Areva confirme discuter avec Vinci mais dément tout partenariat exclusif

Le groupe nucléaire français affirme être en discussions avec Vinci pour construire des réacteurs nucléaires, mais réfute l'idée d'un partenariat exclusif afin de contrer les appétits de Bouygues, qui rêve d'entrer à son capital.

Les discussions entre Areva et Vinci sont désormais officielles. Le groupe nucléaire a confirmé ce vendredi discuter avec le groupe de BTP et de concession sur de possibles partenariats pour construire des réacteurs nucléaires. Toutefois, Areva précise bien qu'aucun accord de partenariat exclusif est envisagé.

"Des partenariats existent avec (le groupe français de BTP) Bouygues ou avec le groupe américain Bechtel. Il y en aura sans doute un jour avec Vinci. Ce qui compte c'est la demande de nos clients et la performance de l'offre. Mais il ne peut y avoir d'exclusivité avec personne", a déclaré un porte parole d'Areva, précisant que les contacts avec Vinci ont démarré "il y a quelques mois".

Jeudi, le site Internet du magazine Challenges affirmait que le groupe public Areva, champion français du nucléaire, envisagait un "partenariat exclusif" avec Vinci pour le génie civil autour des centrales nucléaires de nouvelle génération EPR afin de contrer les appétits de Bouygues qui rêve d'entrer à son capital. L'accord concernerait les futurs réacteurs EPR qu'Areva pourrait construire en Europe de l'Est, au Royaume-Uni, au Maroc, en Algérie et en Egypte.

"La présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon, a rencontré à plusieurs reprises le patron non exécutif de Vinci, Yves-Thibault de Silguy, pour lui proposer un tel partenariat afin de contrer les visées de Bouygues sur son capital", ajoutait Challenges selon qui "les deux parties sont convenues de se revoir fin janvier afin de commencer les discussions, sur la base d'un document de travail 'de trois ou quatre pages' que les équipes de Vinci sont en train de préparer et qui stipulera que Vinci et Areva préparent ensemble les dossiers d'appel d'offres dans le cadre d'un consortium".

Le porte-parole d'Areva a qualifié "d'inepties" ces informations "du point de vue du capital d'Areva" que "du point de vue opérationnel" et des partenariats. Le capital d'Areva, public à 85%, et que l'Elysée entend refondre, "appartient à l'Etat, et l'Etat fait ce qu'il veut", a ajouté le porte-parole. Il a précisé que les collaborations avec les groupes de BTP concernaient les EPR mais aussi les autres réacteurs de moindre puissance.

De son côté, Vinci avait déclaré jeudi avoir des "contacts" avec Areva, mais démenti tout "partenariat exclusif" avec le groupe nucléaire. Le groupe a confirmé l'existence de discussions, soulignant que rien n'était conclu. "Il y a effectivement des discussions pour éventuellement nouer des partenariats pour répondre ensemble à des appels d'offres, mais c'est tout (...) Il s'agit de début de discussions comme des entreprises telles que Vinci et Areva peuvent en avoir, rien n'est signé, a dit une porte-parole de Vinci. Il n'y a pas de partenariat exclusif dans le but de contrer Bouygues".

L'avenir de la filière nucléaire française fait actuellement l'objet d'un travail de réflexion lancé par la Présidence de la République et le gouvernement avec l'aide de la banque britannique HSBC et du cabinet de conseil américain McKinsey. Certains pensent que, compte tenu des liens d'amitiés entre Nicolas Sarkozy et Martin Bouygues, le premier veut permettre l'alliance du second avec Areva ou du groupe nucléaire avec Alstom dont Bouygues détient 30% et qui intervient dans le nucléaire en réalisant les îlots conventionnels des centrales qui en transforment l'énergie en électricité pour le réseau.

Mais d'autres estiment qu'une alliance Alstom-Areva serait contre-productive et rappellent qu'il faudra régler la question de l'allemand Siemens, actionnaire à 34% de Framatome ANP, l'activité d'Areva qui fabrique les réacteurs nucléaires. Or, Siemens affirme vouloir rester voire développer ses liens avec Areva. Et le groupe allemand est le concurrent d'Alstom, dans l'énergie mais aussi dans les transports (avec son train à grande vitesse ICE, rival du TGV). La partie promet donc d'être compliquée. L'arrivée de Vinci dans le jeu modifie encore une fois la donne.

Acquisition en Finlande pour Areva
Areva a annoncé jeudi que son pôle Transmission & Distribution (T&D) a acquis pour un montant non dévoilé la société finlandaise Nokian Capacitors afin de se renforcer sur le marché de l'ultra haute tension. Nokian Capacitors fabrique notamment des condensateurs destinés aux installations à courant continu haute tension (HVDC) et les systèmes flexibles de transmission d'énergie en courant alternatif (FACTS). Elle a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 51 millions d'euros. La société emploie actuellement 290 salariés. Areva inscrit cette acquisition dans le cadre d'une stratégie de respect de l'environnement et souligne que les HVDC et FACTS permettent de réduire les émissions de gaz carbonique (CO2). Areva est décidément actif en Finlande où il a vendu son premier réacteur nucléaire de nouvelle génération, l'EPR, chantier qui a pris d'ailleurs beaucoup de retard ce qui pèse financièrement sur les comptes des protagonistes.

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