été tenues, ce qui suscite un désenchantement, voire de l'inquiétude", a-t-elle ajouté.

François Bayrou (voir notre article sur l'élection à Pau) a, lui, estimé : "tolérance, pluralisme, et non pas sectarisme, cela va être la question du deuxième tour. Pour nous, ce deuxième tour, nous allons le livrer dans la clarté, comme nous avons livré le premier, et je ne doute pas qu'après ce premier tour, un très grand nombre d'électeurs et d'électrices de Pau disent : maintenant que vient le moment de choisir le maire, et non plus seulement d'exprimer des préférences, des sensibilités, de montrer un message, maintenant que vient le moment de choisir le maire, alors nous voulons un maire qui assure le pluralisme et qui porte le changement. Parce que, après plusieurs décennies de la présence de la même équipe au pouvoir à la mairie, il y a aussi ce besoin de changement profond que, je pense, les électeurs ont exprimé. Voilà pourquoi je dis que cette deuxième mi-temps va être formidable, passionnante, et je crois victorieuse.

Le leader du Modem ajoute : "vous voyez bien ce qui s'est passé : beaucoup de désillusions après les promesses du printemps, le sentiment de beaucoup de Français que les résultats n'étaient pas au rendez-vous, et ils l'ont manifesté par une poussée classique du côté de la gauche, du côté de l'opposition, du parti socialiste et de ses alliés. Maintenant, entre les deux tours, comme il est normal, les électeurs vont affiner leur message, et je suis persuadé qu'ils vont rechercher, après un message fort, une situation beaucoup plus équilibrée. Cela veut dire aussi que le gouvernement et Nicolas Sarkozy vont devoir réfléchir au message que les Français leur ont adressé."

François Bayrou se dit "persuadé que ce vote, qui est allé assez largement à gauche, n'est pas un vote d'adhésion au parti socialiste, mais un vote d'avertissement à l'égard du pouvoir en place. On a besoin maintenant de trouver un meilleur équilibre, et de la part du gouvernement, j'ai multiplié moi-même les avertissements depuis longtemps, de la part du gouvernement et du Président de la République, l'urgente nécessité d'entendre le message que les électeurs ont annoncé, et qui touche à leur vie, à leurs conditions de vie et aux difficultés de vie qui sont les leurs."

Pour autant, le dirigeant du Modem refuse de donner une consigne de vote unique pour le second tour. Il a indiqué sur France 2 que son mouvement ne donnera "pas de consigne générale" pour le deuxième tour des municipales, mais examinera la situation "ville par ville, candidat par candidat".

Une réponse à Ségolène Royal qui a lancé dimanche soir "il faut faire des alliances partout avec le MoDem" et à l'ancienne ministre de la justice PS Elisabeth Guigou qui a déclaré que si les électeurs du MoDem "veulent rejoindre" la gauche, "ils sont les bienvenus". "On a besoin de se mobiliser pour confirmer cette poussée" de la gauche, a-t-elle affirmé, ajoutant : "ce que je reproche à François Bayrou, c'est qu'avec sa stratégie de un coup à gauche, un coup à droite, on ne sait pas où on va".

Cette situation d'arbitre du Modem n'a pas empêché le parti centriste concurrent, le Nouveau Centre, allié de l'UMP, de déclarer ce dimanche soir qu'il "s'impose comme le seul parti au centre de la vie politique française à avoir des élus en situation de responsabilités", selon le communiqué de son président, le ministre de la Défense Hervé Morin.

A l'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, président du FN, a affirmé sur TF1 que les municipales montraient "un net redressement du Front national". Même si sa fille Marine ne réussit pas la percée espérée à Hénin-Beaumont, dans le Pas de Calais (voir notre article).

A l'extrême-gauche, Olivier Besancenot a déclaré : "les questions sociales ont été au coeur de la campagne, à la fois sur le prisme local et sur le plan national. Il n'y a pas une campagne où on n'ait pas discuté du ravage de la spéculation financière sur les logements et donc des propositions alternatives sur la question du service public du logement, sur la question des multinationales qui s'emparent d'à peu près tous les services publics. Je pense aux transport, à Véolia, je pense aussi au scandale de l'eau, et cela est très présent comme thème des campagnes municipales. Je rappelle que l'eau est privée en France, beaucoup d'énergies sont devenues privées, et cela donne d'importants écarts de factures. Ceci pour l'aspect local.

Pour l'aspect national, la question des salaires et des licenciements. J'ai beaucoup milité et réagi dans cette campagne, il n 'y a pas un département où je n'aie vu des salariés qui résistaient à la question des suppressions d'emploi, je pense notamment à des salariés dans une entreprise des Ardennes, qui sont victimes d'un patron voyou, qui réclamaient une indemnité de 50 000 euros ; quand je fais le calcul, 50 000 euros, pour les 160 salariés de cette entreprise, c'est déjà moitié moins que le 1,5 million euros que peut-être touchera un jour M. Gautier de Sauvagnac. Cette histoire d'exaspération des politiques libérales qu'elles soient locales ou nationales, en effet, elle s'est traduite par une sanction, et je crois qu'elle a profité visiblement mais c'est un peu trop tôt pour le dire, à la gauche, mais aussi, je le crois, à la gauche de la gauche puisque nous avons déjà réussi l'exploit, qui, pour nous n'était pas simple, de se présenter dans deux fois plus d'endroits, présenter ou soutenir deux fois plus de listes. On était présent et on soutenait 85 listes aux dernières municipales, cette fois-ci, on est présent et on soutient 200, évidemment il y a des endroits où on fait des petites percées. Donc je pense que ce sera un engagement et de la cohérence pas seulement pour le deuxième tour, mais pour l'après élections municipales, le combat devra continuer".

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