Suspension des négociations à l'OMC sur les produits industriels

Le négociateur de l'organisation mondiale du commerce stigmatise les divergences entre les 152 pays membres.

L'OMC a suspendu lundi les négociations sur une baisse généralisée des droits de douane pour les produits industriels, mettant ses Etats membres au défi de parvenir à un accord entre eux avant une importante réunion ministérielle à Paris.

Le médiateur de la négociation sur les produits industriels à l'Organisation mondiale du commerce, Don Stephenson, a décidé de suspendre sa mission, jugeant inutile de poursuivre la discussion en l'absence de convergence entre les 152 pays membres.

"Il est temps que les pays membres prennent leur responsabilités et qu'ils travaillent entre eux afin de rapprocher leurs positions. Tant qu'ils n'y seront pas parvenus, il est inutile de convoquer des réunions de négociation sur les produits industriels", a-t-il expliqué.

Le médiateur a présenté le 20 mai un avant-projet d'accord qui a suscité les critiques d'une grande partie des membres de l'OMC. S'exprimant devant la presse, il a reconnu que les positions des Etats étaient plus éloignées que jamais depuis la publication de ses propositions.

"Durant la dernière semaine de discussions, les choses se sont dégradées. Nous sommes moins en mesure de soumettre un texte aux ministres", a-t-il admis.
"Certaines questions qui étaient résolues ou sur le point de l'être ont été rouvertes, alors que certaines positions extrêmes ont été maintenues, voire radicalisées", a déploré M. Stephenson, qui représente le Canada auprès de l'OMC.

En marge d'une réunion de l'OCDE, une trentaine de pays doivent se retrouver jeudi à Paris au niveau des ministres du Commerce pour évoquer l'état des négociations du cycle de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar pour libéraliser le commerce mondial.

Dans le cadre de ces négociations, qui auraient déjà dû aboutir fin 2004, les pays riches, sous pression pour réduire subventions et droits de douane sur les produits agricoles, demandent aux pays émergents d'ouvrir davantage leur marché aux importations de produits manufacturés.

Mais ces derniers cherchent à protéger leurs jeunes industries et souhaitent pouvoir protéger certains produits sensibles d'une baisse trop forte des droits de douane.
Le secrétaire d'Etat indien au Commerce, G. K. Pillai, a ainsi qualifié la semaine dernière de "bazar total" les propositions de M. Stephenson. "Il n'y aura pas d'accord si l'essence de nos intérêts nationaux n'est pas protégée", a-t-il averti.

La négociatrice américaine Susan Schwab a en sens inverse évoqué sa déception envers des propositions qui vont "vers moins d'équilibre et d'ouverture des marchés".
L'ensemble de la négociation a été déjà suspendu en juillet 2006 faute de consensus et n'a redémarré timidement que début 2007. Depuis cette date, quelques progrès ont été enregistrés dans le dossier agricole, notamment sur la question des produits sensibles.

Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, espère conclure l'ensemble de la négociation avant le départ de l'administration Bush début 2009. Il faudrait pour cela arriver absolument à un accord cadre en juin sur les deux dossiers principaux que sont les produits industriels et l'agriculture.

La semaine dernière, un diplomate a estimé que M. Lamy devrait demander jeudi aux ministres "s'ils sont prêts ou non à négocier entre eux".
M. Stephenson a mis l'impasse actuelle sur le compte des pays membres "qui n'ont pas assez travaillé pour parvenir à un consensus, qui ne se sont pas assez engagés dans le processus et qui n'ont pas négocié entre eux".

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